Des jeunes, dont un de 12 ans, voulaient attaquer un commissariat: “Se balader avec un cocktail Molotov, c’est presque devenu normal”

Des jeunes, dont un de 12 ans, voulaient attaquer un commissariat: “Se balader avec un cocktail Molotov, c’est presque devenu normal”

Alors que la colère gronde toujours en France suite au décès du jeune Nahel, tué par un tir de police à Nanterre, des troubles ont également éclaté jeudi et vendredi derniers dans certains quartiers du centre-ville de Bruxelles. Grâce à des arrestations préventives, la police a pu éviter que la situation ne dégénère dans la capitale. La zone de police Midi a notamment arrêté neuf jeunes qui voulaient attaquer le commissariat de police d’Anderlecht. Pas moins de huit d’entre eux étaient mineurs. “C’est très inquiétant”, estime la porte-parole de la zone de police.

La zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles a procédé, vendredi, à 94 arrestations administratives, à la suite de rassemblements dans certains quartiers du centre-ville, initiés pour protester contre le décès d’un adolescent en France, tué par la police. Sur le territoire de la zone de police Bruxelles-Nord, ce sont sept arrestations administratives qui ont eu lieu. Les forces de l’ordre étaient sur le qui-vive vendredi, après que de nouveaux appels au rassemblement ont été lancés sur les réseaux sociaux. Jeudi, les forces de l’ordre avaient déjà procédé à 64 arrestations administratives.

Si la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles n’a pas relevé d’incidents majeurs vendredi soir, un drame a tout de même été évité de peu dans la capitale. Vers minuit, des agents de la zone de police Midi ont intercepté neuf jeunes qui s’apprêtaient à commettre une attaque contre le bureau du commissaire de police à Anderlecht. “Nous sommes évidemment soulagés qu’il ne se soit rien passé. Mais ces jeunes avaient un projet concret d’attaque, c’est très inquiétant”, explique Sarah Frederickx, porte-parole de la zone de police Midi (Anderlecht, Forest, Saint-Gilles), dans les colonnes de HLN.

Cocktails Molotov, armes et cagoules

“L’achat d’alcool et de cigarettes est interdit aux moins de 16 ans. Mais se balader dans la rue avec des cagoules, des jerrycans et des cocktails Molotov, c’est devenu presque normal. On minimise ces faits. Nous avions une raison très claire de penser que ces jeunes voulaient commettre une attaque et mettre le feu au commissariat d’Anderlecht. Nous sommes intervenus pour éviter le pire”, ajoute Sarah Frederickx. Les neuf adolescents arrêtés sont presque tous mineurs. Le plus jeune d’entre eux a 12 ans, le plus vieux 18 ans. “Ils ont été interceptés avec des cocktails Molotov, des armes et des cagoules sur eux.”

Au moment où ils ont été interpellés, les jeunes se rendaient au commissariat en transports en commun, car ils n’ont pas de permis de conduire. “Ils ont été arrêtés à la station de métro Jacques Brel, à une centaine de mètres de leur cible. Ils s’étaient donné rendez-vous à cet endroit via des messages envoyés sur les réseaux sociaux. Ils comptaient s’attaquer à nos bureaux pour protester contre la mort du jeune Nahel en France. Mais en réalité, je pense qu’ils voulaient juste profiter de l’occasion pour exprimer leurs propres frustrations envers la police.” La mort de Nahel a notamment ravivé le souvenir du décès du jeune Adil, 19 ans, tué dans une collision avec une voiture de police à Anderlecht il y a trois ans. L’affaire est toujours en cours devant les tribunaux.

Se balader dans la rue avec des cagoules, des jerrycans et des cocktails Molotov, c’est devenu presque normal.Sarah Frederickx, Porte-parole de la zone de police Midi

“Les gangs et trafiquants de drogue utilisent les jeunes”

La police s’inquiète de voir de plus en plus de jeunes participer à des faits criminels. “Nos brigades se rendent sur le terrain pour parler aux jeunes dans certains quartiers. Ils ont généralement un bon contact avec eux et nous pouvons ainsi désamorcer l’escalade. C’est important de mettre en place une approche préventive et proactive. Mais malgré nos efforts, certains jeunes refusent encore de nous parler.” Des adolescents agissent également sous les ordres d’autres malfaiteurs, souvent membres d’un gang. “Les gangs et les trafiquants de drogue les utilisent comme des pions, car ils savent que les jeunes sont influençables et risquent des peines moins lourdes devant la justice.”

Le chef de la zone de police Midi prend également les faits très au sérieux. “Nous devons continuer à poursuivre les initiatives que nous entreprenons quotidiennement et pour lesquelles je me suis fortement engagé depuis le début de mon mandat, à savoir le dialogue, la sensibilisation, la communication et la transparence à l’égard des jeunes. Mais nous devons aussi faire passer le message, en tant que police, que nous défendons la sécurité de tous et que nous ne tolérons aucune forme de violence. Nous ne pouvons plus permettre que certains événements soient détournés et utilisés pour détruire les voitures ou les magasins d’autres personnes innocentes”, affirme Jurgen De Landsheer dans les colonnes de HLN.

Souare Mansour

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