“Le Sénégal est plus important que tout Sénégalais” : Le message de Mary Teuw Niane à Macky Sall et Ousmane Sonko
“Nous courons tout
droit vers la fin de la paix, notre havre de paix tant vanté à travers
le monde”, alerte le Pr Mary Teuw Niane, dans une tribune parvenue à
notre rédaction, ce mardi. Dans ce texte, l’ancien ministre de
l’Enseignement supérieur appelle le Président de la République à
“déclarer publiquement qu’il renonce à une troisième candidature”. Il
incite également Ousmane Sonko et son parti à lancer “un appel à la
paix” et à mettre fin “à toutes les manifestations et actes de
désobéissance civile”. Seneweb vous propose l’intégralité de son texte.
“Appel de Paris pour la paix et la stabilité”
“Il
est inacceptable que nos jeunes civils et des forces de défense et de
sécurité continuent de mourir, que les blessés recommencent à affluer
dans les structures sanitaires, que les biens publics et privés soient
détruits, que la psychose sur la sécurité immédiate des enfants gagne
toutes les mères de famille, que nous assistons impuissants aux
spectacles inadmissibles de villes défigurées par les incendies, avec
des routes calcinées par des pneus brûlés, dans une atmosphère
irrespirable de gaz lacrymogène.
Nous courons tout droit vers la fin de la paix, notre havre de paix tant vanté à travers le monde.
La
paix n’a pas de prix. Elle est la protectrice de ce petit bout de terre
qu’est le Sénégal, du peuple de la teranga, du teddungal, de la
convivialité.
La
paix est le meilleur atout diplomatique, culturel, social et économique
que les trois Présidents de la Républiques Léopold Sédar Senghor, Abdou
Diouf, Abdoulaye Wade et leurs oppositions d’alors nous ont léguée.
Lorsqu’un
pays africain perd la paix, il sacrifie sa stabilité politique,
économique et sociale. Il ouvre ses frontières aux infiltrations
mortifères de tous les fauteurs de troubles et d’instabilité.
Rares
sont les pays africains qui ont pu sainement se relever après avoir
perdu la paix. Ce sont des pays divisés, aux populations déchirées qui
se regardent en chien de faïence, prêtes à s’entretuer à la prochaine
occasion que nous observons dans notre environnement immédiat et à
travers toute l’Afrique.
C’est
pourquoi j’appelle toutes les autorités institutionnelles de l’État,
toute la classe politique sénégalaise, toute la société civile, toutes
les autorités religieuses, coutumières et traditionnelles à un grand
dépassement pour une introspection salutaire afin de poser immédiatement
les actes incontournables, indispensables pour qu’un climat propice au
dialogue inclusif et sincère s’installe et que la voie vers la paix
s’ouvre.
Le
Sénégal est plus important que tout Sénégalais, qu’il soit le Président
de la République, le leader d’un parti politique, un chef religieux,
une autorité traditionnelle, etc.
Le
Sénégal est le trésor dont la préservation doit valoir tous les
sacrifices, tous les renoncements surtout lorsqu’on prétend porter
sincèrement ce pays adorable dans son cœur, qu’on dit se battre pour ce
peuple à nul autre pareil pour sa bonté et son élégance, qu’on affirme
urbi et orbi qu’il est la prunelle de ses yeux.
Le temps nous est compté.
Avant
qu’il ne soit trop tard, que nous n’ayons que nos yeux pour pleurer,
j’appelle toutes les parties à des décisions urgentes et immédiates:
– Monsieur le Président de la République déclare publiquement qu’il renonce à une troisième candidature,
–
Monsieur le Président de la République et les autorités judiciaires
libèrent tous les détenus dans les affaires politico-judiciaires en
cours,
– Les autorité judiciaires renvoient à une date ultérieure tous les procès aux relents politiques,
–
Le Président du PASTEF et le PASTEF fassent un appel à la paix et
mettent fin à toutes les manifestations et actes de désobéissance
civile.
J’appelle à l’issue de ces décisions courageuses au choix consensuel par le Président de la République de deux autorités religieuses reconnues et respectées, une musulmane et l’autre chrétienne, en vue de présider à l’organisation au mois d’août de la Conférence nationale souveraine pour la paix et la stabilité du Sénégal.
La Conférence nationale souveraine pour la paix et la stabilité devra trouver des solutions consensuelles :
– à toutes les affaires politico-judiciaires;
– à la participation aux différentes élections ;
– aux modalités de candidatures aux différentes élections ;
– à l’organisation et au contrôle des élections;
– à la sécurisation du Président de la République actuel après son départ du pouvoir;
– au respect des décisions consensuelles par toutes les parties prenantes.
Que chacun d’entre nous accepte de payer le prix fort pour le rétablissement de la paix et la sauvegarde de la stabilité de notre cher Sénégal.
Je présente mes sincères condoléances aux Forces de Défense et de Sécurité et aux familles des victimes.”
Fait à Paris, mardi 16 mai 2023
Prof Mary Teuw Niane