À Shanghai, une femme s’est confinée dans une cabine téléphonique pendant un mois
Ce triste exemple illustre le sort des travailleurs immigrés en Chine face à la politique «zéro Covid» du gouvernement.
Depuis
près d’un mois, le monde entier reste bouche bée devant le verrouillage
de nombreuses villes en Chine, comme la métropole de Shanghai dont les
26 millions d’habitants sont confinés. Soumise à ces mesures
draconiennes, une bonne partie de la population chinoise est aujourd’hui
à bout.
Cette
colère a d’ailleurs été exacerbée par quelques incidents, comme la
récente histoire d’un homme déclaré mort puis sorti vivant de son sac
mortuaire. Cette fois-ci, c’est le sort d’une femme sans-abri, forcée de
vivre dans une cabine téléphonique pendant près d’un mois, qui a créé
un véritable tollé sur les réseaux sociaux, rapporte Vice.
Selon
le média américain, la femme en question est une travailleuse immigrée
d’une cinquantaine d’années. Après l’annonce d’un confinement strict à
Shanghai, elle aurait pris la décision de s’installer avec son chien
dans cet espace exigu. Sortant occasionnellement pour promener son
animal de compagnie ou pour aérer sa couverture, elle a vécu dans des
conditions déplorables, mises en lumière après qu’un habitant de
l’immeuble d’en face a partagé une série de photos documentant son
calvaire sur les réseaux sociaux chinois.
D’après
les informations de Vice, des policiers seraient venus déloger la
quinquagénaire de son refuge en pleine nuit la semaine dernière, «jetant
par la même occasion ses affaires sur le trottoir et scellant la cabine
avec du ruban adhésif». D’après le média d’État China Youth Daily, les
autorités lui auraient proposé un logement, proposition que la femme
aurait déclinée.
Politique «zéro protection sociale»
Comme
le souligne le média américain, cette quinquagénaire fait partie des
nombreux travailleurs immigrés qui résident en Chine. Ayant pour la
plupart perdu leur emploi à l’annonce du confinement, bon nombre de ces
derniers ont été forcés de trouver des abris de fortune, faute de
pouvoir payer un loyer.
Ces
travailleurs, qui représentent tout de même un tiers de la main-d’œuvre
chinoise, doivent faire face à un manque de protection sociale et à une
sécurité de l’emploi quasi inexistante, commente Vice. La nouvelle
vague de Covid-19 en Chine les a donc affectés plus durement que le
reste de la population et des millions d’entre eux se sont retrouvés
sans salaire.
«De
nombreux travailleurs immigrés vivent au jour le jour et comptent sur
leurs employeurs pour leur fournir un abri et de la nourriture»,
explique Pun Ngai, professeur à l’Université Lingnan de Hong Kong. «Avec
la plupart des usines et des magasins fermés, ils sont livrés à
eux-mêmes.»