Exclusif : au Darfour, sur la route des massacres

Exclusif : au Darfour, sur la route des massacres

Depuis 2003, le Darfour vit une guerre à huis clos. À ce jour, les massacres ethniques et les bombardements ont fait plus de 300—000 morts et des millions de déplacés. Nos envoyés spéciaux Bastien Renouil et Élodie Cousin ont obtenu un accès inédit à cette région du Soudan, où les violences continuent malgré la chute d’Omar el-Béchir. Reportage exclusif.

« Crimes de guerre », « crimes contre l’humanité », « génocide »… Ces accusations de la Cour pénale internationale (CPI) visent Omar el-Béchir, l’ancien président soudanais, renversé par son peuple en avril 2019, après 29 ans de règne. Le dictateur déchu menait depuis 2003 une guerre sans merci contre le peuple du Darfour.

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Initialement, ce sont les groupes rebelles darfouris qui ont pris les armes pour lutter contre Khartoum. Pas assez représentés dans les institutions politiques, marginalisés par le pouvoir, maltraités par les autorités locales, les rebelles voulaient changer la vie des habitants des tribus africaines de cette région. Selon eux, tout était fait pour avantager les populations arabes nomades, alliées d’Omar el-Béchir.

La répression a été sanglante. Des villages entiers ont été détruits par les bombardements. Des centaines de milliers de personnes ont été exterminées. Les actes de torture, viols et enlèvements se sont multipliés, forçant au moins deux millions de personnes à quitter leurs maisons pour se réfugier dans les grandes villes du Darfour ou à l’étranger. Des dizaines de milliers de migrants darfouris ont tenté la traversée de la Méditerranée pour se réfugier en Europe.

Des massacres toujours perpétrés aujourd’hui

Ces crimes ont été commis par l’armée et par les janjawid, une milice arabes soutenue par Khartoum. Rendus célèbres par leur cruauté et les massacres qu’ils ont commis, ses membres ont été récupérés par les services de renseignement et incorporés dans les Forces de soutien rapides en 2013, une organisation paramilitaire commandée par le général Mohamed Hamgan Dagalo, dit Hemetti, ancien milicien qui codirige aujourd’hui l’organe de transition politique du pays depuis le coup d’État d’avril 2019.

Durant toute la guerre et jusqu’à la chute d’Omar el-Béchir, l’accès au Darfour était très durement contrôlé. Il était quasi-impossible pour les journalistes d’y travailler en liberté.

Pendant quatre ans, nos correspondants dans la région ont cherché à obtenir une autorisation pour s’y rendre. Ils l’ont finalement obtenue en janvier dernier, et ont pu se déplacer dans tout le Darfour durant plusieurs jours. Au cours de ce reportage, ils sont parvenus à un effroyable constat : malgré la chute du dictateur, les violences n’ont pas cessé et des massacres sont toujours perpétrés.

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Thierno

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