« Serigne Abdoul Aziz Sy « Al Amine », ou l’incarnation de la sagesse et de la droiture » (Majib Sène)
S’il m’était permis de décerner le prix Nobel de la sagesse, de la vérité, de l’intelligence et de la soumission totale à dieu, je choisirais sans sourciller, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, le distingué secrétaire particulier de son vénéré père, Khalifa Ababacar Sy.
Formé par cet homme de dieu aux élans féconds, il a vécu dans l’honneur et le respect absolu des valeurs qui fondent le socle de l’école de cheikh Seydi Hadj Malick Sy RTA, il a rempli sans défaillance aucune, toutes les missions découlant des magistères de ses pères, de ses frères et de lui-même. Sur tous les plans religieux, culturels, économiques et familiaux, al amine a impressionné son monde par sa constance, par son dynamisme, par son dévouement et par son souci de ne jamais déroger à aucune règle de bonne conduite.
Il fut un guide
religieux d’une envergure exceptionnelle parce que imbu des valeurs et
vertus de l’islam confrérique, dont l’un des plus grands chantres sinon
le plus distingué, est incontestablement Mawdo Malick, géniteur
incomparable de « Xilazou Zahab » et autres œuvres panégyriques pour
l’honneur et la gloire du Prophète Mouhammad PSL.
Pour
avoir tant soit peu côtoyé cet homme de dieu à la posture magnanime,
j’ai cherché sans le savoir, les sources abondantes de son dynamisme, de
sa générosité discrète, de son éloquence coulante comme les eaux du
Nil, de sa connaissance approfondie de la société sénégalaise et de sa
façon de tisser des relations humaines qui résistent aux vicissitudes de
la vie.
Durant
sa vie, Serigne Abdou a parcouru le Sénégal de long en large, créant
partout des dahiras rien que pour renforcer l’audience et la crédibilité
de la tarikha fondée par Aboul Abass Ahmada Tijane RTA. Son
comportement au figuré, s’apparente à celui d’un père de famille
veillant sur sa fratrie en l’installant sur la droiture, la solidarité
et le partage. Malgré son ouverture d’esprit et sa grande sociabilité,
il était prompt à réprimander le mensonge et à rétablir la vérité en
toute chose et en toute circonstance.
On
a beau le côtoyé, apprécié son urbanité exquise mais on se gardera de
lui marcher sur les pieds. Il a consacré toute sa vie à défendre et à
pérenniser les acquis de la confrérie Tijane dont le fief sûr, profond
et inaltérable est Tivaouane la ville de lumière. Il m’a été donné le
privilège de partager plusieurs fois ses repas avec lui dans ses
appartements en présence de son fils Serigne Moustapha dont je salue la
courtoisie, le savoir faire et le savoir vivre.
Son
apport personnel dans l’élargissement des bases de la tarikha
s’apparente à celui de son valeureux père qui est parti, emportant dans
sa demeure éternelle, beaucoup de secrets que son père lui confiait. Il
est impossible de parier de Tivaouane sans se référer à Al Amine qui
était le point de convergence de tout ce qui concerne la confrérie. Dès
son jeune âge, son père l’avait initié dans la gestion de toutes les
questions relatives à l’évolution de la tarikha au point qu’il en était
devenu l’un des plus illustres contrôleurs.
Grand
communicateur et régulateur social de renom, il était sollicité partout
pour régler des conflits ou remettre de l’ordre dans les dahiras en
proie à des dissensions. Porte parole de tous les khalifs généraux de la
confrérie, il avait cette rare capacité de s’acquitter de ses
nombreuses tâches en temps et en heure réels sans jamais déceler la
moindre fatigue. Dans nos conversations, je lui disais qu’il était par
excellence l’historien de la famille de Mawdo Malick tant il était
instruit en profondeur de tous les événements heureux ou malheureux qui
ont ponctué l’évolution de la communauté.
Être
régulier dans ses devoirs religieux, se mettre à la disposition de tous
sans maugréer, faire respecter et appliquer les enseignements de son
père et être le miroir de la tidianya, tel était Al Amine. Sa
particularité était de ne rien faire ou entreprendre à moitié car
l’homme était entier, sans réserve ni compromission. C’est ainsi qu’il a
été formé dans la pure tradition des êtres véridiques, civilisés et
dignes de confiance. Il était la synthèse de toutes les belles
traditions de la famille Sy grâce à la parfaite éducation qu’il a reçu
de son père.
Célébrant
le quarantième anniversaire du rappel à Dieu de son vénéré père Khalifa
Ababacar SY, il m’avait fait l’honneur de présider le comité national
préparatoire. Son engagement personnel dans cet événement d’une portée
historique, avait été à la base de tous les succès qui ont jalonné notre
cheminement. Quelques temps avant son rappel à Dieu, nous avions eu des
séances de travail étalées sur une semaine à Tivaouane, avec le
professeur Mamadou Koumé et en présence de son fils Serigne Moustapha et
son neveu Babacar Fall. Sous le feu roulant de nos questions, il nous
avait parlé de long en large de la vie et de l’œuvre de Serigne Babacar
Sy RTA.
Malgré
la fatigue et le poids de l’âge, il n’avait rien perdu de sa superbe,
de son éloquence et du bon fonctionnement de sa mémoire. Quand il
parlait de son père, son inspiration s’accentuait de plus belle et à
travers ses propos, se révélaient ses profonds sentiments d’affection et
de respect à l’endroit de celui qui fut l’inventeur des dahiras au
Sénégal en 1927.
Après
sept mois de califat, il rendit l’âme le 22 septembre 2017 à l’âge de
90 ans. Son ancrage dans les valeurs de l’islam soufi en avait fait un
homme foncièrement pieux, généreux, solidaire et compatissant. Il
restera éternellement gravé dans nos mémoires collectives pour avoir
consacré toute sa vie à l’islam, à la confrérie Tidiane, à la famille de
son grand père cheikh Seydi Hadj Malick Sy et à tous les disciples de
la merveilleuse école de Tivaouane.
Serigne
Abdou Al Amine avait le sens très poussé du partage. En effet, il
distribuait intégralement dons et aides qu’il recevait, dans la majorité
des familles installées à Tivaouane et même jusqu’au-delà. Il n’avait
de répit que lorsqu’il venait en aide à tous ceux que le hasard mettait
sur sa route.
Son
humanisme de bon aloi, son intégrité, son sens de la mesure et sa
compréhension du monde, ont fait de lui un guide religieux
incorruptible, équilibré toujours en phase avec les principes
sacro-saints de l’islam et du tidianisme. Il fut un homme indemne de
toutes souillures durant sa jeunesse, durant son adolescence et durant
sa vieillesse. En vérité, il fut un homme exemplaire dans toute
l’acception du terme.
Qu’il repose dans les plus splendides jardins d’Allah SWT. Amine