Familles d’émigrés à Louga : Ce qui va changer avec le coronavirus
Louga, une ville d’émigrés par
excellence est jusque-là épargnée par le coronavirus. Mais plusieurs cas
suspects ont été détectés sur toute l’étendue de la région. À chaque
fois, les prélèvements envoyés à l’institut Pasteur de Dakar ont révélé
que les personnes suspectées, qui sont généralement des émigrés ne sont
pas atteintes. Face à cette pandémie qui gagne du terrain de jour en
jour, la peur et l’inquiétude sont les sentiments les mieux partagés
dans les familles de Modou-Modou à Louga.Des familles inquiètes sur le sort de leurs parents à l’étranger
Seneweb
est allé à la rencontre de ces familles dont la vie est chamboulée
depuis plusieurs semaines, du fait de la pandémie dont les conséquences
commencent déjà à impacter la vie de tout un chacun. Khady Fall, la
trentaine sonnée, est mariée à un émigré établi en Italie. Trouvée près
de la place Yacine Boubou en plein centre ville, le téléphone collé à
l’oreille, la bonne dame fait une commande de produits détergents pour
se protéger contre le Covid 19. Après quelques minutes de communication,
elle accepte de nous parler de la pandémie, avant de donner des
nouvelles de son mari expatrié.
La
voix hésitante, Khady Fall se dit très touchée par le sort de son époux
qui se trouve en Italie où la pandémie est en train de faire des
ravages. « Je parle avec mon mari à chaque instant, mais comme beaucoup
de Sénégalais, il est confiné dans son appartement. Il n’est pas encore
infecté par le Covid-19. Il tente de me rassurer mais j’ai peur. Mes
deux filles me demandent chaque fois leur père », confie-t-elle.
Dire
que la peur a fini de s’installer dans les familles des Modou-Modou. A
Santhiaba-Nord, une sexagénaire qui a requis l’anonymat nous a confié
que ses trois enfants sont en Espagne. Alors que l’on dénombrait les
premiers morts liés à l’épidémie, « je les avais appelés pour leur
demander de rentrer, mais sans succès ». Très inquiète, elle passe son
temps, dit-elle, à prier pour tous les Sénégalais et particulièrement
ceux qui se trouvent dans les pays étrangers où la pandémie est
présente.
Des difficultés financières en vue pour plusieurs familles de Modou-Modou
La
pandémie du Coronavirus a fini d’installer la psychose dans plusieurs
familles d’émigrés. À l’instar des Européens, les Modou eux aussi sont
confinés dans leurs appartements. Ils ne peuvent plus travailler à cause
de la pandémie. « Ceux qui sont dans le secteur informel n’auront plus
les moyens d’envoyer la dépense à leurs familles », insiste un ancien
Modou reconverti dans le commerce à Louga. Pour lui, « si la maladie
perdure, il aura beaucoup de familles qui seront disloquées. Dans
plusieurs maisons d’émigrés, généralement, c’est le mari qui s’occupe de
la dépense quotidienne, des factures d’eau et d’électricité; s’il ne
travaille pas, il ne pourra plus envoyer de l’argent », renchérit MbayeDiagne, chauffeur de taxi. L’inquiétude se lit sur le visage des parents d’émigrés qui ne savent plus où donner de la tête.
Plaidoyer pour le rapatriement des personnes non infectées
Malgré
la décision prise par le gouvernement de maintenir nos concitoyens dans
leurs pays d’accueil respectifs, à Louga, des familles de Modou-Modou
demandent le rapatriement de leurs parents non encore infectés. Pour
Abdou Khoulé, « les malades peuvent rester là-bas et suivre leurs
traitements sur place tandis que ceux qui ne sont pas encore atteints
peuvent rentrer pour rassurer leurs familles. S’il y’a des Sénégalais
non infectés par coronavirus et qui manifestent le désir de rentrer au
pays, l’Etat doit leur faciliter le retour », pense-t-il. Avant d’ajouter
: « Tant que nos parents cohabitent avec la maladie à l’étranger, nous
ne serons jamais tranquilles « .
L’avis
de Abdou Khoulé est loin d’être partagé par son ami Amadou Fall. Ce
dernier considère que la décision prise par le gouvernement du Sénégal
est bonne. Mieux, « elle est salutaire car elle nous permet de nous
protéger contre ce fléau des temps modernes ». Malgré la fermeture des
frontières aériennes, on nous signale des Modou-Modou qui continuent de
rallier la ville et ses environs par la voie terrestre. Ce qui est
dangereux aux yeux des autorités sanitaires qui leur conseillent de se
rapprocher de leurs services pour se faire dépister.
« Le coronavirus aura un impact sérieux sur l’économie locale »
Il
est certain que la pandémie aura un impact sérieux sur l’économie
locale. A cause du confinement des ressortissants lougatois dans leurs
pays d’accueil respectifs, dans la capitale du Ndiambour, l’argent ne
circule comme avant la pandémie. Selon bon nombre de personnes que nous
avons contactées, une crise sans précédent risque de s’installer à Louga
qui est une ville à forte émigration. L’économie locale est quasi
entretenue par les émigrés, dont les familles s’inquiètent beaucoup des
conséquences que la pandémie risque d’engendrer.