Jugés pour homicide volontaire : Les temps forts du procès de deux agents du centre de santé Nabil Choucair
Alors que le problème
qui oppose les six sages-femmes de Louga à la famille d’Astou Sokhna n’a
pas connu son épilogue, un dossier similaire a été évoqué, hier, jeudi,
par le juge de la 4ème Chambre correctionnelle du tribunal de Dakar.
Cette fois-ci, c’est le sieur Amsatou Diallo qui a traîné à la barre une
sage-femme et un gynécologue exerçant au centre de santé Nabil Choucair
de Patte d’oie. Il leur reproche le délit d’homicide volontaire sur la
personne de son épouse Aminata Cissé, renseigne « Source A ».
Pendant
que le tribunal des flagrants délits de Louga statuait sur le sort des
six sages-femmes à Louga jeudi, dans l’affaire de la dame Astou Sokhna,
une de leurs collègues et un gynécologue ont été appelés à la barre de
la Chambre Correctionnelle du tribunal de Grande Instance de Dakar.
Nadia Atinouke Tehevidemi Maliki Raimi et Marième Gueye, puisque c’est
d’eux qu’il s’agit, répondaient du chef d’homicide involontaire sur
Aminata Cissé. Cette dernière, qui a perdu la vie en 2014, un jour après
la mort de son fils, a accouché, selon l’accusation, dans des
conditions atroces.
À
en croire le mari de la défunte, Amsatou Diallo, sa femme, qui avait
commencé le travail, a été acheminée très tôt à l’hôpital Nabil
Choucair. Plus précisément à 6 h du matin. D’après l’époux éploré, la
sage-femme qui les a accueillis lui a demandé de patienter sans lui
fournir aucune explication. Pendant ce temps, son épouse, qui devait
obligatoirement être opérée du fait du poids du bébé, se tordait de
douleur dans la structure. Ce n’est que vers 13 heures qu’on lui a
annoncé la naissance par voie basse de son fils qui n’a pas survécu.
Venu
s’enquérir de l’état de la santé de sa femme, il constate que celle-ci
avait une inflammation des lèvres. Fatiguée, la dame lui fait part des
sévices qu’elle a subis au moment de son accouchement. « Elle m’a dit
que deux individus lui tenaient les jambes pendant qu’une sage-femme
manœuvrait sur son bassin pour faire sortir le bébé. Ce dernier, qui
avait commencé à sortir la tête, avait les épaules coincées du fait de
son poids (5kg400)», narre Amsatou Diallo .
Interrogée
sur les faits, la sage-femme Marème Guèye qui comparaissait seule
devant la barre en l’absence de la gynécologue, a nié les faits qui lui
sont reprochés : « Lorsque la dame Aminata Cissé est venue à l’hôpital,
la gynécologue l’a regardée. La patiente présentait quatre pathologies à
risque pour un accouchement par voie basse. Quand elle a accouché, j’ai
tout de suite pris le bébé pour l’amener à la salle de réanimation. Son
bébé était à cinq (5) kilos 600. Depuis 20 ans de service, je n’ai
jamais vu une pareille taille pour un nouveau-né. La patiente était une
femme obèse et diabétique ».
La
blouse rose affirme que ce jour-là, le bloc opératoire était en panne
et le médecin sous astreinte était injoignable. Elle ajoute que la dame
est arrivée au centre de santé alors que la tête du bébé était déjà
visible. « Et au moment de l’accouchement, on lui a fait une super
extension des membres inférieurs. Par la suite, elle a eu une déchirure
du col. Après l’accouchement, elle ne saignait plus. Elle est décédée le
lendemain à 15 heures », explique-t-elle.
Me
Demba Ciré Bathily a formulé la même demande pour sa cliente. « Nos
structures médicales sont totalement dégarnies. Qui est responsable
quand on n’a pas de plateaux médicaux adéquats ? C’est l’Etat. On n’a
pas assez de personnel. C’est l’état qui est encore responsable. La dame
n’a pas suivi toutes les consultations médicales. Quand elle est
arrivée à l’hôpital, elle était déjà en travaux. On reproche à ma
cliente d’avoir assisté le gynécologue », a relevé Me Bathily.
L’affaire mise en délibéré, le jugement sera rendu le 2 juin prochain.