Korité : risque de pénurie de poulets à Diourbel
La ville de Diourbel (centre) pourrait être confrontée à une pénurie de poulets pendant la Korité, la fête de l’Aïd-el-fitr, en raison d’une rupture notée dans la production d’œufs et de poussins depuis quelques mois, a alerté le président de l’Association pour le développement de l’aviculture de Diourbel, Sidy Bara Thiam.
« La
rupture dans la production de poussins est une réalité. Avant cela, il y
a eu une rupture dans la production d’œufs depuis plusieurs mois. J’ai
fait des commandes depuis plus de trois mois que je n’ai toujours pas
reçues », a-t-il dit dans un entretien avec l’APS.
Selon
Sidy Bara Thiam, la même situation prévaut dans le département et dans
l’ensemble de la région de Diourbel et dans une certaine mesure à
travers tout le Sénégal.
Il signale que des propriétaires de couvoirs dont il est un client assidu, reportent les commandes au motif que « les poussins ou les œufs manquent ». « Certains nous disent que leur taux de réussite est en baisse », ajoute l’aviculteur.
Compte
tenu de cette donne, il prévient que l’approvisionnement du marché de
Diourbel en poulets durant la Korité sera difficile, dans la mesure où
la demande est supérieure à l’offre.
« La
production ne suffit pas parce que Diourbel est très proche de Touba,
et il y a de nombreux événements religieux qui sont organisés » dans
cette cité religieuse en particulier. « La demande est très forte dans la
zone. Avec le manque de poussins, le poulet risque de manquer », a-t-il expliqué.
A
la rareté du poulet s’ajoute le fait que les aviculteurs doivent faire
avec des coûts de production qui sont selon lui constamment en hausse.
« L’aliment
de volaille coûte très cher. Le sac de 50 kg est passé de 14.500 FCFA à
17.700 FCFA », alors même que « tous les constituants (maïs, sorgho,
tourteaux d’arachide, farine de poisson etc.) de l’aliment sont produits
au Sénégal », s’étonne-t-il.
Du fait de cette situation, le
prix du poulet pourrait connaître une hausse, d’autant que la caisse de
poussins coûte actuellement 40.000 FCFA, contre 25.000 FCFA il y a
quelques temps.
Sidy Bara Thiam pense que « les
gros producteurs ne feront rien pour baisser les prix des aliments et
autres intrants ». « Certains (…) vendent les œufs de consommation, les
œufs féconds pour la production de poussins […], l’aliment. En plus de
cela, ils élèvent le poulet de chair qu’ils vendent également. Ils ont
alors tous les atouts de leur côté », dit-il.
Il estime que
l’Etat doit accompagner les acteurs locaux, pour qu’ils soient autonomes
et compétitifs face aux grands producteurs.
« Les aviculteurs
de la région de Diourbel sont confrontés à d’énormes difficultés dans
la filière, liées à la cherté des aliments et au manque de poussins. Et
ils ne bénéficient pas de certaines opportunités, notamment avec les
vaccins contre les maladies [qui] sont récurrentes », a-t-il fait remarquer.
Il
sollicite la création d’un poulailler communautaire, sous la forme d’un
incubateur pour les jeunes qui veulent s’investir dans la filière.
« En
2014, Mame Mbaye Niang, ministre de la Jeunesse avait annoncé la
création d’un poulailler communal. Cette structure pourrait aider les
jeunes intéressés par l’aviculture à bénéficier de formations et
d’autres pourraient y pratiquer une activité avec une rémunération », a-t-il relevé.
Selon lui, les acteurs attendent de l’Etat qu’il régule le secteur.
« On
veut un accompagnement pour les vaccins, des formations de renforcement
de capacités. Pour que l’on puisse être compétitif, il nous faut des
renforcements de capacité, parce que les choses évoluent sur le
conditionnement et les normes d’abattage », a-t-il souligné.
Il
a également souligné la nécessité de professionnaliser la filière pour
que les jeunes puissent avoir l’opportunité de participer à des
rencontres dans la sous-région et bénéficier d’autres expériences.
« Diourbel
doit disposer d’un couvoir et sans cela, il y a aura toujours des
ruptures de poussins et par conséquence une pénurie de poulets. Il faut
aussi que les autorités locales accompagnent le milieu de l’aviculture », a-t-il insisté.