FLORAISON DES USINES DE FARINE ET HUILE DE POISSON : ALERTE SUR LES RISQUES L’EFFONDREMENT DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
Les huiles de farine et
d’huile de poisson ont des effets néfastes sur les ressources
halieutiques et au plan socio-économique en Afrique de l’Ouest y compris
au Sénégal. C’est la principale conclusion d’un rapport de la FAO
portant sur les impacts socio-économiques et biologiques de l’industrie
de l’alimentation à base de poisson en Afrique sub-saharienne. Ce
récent rapport publié le 21 janvier par l’Organisation des Nations
unies pour l’alimentation et l’agriculture ( Fao) confirme les
inquiétudes de Greenpeace Afrique concernant “l’impact négatif
considérable” des usines de farine et d’huile de poisson au Sénégal et
en Afrique de l’Ouest. Les
rédacteurs de ce document prédisent que le Sénégal “pourrait connaître
un déficit de l’offre de poisson d’environ 150 000 tonnes par an au
cours des années 2020” alors que le pays est “fortement dépendant de la
consommation de poisson”, rapporte PressAfrik. Dr
Aliou Ba, Responsable de la campagne Océans, estime que : « Ces chiffres
démontrent la gravité de la situation déjà critique de la disponibilité
et de l’accessibilité du poisson au Sénégal”.
D’après
le même rapport, en 2018, les usines de farine de poisson installées au
Sénégal comptaient 129 travailleurs permanents et 264 travailleurs
temporaires, généralement recrutés parmi la population locale. Ces
industries présentent ainsi un faible poids socio-économique alors
qu’elles représentent une menace majeure pour les moyens de subsistance
de 600 mille travailleurs du secteur de la pêche artisanale. Parmi ces
derniers, des milliers opèrent dans les activités de post-capture,
dominées pour l’essentiel par des femmes mareyeuses, micro-mareyeuses et
transformatrices de produits halieutiques. Pour
Dr Aliou Ba, responsable de la campagne Océans : «Les États
Ouest-africains devraient se passer de ces industries destructives et
prendre leurs responsabilités afin de préserver la sécurité alimentaire,
les emplois et le bien-être des populations.”
Il avance : “Nos gouvernements ont créé un modèle économique qui
profite aux industriels des pays développés au détriment de notre propre
population. Ils doivent changer cela maintenant. Tout type de
développement devrait placer les intérêts des peuples africains en son
centre.”
La
même source informe que la matière première utilisée, ce sont de
grandes quantités d’alevins, des pélagiques (essentiellement des
sardinelles et des ethmaloses) pêchés dans les eaux marines et
estuariennes. Ces alevins sont transformés en farine ou huile de
poisson pour nourrir des animaux dans les pays développés au détriment
de la consommation locale. C’est
au regard de ces conséquences néfastes sur le renouvellement des
ressources halieutiques et la durabilité des stocks, que Greenpeace
Afrique continue de réclamer des actes forts de la part de l’Etat du
Sénégal afin d’assurer la viabilité des stocks et pérenniser les
activités connexes à la pêche. Il s’agit entre autres de la
transformation des poissons par des femmes.
L’Ong
réclame également le gel de nouvelles autorisations d’implantation
d’usines de farine de poisson comme stipulé dans les recommandations
issues des concertations nationales sur les usines de farine et d’huile
de poisson tenues le 24 Octobre 2019. A cela s’ajoute la prise de
décision interdisant l’utilisation du poisson entier par les usines de
farine et d’huile de poisson, et la fermeture des usines de farine et
d’huile de poisson utilisant du poisson frais propre à la consommation
humaine.