La loi anti-casseurs divise la Vivaldi: le PS et le MR à couteaux tirés

La loi anti-casseurs divise la Vivaldi: le PS et le MR à couteaux tirés

En enterrant le projet de loi anti-casseurs, Paul Magnette a encore un peu plus ravivé les tensions au sein de la Vivaldi, déjà en état de mort clinique à sept mois des élections. Soutenu par Ecolo, il veut retirer les articles incriminés du projet de nouveau code pénal. Désabusé, le président du MR Georges-Louis Bouchez dénonce la déloyauté de son partenaire de majorité et menace de bloquer toute une série d’autres engagements, liés notamment au budget fédéral. Ambiance.

La sortie du président du PS ce week-end dans L’Echo a provoqué de vives tensions au sein du gouvernement fédéral, entraînant un énième bras de fer entre le PS et le MR.

Au coeur du débat: le projet de loi intitulé “Pour une justice plus humaine, plus rapide et plus ferme”, loi dite anti-casseurs. Il avait été initié par Vincent Van Quickenborne, le ministre de la Justice démissionnaire. L’objectif? Réprimer plus sévèrement les casseurs qui infiltrent les manifestations en permettant notamment à un juge d’imposer une interdiction de manifester d’une durée maximale de trois ans. Une loi dont… Philippe Close, bourgmestre PS de Bruxelles, était demandeur. Pour rappel, ce texte a été voté et approuvé en commission.

Comment expliquer ce revirement dans le chef du PS et d’Ecolo? Que craignent-ils? Notamment que certains articles figurant dans le texte puissent être utilisés par un juge pour sanctionner la mobilisation sociale ou environnementale. “Le 18 octobre, j’ai indiqué au kern que l’on ne voterait pas les trois articles de la loi qui visent à prévoir une interdiction de manifester. L’avis du Conseil d’État n’est pas rassurant par rapport à cette mesure qui est disproportionnée”, a expliqué Georges Gilkinet, Vice-Premier Ecolo, sur Bel RTL lundi.

Comment expliquer le revirement du PS?

Cela dit, les raisons principales se situent sans doute ailleurs. Si le PS fait volte-face, c’est avant tout en raison de la pression de la FGTB, en particulier Thierry Bodson. Depuis plusieurs mois, le patron du syndicat socialiste est parti en croisade contre ce texte, qu’il juge hostile aux mouvements sociaux et aux syndicats. “Si la loi est votée, on ne l’oubliera pas”, a-t-il lancé début octobre au PS et à Ecolo sur les ondes de la RTBF. “Ce sont les militants qui le disent, il y aura un avant et il y aura un après”, a-t-il mis en garde.

Autre élément important: le spectre du PTB, qui tente lui aussi de capter pleinement le mécontentement du syndicat socialiste. Et le PS n’y est pas insensible: non seulement il craint que les communistes tirent de plus en plus les ficelles à la FGTB, mais il sent aussi le souffle chaud du parti de Raoul Hedebouw, crédité de 20% des voix en Wallonie, dans sa nuque. D’ailleurs, le parti marxiste se réjouit du revirement de Paul Magnette: “C’est la preuve que le PTB pèse et peut décrocher des victoires”, commente Nabil Boukili, député fédéral sur X.

Les écologistes, quant à eux, ont été influencés par les protestations d’ONG comme Greenpeace, 11.11.11 et la Ligue des droits de l’homme.

Magnette: “Une relation privilégiée et historique avec la FGTB”

Invité sur le plateau de Déclic lundi soir sur la RTBF, Paul Magnette a reconnu que la relation “privilégiée et historique” du PS avec la FGTB avait été un élément déterminant.

“Je n’agis jamais sous la pression du PTB, je me fous éperdument de ce que dit et fait le PTB. Par contre, c’est vrai et ce n’est pas un mystère, il y a une relation privilégiée et historique entre le PS et le syndicat socialiste ainsi que la mutualité socialiste. (…) Par ailleurs, la protestation ne venait pas que des organisations syndicales. Elle venait d’Amnesty International, de Greenpeace, de jeunes militants pour le climat”, a-t-il réagi.

Tout en reconnaissant que l’infiltration des manifestations par les casseurs était un problème, Magnette a affirmé que le texte qui a été amendé est un “bricolage juridique” et qu’il ne répond pas aux problèmes. “On doit pouvoir se dire: ‘On s’est trompé, on recommence”.

Pour Georges-Louis Bouchez, la volte-face du PS est un manque de loyauté. “Le PS n’enterre rien du tout car il ne dirige pas seul le gouvernement. Ce texte a fait l’objet d’un accord. Ne pas respecter cet accord entraînerait la remise en cause d’autres accords. La loyauté ne peut être limitée à certains. Sur le fond, voir le PS défendre ainsi les casseurs est totalement inapproprié pour un parti démocratique”, dénonce-t-il.

Souare Mansour

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