Combats au Soudan: au Darfour, un médecin décrit une « situation catastrophique »
Des enfants blessés par balles et des patients soignés à même le sol dans les couloirs: un docteur de Médecins sans frontières (MSF) parle d’une situation « catastrophique » au Darfour, une région de l’ouest du Soudan, théâtre de combats meurtriers depuis près d’une semaine.
Dans
un communiqué, MSF présente ce témoignage de Cyrus Paye, coordinateur
de projets, comme le premier d’un médecin dans l’hôpital Sud
d’El-Facher, capitale de l’Etat du Darfour-Nord.
« La
majorité des blessés sont des civils touchés par des balles perdues, et
beaucoup d’entre eux sont des enfants », raconte M. Paye.
« Ils
souffrent de fractures causées par des balles, de blessures par balle
ou éclats d’obus dans les jambes, l’abdomen ou la poitrine. Beaucoup ont
besoin de transfusions sanguines », précise-t-il.
L’hôpital
Sud, appuyé par MSF, est à la base une maternité sans capacité
chirurgicale. « Depuis le début des combats, nous avons dû réaménager
l’hôpital pour pouvoir soigner les blessés », explique le docteur.
« La
situation est catastrophique (…), il y a tellement de patients qu’ils
sont soignés à même le sol dans les couloirs parce qu’il n’y a tout
simplement pas assez de lits », ajoute-t-il.
Les
combats opposent depuis le 15 avril l’armée régulière du général Abdel
Fattah al-Burhane , chef de facto du Soudan depuis le putsch de 2021,
aux paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR) du général Mohamed
Hamdane Daglo . Ils ont lieu principalement dans la capitale Khartoum
et la vaste région du Darfour, déjà ravagée dans les années 2000 par un
conflit sanglant.
Plus
de 400 personnes ont été tuées et 3.500 blessées en presque une
semaine, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’hôpital Sud
où opère MSF a traité 279 patients, dont 44 sont décédés, selon le
communiqué.
« Les
coups de feu continuent de résonner », confie le docteur Paye à
El-Facher, à quelque 800 kilomètres au sud-ouest de Khartoum.
Les
autres hôpitaux de la ville ont été contraints de fermer notamment en
raison de leur proximité avec les combats et leurs médecins sont venus à
l’hôpital Sud pour prêter main forte.
« Les
deux salles d’opération qui ont été mises en place ne peuvent pas faire
face à l’afflux ininterrompu » de patients, dit le médecin, ajoutant que
les équipes sont à court de fournitures médicales.
Et
le personnel soignant doit aussi s’occuper des femmes qui viennent
accoucher. Dans le service de maternité, il y a actuellement deux femmes
par lit. « L’équipe actuelle est débordée », raconte Cyril Paye. « Ils ont
travaillé 24 heures sur 24 ».
Le docteur a indiqué par ailleurs que l’hôpital pédiatrique de la ville avait été « complètement pillé ».