Guinée: heurts et répression lors d’une manifestation dans la banlieue de Conakry
Des heurts ont opposé
des groupes de jeunes et les forces de sécurité guinéennes jeudi dans la
banlieue de Conakry où l’opposition appelait à manifester malgré
l’interdiction de tout rassemblement par la junte au pouvoir, ont
constaté les correspondants de l’AFP.
Plusieurs
quartiers situés le long de la route Le Prince qui traverse la banlieue
ont été le théâtre de confrontations répétées entre des groupes mobiles
lançant des pierres et dressant des barricades sur la route, et des
gendarmes et des policiers tâchant de les disperser à coups de
lacrymogènes. Des coups de feu ont été entendus.
Des heurts ont été rapportés dès mercredi soir.
Le
Front national de défense de la Constitution (FNDC), collectif de
défense des droits, a fait état dans un communiqué tôt jeudi de six
blessés par balle, dont un se trouve selon lui dans un état critique.
Le
FNDC a assuré que les autorités avaient appelé des unités de l’armée en
renfort. Le recours à l’armée est « une situation préoccupante pour nous
dans la mesure où nous ne comprenons pas ce qui peut justifier une
telle décision à ce stade », a dit le porte-parole de l’Organisation
guinéenne de défense des droits de l’Homme, Alseny Sall.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent un déploiement sécuritaire important.
Le
FNDC avait appelé à une marche pour réclamer la libération de trois de
ses responsables arrêtés et de tous les autres prisonniers détenus pour
des raisons selon lui politiques, ainsi qu’un retour rapide des civils
au pouvoir. Les principaux partis, quasiment réduits à l’inaction,
avaient appelé à la mobilisation.
La
Guinée est dirigée depuis septembre 2021 par une junte qui a pris le
pouvoir par la force le 5 septembre 2021 à la faveur d’un des différents
putsch qu’a connus l’Afrique de l’Ouest depuis deux ans. La junte
interdit toute manifestation depuis 2022. Elle a aussi prononcé la
dissolution du FNDC.
Les
militaires se sont engagés à céder la place à des civils élus au terme
d’une période au cours de laquelle ils disent vouloir mener de profondes
réformes.
Les
militaires conduits par le colonel Mamady Doumbouya ont consenti sous
la pression de l’organisation des Etats ouest-africains Cedeao à limiter
cette période transitoire à deux ans à partir de janvier 2023.
L’opposition
accuse la junte de confisquer le pouvoir et de faire taire toute voix
discordante à coup d’arrestations de leaders politiques ou de la société
civile, et d’enquêtes judiciaires.
Les
grands partis refusent le dialogue avec la junte sur le contenu de la
période dite de transition dans les conditions fixées par les autorités.