Il n’y a toujours pas de fumée blanche pour le contrôle budgétaire après une nuit de négociations. Ça coince toujours entre les différents ministres du gouvernement. L’aile gauche de la Vivaldi s’oppose à des économies supplémentaires, alors que les estimations de déficit sont moins conséquentes que prévu. Les tensions entre PS et MR sont toujours palpables.

Alexander De Croo souhaite faire un effort budgétaire de 1,8 milliards d’euros, mais le PS et Ecolo s’y opposent. Le Premier ministre aurait proposé de supprimer la dernière phase de revalorisation des pensions minimum, mais s’est heurté à un “niet” des partis de gauche. Face à ce refus, le PM aurait laissé le choix à l’aile gauche du gouvernement: des coupes dans la sécurité sociale ou dans les allocations de chômage, selon De Tijd.

Lors des débats, le nucléaire s’est également invité aux discussions. Ce n’est pas un secret, les divergences de vue sont abyssales sur le sujet. Au coeur de la discorde notamment: le nombre de réacteurs à prolonger et l’investissement de la Belgique dans les SMR, petits réacteurs modulaires (voir encadré ci-dessous).

“Les positions de Tinne Van der Straeten conduisent la Belgique dans le mur. Si elle ne vient pas avec un projet sérieux pour les SMR, c’est le Parlement qui s’occupera du dossier. Les verts réalisent que le nucléaire sera dans le mix énergétique du futur et sont nerveux”, a tweeté Georges-Louis Bouchez mercredi.

Dans le cadre des discussions en kern sur l’avenir du nucléaire, Georges Gilkinet aurait menacé de faire chuter le gouvernement. “Si c’est comme ça, on peut aussi aller aux élections en mai”, aurait lâché le Vice-Premier ministre et Ministre fédéral de la Mobilité, selon La Libre Belgique. Une phrase qu’il aurait répétée à trois reprises.

Selon Het Laatste Nieuws, cette menace ne doit pas forcément être prise au pied de la lettre et s’inscrit dans un moment de tension politique. Elle en dit toutefois long sur l’ambiance au sein du gouvernement actuellement…

Les SMR intégrés dans un projet de loi plus vaste de Tinne Van der Straeten

Les petits réacteurs nucléaires modulaires (Small Modular Reactors -SMR) sont intégrés dans un projet de loi plus vaste “sur le développement d’un système énergétique durable et climatiquement neutre” de la ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, en cours de discussion au sein du gouvernement fédéral.

Le gouvernement a décidé fin 2021 d’investir 100 millions d’euros dans la recherche sur cette technologie nucléaire de nouvelle génération. La question se pose toutefois de la compatibilité de ce projet avec la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire. Ce texte sera modifié pour intégrer la prolongation de Doel 4 et Tihange 3 au-delà de 2025 mais certains dans la majorité et dans l’opposition veulent aller plus loin pour inclure également les SMR.  

La ministre Groen a choisi une autre option, plus large. L’ambition de cette loi est de créer le cadre du développement d’un système énergétique durable et neutre pour le climat afin de réduire de “manière irréversible et progressive” les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur énergétique belge et de parvenir à un système totalement neutre pour le climat d’ici 2050. “Les petits réacteurs modulaires peuvent également faire partie de ce système énergétique durable et neutre pour le climat”, précise le projet de loi qui pose des conditions afin de garantir la sûreté de l’installation, l’absence de production de déchets radioactifs de haute activité de longue durée de vie et de risque de prolifération nucléaire, le délai raisonnable dans lequel l’installation peut être réalisé, etc. 

La loi ne s’arrête pas au nucléaire, elle vise aussi d’autres sources d’énergie comme l’éolien ou l’hydrogène. Elle crée par ailleurs un Conseil supérieur de la transition énergétique composé de 16 membres choisis pour leurs connaissances et expérience, qui aura entre autres comme tâche d’agréer des projets phares.