Cnts, Unsas, Csa : La subvention a tué la mobilisation
«La pression des majors du pétrole pour une dette de 500 milliards et les injonctions du Fonds monétaire international (FMI) relatives à la suppression de la subvention sur l’énergie ne sauraient justifier une mise en péril de la stabilité sociale de notre pays, après tant de sacrifices consentis».
Ces mots sont ceux des secrétaires généraux membres de la Coalition des confédérations syndicales de travailleurs et travailleuses du Sénégal (CCSS). Cette entité qui regroupe la CNTS, la CSA, la CNTS/FC, l’UDTS et l’UNSAS se dit contre la hausse des prix du carburant et de l’électricité annoncée vendredi dernier.
Tiens ! Tiens ! Tiens !
Revoilà les centrales syndicales. Elles ne sont donc pas mortes. Très
belle surprise ! En les entendant sur ces questions sociales, le
citoyen, le travailleur, le consommateur ne manquera pas de se poser la
question de savoir où étaient passées ces entités supposées être à la
pointe des revendications. Et ben…elles sont passées maîtresses dans
l’art de se partager du pactole ! Le mot n’est pas très fort!
Depuis
l’avènement de Macky Sall au pouvoir, ces centrales ont rarement
remporté une bataille, parce que déjà elles sont descendues
exceptionnellement dans l’arène. Tous les combats syndicaux ont été
gagnés par les syndicats de branche.
Education,
santé, administration, collectivités locales, à tous les niveaux, les
syndicats étaient obligés de se prendre en charge, faute d’une dynamique
générale et unitaire de la part de centrales qui se contentent le plus
souvent d’un soutien de principe exprimé du bout des lèvres.
«
On a l’impression que les Centrales sont un peu absentes ou en tout cas
amorphes, ce qui fait que tout se passe comme si les syndicats sont
laissés à eux-mêmes », regrettait Mamadou Lamine Dianté, ancien SG du
Saems.
En
fait, en lieu et place du terrain, les centrales ont opté pour les
salons. Le 15 avril 2014, un pacte dit de stabilité sociale et
d’émergence économique est signé entre le gouvernement, le patronat et
les centrales. Le gouvernement avait promis monts et merveilles, il n’a
jamais respecté ses engagements. Mais il pouvait se le permettre, sans
conséquence, tant qu’il passait à la caisse. Subvention annuelle de 600 millions
D’ailleurs,
« l’octroi, par voie législative ou règlementaire, de subventions de
l’Etat aux centrales syndicales représentatives » figure en bonne place
dans les revendications de ces organisations. C’est d’ailleurs le
deuxième point du protocole, devant les vrais enjeux comme la
réactualisation de la convention collective nationale, l’augmentation du
SMIG ou encore les questions liées à la retraite.
En
vérité, le jeu en vaut la chandelle pour les leaders de ces centrales
qui sont d’ailleurs tous inamovibles, à l’exception du patron du Csa
Elimane Diouf qui a succédé à Mamadou Diouf. Depuis 2017, à l’issue
d’élections de représentativité, le gouvernement verse une subvention de
600 millions aux quatre premières centrales que sont la Cnts de Mody
Guiro, l’Unass de Mademba Sock, la Csa et la Cnts/Fc de Cheikh Diop.
Une pratique dénoncée
par les autres organisations qui affirment que les résultats des
élections ne sont pas définitifs et que cet argent à un groupe est une
rupture d’égalité. On aura vu les centrales se crêper les chignons
devant le chef de l’Etat, un certain 1er mai, pour des questions de
subventions. Ce pacte devait durer trois ans. Finalement, il est devenu
illimité, avec ou sans renouvellement, les centrales syndicales étant
devenues aphones, amorphes et totalement apathiques.A l’image de Momar Ndao de Ascosen
Durant
les 10 ans de Macky Sall, elles ont eu de maigres résultats comme la
revalorisation du SMIG et la hausse des salaires de 5 à 8% dans le
privé et dont l’application est à confirmer. Des sujets brûlants, le
Sénégal en a connu, alors que les centrales étaient aux abonnés
absents.
C’est
maintenant qu’on les voit s’exprimer sur une question qu’elles devaient
prendre en charge entièrement. Pourquoi ce réveil. On ne tardera pas à
le savoir. Pour l’instant, vu le contexte politique actuel, on peut les
soupçonner de préparer la présidentielle de 2024 en espérant pouvoir
peser sur le jeu.
En
attendant que le jeu soit clair, les Sénégalais savent au moins qu’ils
ne pourront pas compter sur ces centrales. Pas plus qu’ils ne peuvent
compter sur Momar Ndao et son Ascosen qui ont fini de se ranger du côté
des gouvernants.