Insécurité routière à Sédhiou: 47 morts et 718 blessés enregistrés dans 424 accidents en 18 mois
Ça meurt sur les routes de Sédhiou. C’est le moins
qu’on puisse dire avec un bilan qui fait état de 47 morts, 718 blessés,
40 dégâts corporels et 2050 infractions en 18 mois seulement. Le dernier
accident, survenu mercredi dernier à 14 heures sur l’axe carrefour
22/Kolda à hauteur du pont de Bougnadou, a fait 4 morts et 15 blessés
dont 4 dans un état grave. La situation est tellement préoccupante aux
yeux des autorités qu’un comité régional de développement (CRD) a été
organisé pour trouver les voies et moyens d’endiguer le mal.
Les causes de l’hécatmbe identifiées
Les
autorités administratives, sanitaires, politiques, les chefs des
services régionaux et départementaux, les chauffeurs et transporteurs et
les conducteurs de motos de Jakarta ont saisi la campagne nationale que
mène l’agence de la sécurité routière (ANASER) pour identifier les
principales causes de cette tragédie sur les routes qui endeuillent
Sédhiou.
A
l’unanimité, les participants au CRD ont indexé les conducteurs de
motos Jakarta. 8 accidents sur 10 impliquent un conducteur de ces deux
roues, informent les forces de défense et de sécurité. Certains d’entre
eux sont des mineurs âgés entre 12 et 16 ans. Ils sont accusés de rouler
sans permis de conduire, sans aucune mesure de protection civile et
sans aucune notion du code de la route. Il a été remarqué aussi que les
conducteurs de motos Jakarta commettent ces accidents le plus souvent la
nuit.
La
seconde cause évoquée au cours de ce conclave entre les acteurs, c’est
l’état des routes. Elles sont étroites, le plus souvent sans
signalisation verticale ni horizontale. L’axe Sénoba/Bignona a été cité
comme étant très étroit surtout pour une route nationale très fréquentée
par de gros porteurs. Autres aspects de l’état des routes signalés par
les membres du CRD, ce sont les amas de poussière qui se dégagent au
moindre mouvement de voiture notamment sur les routes en construction
comme la boucle du Boudhié. « Si vous suivez un véhicule, les nuages de
poussière qui se dégagent derrière lui vous empêchent de voir les
véhicules rencontrés. Ceux que vous croisez non plus, ne voient pas
devant. C’est la cause des collisions enregistrées dans la circulation.
La
conduite de nuit a été aussi retenue comme l’une des causes des
accidents de la circulation. Au niveau des corridors ou sur la
trans-gambienne, la plupart des accidents interviennent la nuit selon
les forces de défense et de sécurité. En cause, le défaut d’éclairage
des voies de circulation, la non pré-signalisation des véhicules en
panne notamment les camions et les bus, le manque de sommeil des
chauffeurs surtout pendant les périodes de veille de fête ou pendant les
évènements religieux.
Autres
causes telles que l’excès de vitesse, l’absence de ralentisseurs, la
vétusté des véhicules effectuant le transport public ont été évoquées et
leurs lots de conséquences néfastes.
Les conséquences humaines, infrastructurelles et matérielles
En
2021, ce sont au total 161 accidents qui ont été dénombrés dans la
région de Sédhiou par les forces de défense et de sécurité. Les bilans
font état de 26 morts, 260 blessés et 23 dégâts corporels. En 2022, pour
les six derniers mois, ce sont 162 accidents qui se sont produits avec
17 morts, 443 blessés et 15 dégâts corporels.
Dans
le département de Goudomp, ces accidents ont été notés au niveau des
nombreux virages de la route nationale n° 6 serpentée en plusieurs
endroits mais aussi au niveau des zones économiques où les populations
usent de tous les moyens de locomotion pour écouler leurs marchandises.
Dans le département de Bounkiling, c’est l’état catastrophique de la
route nationale N°4 parsemée de nids de poules qui a été indexé comme
ayant alourdi les conséquences néfastes avec les nombreux cas de
tonneaux et de collisions. Enfin dans le département de Sédhiou, la
route Sédhiou/Diendé est la plus accidentogène du fait des hautes herbes
qui empêchent de voir les dangers qui proviennent des deux côtés mais
aussi, à cause des conducteurs mineurs qui quittent la commune pour le
département de Bounkiling, et la divagation des animaux domestiques. Ce
cocktail d’irrégularités et d’irresponsabilités a amené les forces de
sécurité à constater entre septembre et novembre au total, 2050
infractions pour mise en danger de la vie d’autrui. Que faut-il donc
faire pour, à défaut d’éradiquer le fléau, le minimiser ?
