Guinée-Bissau : le président Embaló dénonce « une tentative de coup d’État »
Le Président bissau-guinéen a dénoncé samedi 2 décembre une « tentative de coup d’État » qui aura « de lourdes conséquences » après des affrontements entre l’armée et des éléments des forces de sécurité qui ont fait au moins deux morts.
« J’étais
à Dubaï où j’ai pris part à la COP28. Je ne pouvais pas rentrer à cause
de la tentative de coup d’État. Je tiens à vous dire que cet acte aura
des conséquences graves », a déclaré à son retour à Bissau le président
Umaro Sissoco Embaló à la presse. « Il y avait des indices, nous allons
vous les montrer. Ce coup d’État a été préparé avant le 16 novembre
(date des célébrations du 50ᵉ anniversaire des forces armées) », a-t-il
poursuivi.
Les éléments de la Garde nationale ont fait irruption
jeudi soir 30 novembre dans les locaux de la police judiciaire pour en
extraire le ministre de l’Économie et des Finances, Souleiman Seidi, et
le secrétaire d’État au Trésor public, Antonio Monteiro. Les deux
membres du gouvernement étaient interrogés par la police judiciaire, sur
instruction du procureur général nommé par le président, à propos d’un
retrait de dix millions de dollars des caisses de l’État.
Retranchés
dans une caserne du sud de la capitale Bissau, les éléments de la Garde
nationale ont affronté les forces spéciales de la Garde présidentielle,
dans la nuit de jeudi à vendredi, faisant au moins deux morts, selon un
responsable militaire. Le calme est revenu vendredi en milieu de
matinée avec l’annonce de la capture ou la reddition du commandant de la
Garde nationale, le colonel Victor Tchongo.
Samedi, le
dispositif sécuritaire a été allégé à Bissau, mais des militaires
étaient toujours visibles autour de certains édifices stratégiques comme
le palais présidentiel, la direction de la police judiciaire et
certains ministères, a constaté un correspondant de l’AFP.
« Le
colonel Tchongo n’est pas un fou. Il a été envoyé par quelqu’un pour
entrer dans les installations de la PJ exfiltrer Souleiman Seidi.
L’empire des lois doit fonctionner. Le procureur général est l’avocat de
l’État », a dit M. Embaló. « On n’organise pas un coup d’État contre le
président de l’Assemblée nationale, encore moins contre un Premier
ministre, mais contre le président de la République, commandant en chef
des armées », a-t-il asséné.
Le président a annoncé qu’une commission d’enquête sera constituée lundi 4 décembre.
Certains
officiers et soldats de la Garde nationale se sont dispersés à
l’intérieur du pays, a indiqué samedi un communiqué de l’armée
bissau-guinéenne sans préciser leur nombre. « L’état-major général des
forces armées les informe par la présente qu’ils doivent rejoindre leur
lieu d’affectation », poursuit-il.