RUSSIE : Dix choses à savoir sur Sergueï Lavrov, l’inusable voix de Poutine sur la scène internationale
Le ministre russe des Affaires étrangères, en poste depuis 2004, est un pilier de la politique extérieure du Kremlin. Il vient de tomber sous le coup des sanctions européennes en réponse à l’invasion de l’Ukraine.
1. Vieille gardeSergueï
Lavrov, 72 ans, est le plus ancien des ministres de Vladimir Poutine :
il gère les Affaires étrangères russes depuis dix-huit ans. Nommé en
2004, il a vu passer huit ministres français au Quai d’Orsay. Diplomate
de carrière, il venait déjà d’occuper durant dix ans le poste
d’ambassadeur aux Nations unies.
Choïgou, Setchine, Bortnikov… Qui sont les conseillers les plus proches de Poutine ?
2. SanctionnéComme
Poutine lui-même, Lavrov vient de tomber sous le coup des sanctions
européennes en réponse à l’invasion de l’Ukraine : gel des avoirs à
l’étranger, interdiction d’accès au sol européen… Il rejoint ainsi dans
la short list des dirigeants sanctionnés le président syrien Bachar
al-Assad.
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3. BrutalJean-Maurice Ripert, ambassadeur de France à Moscou de 2013 à 2017, en faisait une inquiétante description dans « le Monde » en 2020 : « C’est un vrai soldat, sans aucun état d’âme, qui terrorise tout le monde en négociant de façon brutale. » L’ancien ministre russe des Affaires étrangères Andreï Kozyrev, qui occupa ce poste sous la présidence de Boris Eltsine au début des années 1990, affirmait récemment sur Twitter : « Avant, il me soutenait. Aujourd’hui, je surveillerais mes arrières s’il était derrière moi. »
4. Clope et whiskyC’est
à New York, au siège des Nations unies où il est ambassadeur de 1994 à
2004, que Lavrov peaufine son image. Avec une petite touche cool :
toujours une cigarette au bec, malgré l’interdiction décrétée par le
secrétaire général Kofi Annan, le représentant de la Russie dénigre la
vodka et s’offre volontiers, dit-on, un verre de whisky. Sans glace.
5. Double vieSergueï
Lavrov a une épouse, Maria. Mais personne ne les a vus ensemble depuis
vingt ans. Il n’a pas échappé en revanche à l’opposition que le ministre
fréquente une autre femme, Svetlana Polyakova. Selon la FBK, la
fondation anticorruption dirigée par le dissident emprisonné Alexeï
Navalny, Polyakova se serait même offert à Moscou ? avec quel argent ? ?
un appartement d’une valeur de 6 millions d’euros.
6. Monsieur Niet
Comme
son intransigeant prédécesseur Andreï Gromyko, chef de la diplomatie
soviétique durant vingt-cinq ans lors de la guerre froide, Sergueï
Lavrov est aujourd’hui surnommé « Monsieur Niet » – « non », en russe.
Un sobriquet acquis pour le nombre de vetos brandis au Conseil de
sécurité de l’ONU.
7. Affront
Le
diplomate, certes craint mais aussi respecté de ses pairs, a subi le
1er mars un affront spectaculaire lorsque de nombreuses délégations ont
boycotté son intervention au siège de l’ONU à Genève. Lavrov s’est
exprimé devant une salle vide, les délégations, restées à l’extérieur,
respectant une minute de silence en hommage aux victimes des combats en
Ukraine.
8. Polyglotte
En
diplomate qui se respecte, Sergueï Lavrov maîtrise plusieurs langues :
l’anglais, bien sûr, le français, mais aussi… le cinghalais, héritage de
son premier poste au Sri Lanka, en 1972.
9. Pots-de-vin
Lavrov
méprise la « faillite morale de l’Occident ». Pas sa belle-fille,
Polina Kowalewa, 26 ans, la fille de Svetlana Polyakova, qui vit au
contraire dans le luxe à Londres. Selon les militants anticorruption,
c’est grâce aux pots-de-vin reçus par le puissant ministre russe des
Affaires étrangères que la jeune femme, alors âgée de 21 ans, aurait
acheté en 2016 un appartement de 4,4 millions de livres sterling sur
Kensington High Street. Payé cash. Le nom de la jeune femme a été ajouté
par Londres jeudi 24 mars à la liste des personnalités sous le coup des
sanctions.
10. La voix de son maître
Que
pense Sergueï Lavrov ? Bien malin qui connaîtrait la réponse. Le
ministre relaie en tout cas fidèlement, à travers le monde, la parole de
Vladimir Poutine, arguant un jour de la nécessité de « dénazifier »
l’Ukraine, affirmant le lendemain n’avoir « jamais reproché quoi que ce
soit au peuple ukrainien ». Le Trésor américain l’a récemment qualifié
de « principal propagandiste » de Poutine.