Le SOS d’une Française bloquée au Sénégal
Plus de la moitié des Français
bloqués à l’étranger n’ont toujours pas pu rentrer. Des dizaines
attendent encore à l’aéroport de Dakar, au Sénégal, selon le témoignage
d’une jeune femme dans l’émission « Libre antenne » d’Europe 1.
Lundi
23 mars, avant minuit, la « Libre antenne » d’Europe 1, émission ouverte
chaque soir aux auditeurs, a reçu l’appel d’une Française à Dakar.
Sandrine, c’est ainsi qu’elle s’est présentée, avait rejoint le Sénégal
pour une mission humanitaire. Après l’annonce du confinement, elle a
immédiatement regagné l’aéroport Blaise-Diagne avec son compagnon pour
rentrer en France. Mais la compagnie low cost qui devait les ramener
dans l’Hexagone était déjà fermée.
Selon
Sandrine, des dizaines de Français sont coincés à l’aéroport de la
capitale sénégalaise « dans des conditions critiques ». Parmi eux, il y a
trois jeunes filles qui faisaient là-bas leur stage de professeure des
écoles. Elles n’ont pas les moyens d’acheter le billet de retour aux
tarifs proposé par Air France et dorment dans l’aéroport. Les prix ont
en effet doublé voire triplé, comme le révélaient nos confrères d' »Ouest
France » en publiant le témoignage d’un couple de Finistériens à qui
l’on a proposé « un aller Dakar-Bamako-Paris à 2 371,34 euros par
personne, sachant qu’un aller-retour Brest-Dakar coûte en temps normal
environ 1 000 euros ».
La
France a déjà organisé le retour de plus de 60 000 Français parmi les
130 000 bloqués à l’étranger par le Covid-19, a annoncé lundi le
ministère des Affaires étrangères, estimant à une « bonne semaine » le
temps nécessaire pour achever ces rapatriements.
« Une invraisemblable cohue »
Sandrine
est restée longuement à l’antenne d’Europe 1. Elle a expliqué qu’un vol
unique est annoncé chaque jour à 23 heures, mais que seuls les gens
aisés ou ceux qui parviennent à être reçus par la direction de
l’aéroport prennent place dans ces rares avions. « C’est une
invraisemblable cohue et le hall ne désemplit pas », a-t-elle dit.
Toujours
selon ce récit, recueilli par le journaliste Olivier Delacroix, les
ressortissants français tournent en rond. Dispensées par l’ambassade de
France, le consulat ou l’unique guichet de l’aéroport aux heures
d’ouverture par ailleurs aléatoires, les informations sont
contradictoires. Air Sénégal serait prêt à rapatrier les ressortissants
français mais n’aurait pas le feu vert de la France. Le consulat aurait
annoncé que le blocage vient du Sénégal. L’anxiété monte depuis quatre
jours :
« On
nous dit qu’on est sur des listes mais on ne sait pas de quelles listes
on nous parle. Les gens sont entassés les uns sur les autres, sans
masque. »
Membre
d’Utopia 56, association créée en janvier 2016 en Bretagne pour
encadrer le bénévolat qui se déployait alors sur la « jungle » de Calais,
Sandrine a également décrit la situation au Sénégal, où l’état
d’urgence, assorti d’un couvre-feu, est en vigueur depuis lundi minuit
alors que 79 cas de Covid-19 ont été officiellement confirmés dans le
pays :
« Je
suis très inquiète pour l’Afrique. Les gens, ici, gagnent leur vie au
jour le jour. Comment vont-ils faire ? Le confinement, ça va être une
catastrophe. Les écoles sont fermées depuis mercredi. Les mesures ont
été prises rapidement car les autorités connaissent la maladie. Ebola
est passé par là et ils savent bien que ce virus est pire. Il va falloir
les aider. » Sandrine espère prendre l’avion ce mardi soir.