“Ils étaient venus s’amuser, draguer des filles”: l’édito de Patrick Cohen sur l’attaque à Crépol crée un tollé

“Ils étaient venus s’amuser, draguer des filles”: l’édito de Patrick Cohen sur l’attaque à Crépol crée un tollé

Le journaliste Patrick Cohen s’est expliqué après sa chronique polémique sur l’affaire de Crépol dans l’émission “C a vous” sur France 5. En mettant en doute les mauvaises intentions des jeunes, alors qu’ils étaient armés de couteaux de 20 cm, il a semblé relativiser les circonstances du drame. Ce qui a choqué bon nombre de téléspectateurs. La séquence a même été signalé à l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel.

Dans un édito intitulé « Crépol, la mécanique de la haine et du mensonge », l’ancien journaliste de France Inter affirme qu’une dizaine de jeunes étaient venus “pour s’amuser, pour draguer des filles”, omettant au passage de préciser qu’ils étaient armés de couteaux.

Il évoque ensuite l’élément qui aurait déclenché le drame. “Pas d’incident jusqu’à la dernière chanson de la soirée, Tchikita du rappeur Jul. C’est là que d’après les mis en cause, l’un des participants au bal, un rugbyman, aurait tiré les cheveux longs d’un des membres du groupe, le traitant de “Tchikita”, c’est-à-dire de fille sexy. Altercation, bagarre, les offensés sortent des couteaux. Un adolescent de 16 ans s’effondre, poignardé à mort. Il s’appelait Thomas, il jouait au rugby, c’était l’une de ses premières sorties…”.

“On est là pour planter des Blancs”

Par ces mots, par cette version, Patrick a semblé inverser la responsabilité, insinuant que c’est une provocation qui avait mis le feu aux foudres. La version relayée par le journaliste est en réalité celle défendue par les principaux suspects du meurtre de Thomas le 25 novembre dernier, qui affirment s’être rendus à cette soirée pour faire la fête et qu’il s’agirait tout simplement d’une rixe, d’une bagarre qui a mal tourné.

La version des victimes est bien différente, en l’occurrence celle d’une expédition punitive, de vouloir un découdre avec les fêtards sur place. Selon neuf témoins présents à la soirée, les agresseurs auraient affirmé vouloir “planter des Blancs”. Toutefois, le motif raciste n’est pas retenu dans l’enquête pour l’instant

Bref, Patrick Cohen a uniquement relayé la thèse des agresseurs, sans préciser à aucun moment par exemple qu’ils étaient armés de couteaux ou sans évoquer la version des victimes. Pourtant, le parquet de Valence invite à la prudence dans le contexte particulièrement tendu autour de ce drame et compte tenu du fait que “l’élucidation des faits commis à Crépol n’est pas achevée”.

Rappelons également que neuf jeunes ont été mis en examen pour différents chefs dont “meurtre en bande organisée”, “tentatives de meurtre” ou “violences volontaires commises en réunion” après la mort du jeune Thomas. Les neufs individus suspectés d’être impliqués dans l’attaque mortelle ont été arrêtés à Toulouse et Romans-sur-Isère mardi 21 novembre.

Patrick Cohen reconnait “un manque de nuance”

La chronique controversée de Patrick Cohen a suscité un torrent d’indignation sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes dénonçant sa version très biaisée des faits. La séquence a d’ailleurs fait l’objet de signalements de téléspectateurs et du Rassemblement National auprès de l’ARCOM, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. Certains n’ont pas hésité à dire que la séquence était une véritable “honte”.

Face à la polémique, Patrick Cohen a réagi à son éditorial et a reconnu un “manque de nuance”. “Mon propos n’était pas d’établir une vérité définitive ou d’atténuer la gravité des faits. L’idée de pointer le décalage qu’il pouvait y avoir entre les discours politiques et cette espèce de fantasme d’une guerre civilisationnelle, d’un conflit ethnique (…) et la réalité de ce que l’on sait d’une enquête extrêmement complexe et d’une soirée qu’il est difficile de raconter”.

Souare Mansour

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