“Ils sont déterminés à nous chasser, nous craignons le pire” : En Tunisie, panique chez les migrants subsahariens
Le
président Saied a prôné mardi des « mesures urgentes » contre
l’immigration clandestine de ressortissants de pays d’Afrique
subsaharienne, affirmant que leur présence en Tunisie était source de
« violence, de crimes et d’actes inacceptables ».
Lors
d’une réunion, il a tenu des propos très durs sur l’arrivée de « hordes
de migrants clandestins » et insisté sur « la nécessité de mettre
rapidement fin » à cette immigration.
Il
a en outre soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une
« entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la
composition démographique de la Tunisie », afin qu’elle soit considérée
comme un pays « africain seulement » et estomper son caractère
« arabo-musulman ».
Ces
propos ont suscité une psychose dans la communauté négro-africaine du
pays. Beaucoup craignent une vague d’expulsions et même de violences.
Ils sont déterminés à nous chasser, qu’on soit légale, étudiant, ou travailleurs
«
Ce dimanche 26 février 2023, tous les migrants vont être chassés du
pays. Ils ont activé toutes leurs ressources. Leurs influenceurs sont
dans l’affaire, ils sont mobilisés, ils font des manifestations, des
lives, les réseaux sociaux sont remplis des publications des plus
racistes sans distinction de qui est dans l’illégalité et qui est en
règle, qui est un vagabond, qui est un étudiant, qui est un
travailleur… Sois africain c’est-à-dire NOIR et tu n’es pas à l’abri !
», confie Adja, une Sénégalaise, établie dans le pays, dans un post sur
les réseaux sociaux.
“Je
rentrais chez moi et là, je croise mon bailleur qui me dit que je dois
faire mes affaires et partir et que j’ai une semaine pour arranger tout
ça. J’étais tellement choquée, je lui ai demandé pourquoi et là il
m’explique que c’est la police qui lui a exigé de me chasser de la
maison tout en sachant que je suis étudiante ; j’ai les documents”,
témoigne une étudiante comorienne.
La peur s’installe, le danger est réel.
Un
étudiant congolais, cité par RFI, confie que beaucoup ont peur de se
faire agresser dans la rue : « Les arrestations se font souvent de façon
systématique et arbitraire, juste sur le plan facial ». Et, au-delà des
arrestations arbitraires, nous constatons aussi un sentiment
anti-subsaharien qui s’installe dans la rue, via les réseaux sociaux.
Nous craignons le pire ».