En pleine tourmente en France, le rappeur controversé Médine est invité par le Festival des Solidarités. Il doit se produire ce vendredi soir sur le site du zoning Ecolys à Namur. Sa venue ne plaît pas à tout le monde dans la classe politique. Georges-Louis Bouchez (MR) est monté au créneau sur X (ex-Twitter).

Le festival est organisé par Solidaris, la mutualité socialiste, et soutenu par différentes entités publiques, comme la Région wallonne, la Fédération Wallonie-Bruxelles ou la ville de Namur. Il accueille des artistes connus comme Louise Attaque, Zazie ou encore Big Flo et Oli.

La venue de l’artiste sulfureux à cet évènement crée des remous dans la sphère politique, dans la foulée de la controverse née chez nos voisins français. Georges-Louis Bouchez, le président du MR, s’insurge contre sa présence. “Auteur d’un tweet antisémite, ouvertement anti-police mais invité par @solidariswal pour un festival bourré d’argent public… Peut-on demander un peu de décence en ne faisant pas venir cette personne?”.

“Décidément, gauche française et gauche belge: même combat, même aveuglement, même complaisance!”, ajoute encore Nadia Geerts, du Centre Jean-Gol, le centre d’études du MR.

Du côté des Engagés, sa venue crée également le malaise. “Festival des Solidarités…mais pas avec les Juifs…”, s’indigne Georges Dallemagne, député fédéral.

Qui est Médine au juste? Pas forcément connu du grand public en Belgique, le rappeur originaire du Havre est actuellement au coeur de la polémique en France. Le rappeur est invité aux AmFis, l’université d’été de La France insoumise et aux journées d’été des écologistes au Havre. Une invitation qui divise le parti dirigé par Marine Tondelier, elle-même sous pression. Les maires EELV de Strasbourg et Bordeaux ont déjà annoncé qu’ils boycotteraient les journées d’été de leur parti en raison de sa présence.

Connu notamment pour son engagement contre les violences policières, il avait déjà défrayé la chronique en 2014 avec son titre “Don’t Laïk”, dans lequel il chante “crucifions les laïcards”. Ses détracteurs lui reprochent également sa complaisance à l’égard de l’islamisme. En 2018, ses concerts prévus au Bataclan avaient dû être annulés en raison d’un risque de troubles à l’ordre public. Plusieurs familles de victimes avaient saisi la justice parce qu’elles estimaient que ses textes seraient une offense à la mémoire des victimes.

Dernièrement, le rappeur s’est fait remarquer par un tweet polémique. Il y qualifiait Rachel Khan, essayiste franco-gambienne, juive et petite-fille de déportée, de “ResKHANpée”, à savoir une “personne ayant été jetée par la place Hip Hop, dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l’extrême droite”.

Un message pour lequel il a présenté ses excuses. “La formule pas adaptée, qui a certainement dû heurter des personnes et je m’en excuse, n’était pas dirigée vers sa famille ni vers les victimes du drame de la Shoah”.

On lui reproche également une photo sur laquelle on le voit faire une “quenelle”, geste assimilé à un acte antisémite popularisé par l’humoriste Dieudonné. Médine, lui, estime qu’il s’agit simplement d’un geste “antisystème”. L’usage du terme “tarlouze” dans une vidéo lui a également valu des accusations d’homophobie.

Pour l’instant, l’artiste est toujours maintenu et doit se produire ce vendredi sur la scène La Plage à 20h50. Pour l’heure, le festival n’a pas encore réagi.

L’année dernière, sa venue au festival Libertad à Verviers avait également créé des remous. Malgré la polémique, le collège communal de Verviers avait décidé de ne pas interdire sa présence, au nom de la liberté d’expression.