Niger : Les quatre raisons qui expliquent la forte implication de la France dans la crise

Niger : Les quatre raisons qui expliquent la forte implication de la France dans la crise

La France, bien qu’étant un pays occidental, est très fortement impliquée dans la crise politico-institutionnelle qui sévit, depuis quelques semaines, au Niger. Mais, après investigations, c’est pour défendre ses intérêts qui sont d’ordre économique, militaire, diplomatique et migratoire.

Paris est décidément de plain-pied dans la crise nigérienne. La France ne cesse de s’activer pour tenter de rétablir le président Mohamed Bazoum renversé le 26 juillet dernier, par l’ex-chef de la garde présidentielle, le général Abdourahamane Tiani.

Mais si, aujourd’hui, elle n’a pas encore envisagé d’intervenir directement à Niamey pour faire « libérer » M. Bazoum, elle a soutenu ouvertement une possible intervention armée annoncée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Se pose alors la question à savoir ce qui pousse la France, notamment son président Emmanuel Macron à agir ainsi, alors que d’autres pays, comme les États-Unis, ont adopté une ligne plus souple ? Quatre raisons (militaire, économique, diplomatique et migratoire) sont invoquées.

Trois mines d’uranium contrôlées par une société française

D’abord, d’après des chiffres fournis par le journal « Le Monde », la France est le pays étranger qui dispose du plus grand nombre de soldats au Niger (environ 1 500) dont une partie vient des effectifs qui ont quitté le Mali et le Burkina Faso ces dernières années.

Mais depuis un bon moment, la présence des forces françaises est remise en question. Pour le journaliste Christophe Châtelot, « c’est un sentiment qui se nourrit d’un passé très compliqué qui remonte à la colonisation et dans certains endroits de la traite des êtres humains et de l’esclavage. Donc, il y a un passif historique qui est très lourd », a fait observer le spécialiste des questions géopolitiques, évoquant, dans la foulée, l’échec, depuis les indépendances, des systèmes politiques soutenus par la France.

À souligner, tout de même, que la présence des contingents français n’a pas permis de stopper l’avancée des groupes djihadistes. Ce qui fait que, d’après M. Châtelot, l’armée française est considérée par les populations locales comme une force d’occupation, dont l’objectif serait de piller les ressources naturelles du pays.

L’une des raisons de la forte implication de Paris dans cette crise nigérienne est également à chercher sur le plan économique. En effet, en dehors des télécoms, avec Orange qui est présente au pays de Bazoum, il y a aussi et surtout l’exploitation de l’uranium. Un minerai qui sert de combustible pour les centrales nucléaires. Or, « les centrales nucléaires, c’est ce qui fournit la majeure partie de l’électricité en France », a souligné le journaliste français.

Il rappelle qu’au Niger, la société française Orano (ex-Areva) contrôle en partie trois mines d’uranium, même si une seule est aujourd’hui en activité.

À l’en croire, l’uranium nigérien représentait en 2022 environ 20 % des importations d’uranium en France, mais Paris s’approvisionne aussi dans d’autres pays pour éviter d’être dépendant de Niamey.

Stopper les vagues migratoires vers l’Europe

Il faut, par ailleurs, souligner que le Niger dispose d’autres ressources naturelles comme le pétrole et l’or, qui sont généralement exploitées par d’autres pays comme la Chine et d’autres entreprises occidentales, australiennes et canadiennes.

La troisième raison des manœuvres de la France pour le retour de l’ordre constitutionnel au Niger est liée à la diplomatie.

 Ainsi, d’après toujours Christophe Châtelot, la force du réseau diplomatique français a reçu un sacré coup dans la sous-région. « Pendant longtemps, la France bénéficiait du vote de ses anciennes colonies dans les tribunes de l’Onu. Cela lui permettait de peser sur la scène internationale. Ce qui est, aujourd’hui, de plus en plus remis en cause », a-t-il fait constater.

Le reporter du « Monde » soutient, enfin, que la quatrième piste pouvant expliquer l’attitude de la France est la question migratoire. Il considère le Niger comme une porte de passage de migrants subsahariens vers l’Europe.

À ce titre, si le chaos l’emporte, cela peut ouvrir une voie migratoire et des risques d’afflux de migrants vers l’Europe, a semblé indiquer le journaliste, qui parle de « cauchemar des différents gouvernements » du vieux continent, « comme c’était le cas lors des crises migratoires en Italie, en Grèce ».

Aux yeux de la France et d’Emmanuel Macron, si le Niger tombe, cela ne fera qu’empirer la situation, a-t-il enfin noté.

Souare Mansour

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