ACHAT DE 3 TERRAINS : L’ancien député Zator Mbaye se fait escroquer 36 millions par…
D’après le quotidien Les Échos, une sombre affaire de vente de terrains impliquant l’ancien député et actuel ministre conseiller Zator Mbaye a été jugé, ce 11 mai, aux flagrants délits du tribunal correctionnel de grande instance de Dakar.
Prévenu dans ce procès, la trentaine, le sieur Ibrahima Ndiaye est accusé par le responsable de l’Alliance des forces de progrès (Afp) à Dakar des délits d’escroquerie, de faux et usage de faux dans un document administratif et usurpation de fonction. Devant la barre, le mis en cause a nié les faits et livré sa version des faits.
«Zator
Mbaye m’a soumis son souhait d’acquérir 3 terrains aux Maristes et je
lui ai loué mes services. C’est ainsi que j’ai fini par en trouver. Le
ministre m’a donné 30 millions Fcfa en plus de 6 millions Fcfa pour ma
commission, je lui ai montré les terrains qui étaient des poches
(c’est-à-dire sans nom ou terrains non identifiés) », a-t-il expliqué en
admettant avoir opéré aux modifications d’un des documents
administratifs desdits terrains au nom de Zator Mbaye à qui il prête
d’avoir établi les mêmes documents.
« Les attestations ont été
établies par lui et Me Barry. Il avait dit qu’il ne voulait pas que son
nom apparaisse dans le document. Il y avait le nom de sa femme et de son
enfant. Tout ce que j’ai eu à faire c’est d’avoir supprimé le nom de
Malal Barry pour mettre en lieu et place celui de Pape Diallo. J’ai fait
la modification parce qu’il me l’a demandé. Et comme il est ministre,
j’ai cru que cela ne poserait aucun problème », a déclaré le prévenu.
Interpellé
sur la destination de l’argent que lui a versé Zator Mbaye, il a tenu à
clarifier. « J’ai remis l’argent à un certain Djiby qui est agent au
niveau du cadastre. Quand le ministre m’a donné les 30 millions Fcfa, il
m’a dit de le lui remettre. J’ai dit à la gendarmerie que j’ai remis
l’argent à Djiby mais il ne l’ont pas entendu », s’est justifié Ibrahima
Ndiaye.
Dans les débats d’audience, la Cour a également prêté
au prévenu de posséder d’autres nationalités, notamment celle gambienne
et française, ce qu’il a nié.
« Je suis sénégalais. J’étais
l’aide de camp du ministre gambien de l’Emploi et de la Formation
professionnelle. Le document dont vous faites allusion et qui
m’appartient est un permis de conduire gambien (…) Je n’ai pas de
nationalité française, j’ai juste une carte de séjour qui me permettait
d’aller rendre visite à ma femme», a confié Ndiaye.
Interrogé
sur l’usurpation de fonction d’après le procès verbal d’enquête dans
lequel Zator Mbaye a expliqué que le prévenu s’est présenté à lui en
tant qu’agent de la Gign, Ibrahima Ndiaye a nié en précisant la
provenance de son surnom Ndiaye Gign.
«C’est
parce qu’on m’appelle Ndiaye Gign partout où je passe, mais je ne lui
ai jamais dit que j’étais de la Gign. Je suis garde du corps et j’ai
servi au président de la République lors de son déplacement à Bambey en
2011 et depuis on m’appelle Ndiaye Gign et même à la présidence, on
m’appelle ainsi », s’est-il défendu.
Dans son réquisitoire, le parquet a demandé l’application de la loi pénale à l’encontre du prévenu.
La
défense pour sa part, a qualifié d’incomplet le procès verbal d’enquête
du fait que l’agent du cadastre n’a jamais été entendu dans cette
affaire. « Il y a des personnes beaucoup plus importantes que lui dans
ce dossier, mais c’est lui qu’on veut sacrifier », a expliqué l’avocat.
«
Le faux sur un document administratif est consommé. Il ne devait pas
modifier le document même si c’était le président de la République qui
le lui avait demandé a fortiori un ministre de la République. Mais, sur
les éléments factuels, il a juste exécuté un mandat. Ici, il ne peut y
avoir escroquerie », a soutenu le conseil.
Sur l’usurpation de
fonction, l’accusation ne tient pas selon la défense. « Il l’a lui-même
dit, on l’appelle Ndiaye Gign pour avoir servi de garde du corps au
président de la République en 2011, lors de son déplacement à Bambey
même s’il est vrai qu’il a effectué sa formation aux côtés d’éléments de
la Gign au camp Samba Diéry Diallo. Je vous demande de le relaxer des
délits d’escroquerie et d’usurpation et soyez clément à son encontre
pour le délit de faux et usage de faux », a plaidé la robe noire.
Dans
son verdict, le tribunal a relaxé Ibrahima Ndiaye pour les délits
d’escroquerie et d’usurpation de fonction, mais l’a déclaré coupable de
faux et usage de faux. Finalement, le juge l’a condamné à deux (2) ans
d’emprisonnement dont 1 mois ferme.