Transplantation au Sénégal : Le récit inédit de Astou qui a donné un rein pour sauver sa soeur !
Derrière la prouesse, se cache des histoires touchantes. En effet, durant les derniers jours, le Sénégal a effectué avec succès trois transplantations rénales. Dans l’un des cas, c’est une dame qui a offert u rein à sa sœur. Une histoire touchante que la donneuse a raconté dans les colonnes de l’Observateur.
Voila
11 ans que sa petite sœur est malade. «J’ai versé toutes les larmes de
mon corps quand elle m’a parlé de sa maladie, se rappelle Astou. Et je
me suis promis d’être son donneur si, un jour, elle devait recevoir une
greffe.» Une grave insuffisance rénale l’obligeait à être dialysée
toutes les semaines. Des séances qui l’immobilisaient pendant quatre
longues heures. Une condition qui pesait lourdement sur son quotidien et
son énergie.
Ce n’était pas que des douleurs. C’était aussi une
fatigue complète et morale. Astou, vêtue hier d’une robe wax bigarrée,
la tête couverte d’une charlotte chirurgicale jetable, se rappelle ces
moments-là durant lesquels sa sœur était au bout de sa vie, luttant en
permanence contre la pathologie. Elle ne supportait plus de la voir
autant souffrir. «J’en perdais le sommeil». Quelques années plus tard,
une opportunité se présente. Le consortium Hôpital militaire de Ouakam
et de Le Dantec allait procéder à leur coup d’essai.
Dès que
Astou a su que sa sœur allait faire partie des receveurs précurseurs,
elle s’est portée volontaire, sans y réfléchir à deux fois. Une fois
cette décision prise, pour elle, cela a été le début d’un long parcours.
Il a fallu se rendre disponible pour faire les nombreux examens
médicaux. Elle a dû aussi faire part de son consentement libre auprès du
tribunal, voir les psychologues, remplir de nombreux papiers. Des
démarches prenantes qui nécessitent plusieurs jours pour les accomplir.
L’urgence
d’une greffe de rein pour sa sœur lui a fait franchir un pas
supplémentaire, le don d’organe de son vivant. «Je voulais sauver sa
vie. J’y tenais», dit-elle. Le couple passe des tests pour vérifier leur
compatibilité. Cette étape réalisée, l’équipe médicale doit vérifier la
« compatibilité HLA », c’est-à-dire « que le receveur n’a pas
d’anticorps dirigés contre le candidat au don ». Par chance, les
résultats sont positifs. Une greffe est donc possible.
Astou na
jamais connu un jour meilleur que ce lundi-là. Aujourd’hui, elle est
fière d’avoir sauvé la vie de sa sœur. «Après son réveil, quand nos yeux
se sont croisés, je n’ai pu retenir mes larmes. J’ai ressenti à
l’instant un très grand soulagement. Soulagée de savoir qu’elle va se
relever. C’est un sentiment de fierté incommensurable. Depuis lors, je
dors bien», ajoute-t-elle.
Pour ne pas être dissuadée de faire
cette offre, Astou renseigne avoir jalousement gardé le secret. Ni son
mari, encore moins ses deux enfants n’étaient au courant de son projet.
«Je leur ai juste annoncé un voyage. C’est après l’intervention que je
les ai appelés pour les informer. Je n’ai pas eu besoin de l’avis de
quelqu’un pour sauver ma sœur. Je considère que cet organe ne m’a jamais
appartenu. Je le gardais juste pour elle», confie-t-elle.