Tensions avec la RDC : Le Rwanda accuse l’ONU de « prendre parti »
Le Rwanda a estimé
lundi que la mission de l’ONU en République démocratique du Congo
(Monusco) « prend parti » pour Kinshasa, alors que les tensions vont
croissant entre les deux pays qui s’accusent d’attaques
transfrontalières et de soutenir des groupes armés.
Dans
un communiqué samedi appelant « tous les groupes armés à cesser
immédiatement toute forme de violence » dans l’est de la RDC, l’ONU a
« réaffirm(é) son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à
l’unité et à l’intégrité territoriale de la RDC et condamn(é)
l’utilisation de groupes armés agissant par procuration ».
Répondant
à un tweet du porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric reprenant ces
déclarations, la porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo a
déclaré lundi que « la souveraineté de tous les pays est égale, que ce
soit le Rwanda ou la RDC ».
« Lorsque
la RDC bombarde le territoire rwandais sans provocation, c’est une
affaire grave qui a des conséquences, et cela doit cesser »,
poursuit-elle, avant de s’en prendre à la mission de l’ONU en RDC, qui
compte notamment 14.100 Casques bleus.
« La
force de l’ONU, la Monusco, ne peut pas faire partie de cette agression
ou rester les bras croisés comme cela a été le cas, sinon elle devient
complice. (…) En prenant parti dans ce conflit, la Monusco a contribué
de manière significative à l’intransigeance du gouvernement de la RDC
dans les bombardements transfrontaliers du territoire rwandais »,
ajoute-t-elle.
Depuis
fin mai, l’est de la RDC est le théâtre de violents combats entre
l’armée congolaise (les FARDC) et le groupe rebelle du M23. Le
gouvernement de Kinshasa accuse son voisin rwandais de soutenir ce
groupe, principalement composé de Tutsis congolais, et d’avoir déployé
500 soldats sur son sol.
Kigali
dément et affirme que la RDC soutient un autre groupe armé, les
rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda
(FDLR).
Ces dernières semaines, les deux pays n’ont cessé de s’accuser de bombardements transfrontaliers.
Vendredi
soir, après que l’armée rwandaise a affirmé que son voisin avait tiré
des roquettes sur son sol, cette dernière a accusé les forces rwandaises
d’avoir bombardé une école en territoire congolais, tuant deux enfants,
dans ce qu’elle qualifie de « crime de guerre » et « crime contre
l’humanité ».
Contactée par l’AFP, Yolande Makolo a rejeté lundi ces accusations, qualifiées de « fausses et dangereuses ».
« Malgré
les provocations répétées des FARDC-FDLR, le Rwanda n’a pas riposté. Il
n’y a pas eu de bombardements du Rwanda vers la RDC, les combats en
cours là-bas restent une affaire interne », a-t-elle écrit dans un
message à l’AFP.
Les
relations entre la RDC et le Rwanda sont tendues depuis l’arrivée
massive dans l’est de la RDC de Hutus rwandais accusés d’avoir massacré
des Tutsis lors du génocide rwandais de 1994.
Les
relations s’étaient apaisées après l’entrée en fonction du président de
la RDC, Félix Tshisekedi, en 2019, mais la récente flambée de violence a
ravivé les tensions.