Les principaux responsables indexés
Les
premiers sur le banc des accusés sont les conducteurs de motos Jakarta.
Ils sont, selon la totalité des membres du CRD, les principaux auteurs
des accidents. Deux accidents sur 10 sont commis par ces deux-roues,
informent les forces de défense. Soit par ignorance du code la route
faute de permis de conduire, soit par indiscipline, soit à cause d’une
conduite nocturne sans aucune mesure de protection civile ou qu’ils
n’ont pas souvent l’âge de conduire ces engins.
Les
chauffeurs et transporteurs étaient aussi devant la barre de ce
tribunal régional. Ils sont accusés de surnombrer les véhicules, de
conduire des véhicules hors d’usage, de ne pas disposer de triangles de
pré-signalisation et de conduire à des vitesses excessives en
agglomération.
Le
président régional des conducteurs de motos Jakarta, dans sa prise de
parole, a imputé la responsabilité de ces inconduites aux parents qui
achètent des motos pour leurs enfants mineurs ou qui les autorisent à
conduire sans permis. Mais, annonce-t-il, des mesures allant dans le
sens de mieux organiser le secteur par la formation des conducteurs et
l’exigence de 18 ans requis pour être autorisé à conduire sont en cours
de d’études.
Pour
les transporteurs, le principal responsable reste l’État. « Il a annoncé
le renouvellement du parc automobile, la suppression des deux-roues, le
permis à points, l’élargissement des routes. Jusque-là rien a été
fait », a constaté Modou Fall, président des transporteurs. Et de révéler
que les War ngaindé (nouveaux types de véhicules de transport à 7
places) qui ne sont pas autorisés à faire du transport, polluent le
transport sous le nez et la barbe de l’Etat. Or, dit-il, ce sont eux qui
causent la plupart des accidents », rapporte le représentant des
chauffeurs et transporteurs.
Les solutions préconisées
Conscientes
de ces conséquences, les autorités de la région de concert avec
l’agence nationale de la sécurité routière ont pris des mesures
salvatrices pour réduire le mal. C’est ainsi que ANASER a suggéré le
renforcement du contrôle routier de nuit le long des corridors, la mise
en place du conseil national des transports terrestres, l’application
du nouveau code de la route avec le permis à points qui déconcerte les
chauffeurs et transporteurs. Il a été retenu d’ériger des ralentisseurs
au niveau des entrées et sorties des agglomérations pour casser les
vitesses excessives. Seulement, les techniciens ont révoqué cette
proposition soutenant que les dos d’âne ne constituent pas une solution
en ce qu’ils constituent au contraire des obstacles capables de créer
même des accidents et poser des problèmes d’assainissement des routes du
fait qu’ils retiennent les eaux de ruissellement.
Les
forces de défense et de sécurité ont informé aussi qu’elles ont été
obligées de reprendre certains check-points à titre dissuasif. Ces mêmes
forces ont dénoncé les tentatives de corruption des agents en faction
sur la route menaçant de déférer les auteurs devant le procureur. Elles
ont également fustigé les différentes interventions des autorités qui
fusent de partout lorsqu’un véhicule est mis en fourrière.
Le
manque de moyen a aussi été évoqué comme obstacle à la régulation de la
circulation. En cas d’immobilisation d’une cinquantaine de motos, il se
pose tout de suite un problème d’embarquement vers le commissariat ou
la brigade et il n’y a pas assez d’éléments pour transporter autant de
motos vers les lieux d’immobilisation, rapportent les forces de sécurité
qui se plaignent dans ces cas d’interventions.
Le
président régional des conducteurs de motos Jakarta, a annoncé des
mesures allant dans le sens de mieux organiser le secteur par la
formation des conducteurs et l’exigence de 18 ans requis pour être
autorisé à conduire. Du côté des transporteurs, l’on pense que l’État
doit procéder au renouvellement du parc automobile, supprimer les
deux-roues et les War Ngaïndé de la circulation dont ils estiment qu’ils
ne sont pas autorisés à faire du transport.
Même
si l’ANASER œuvre pour le management et la gestion de la sécurité
routière, pour la sécurité des véhicules, celle des infrastructures, des
usagers et la prise en charge post accidents, il urge que les tenants
du volant et des guidons soient encore sensibilisés et formés sur le
code de la route au niveau de chaque commune en présence des forces de
sécurité et des autorités administratives. L’idée de valoriser le
chauffeur aussi a été agitée pour que, à la fin de l’année, qu’une
cérémonie de distinction soit organisée pour honorer les meilleurs
conducteurs à travers des prix ou des diplômes d’honneur.