[An 1] Les 10 décisions phares du président Bassirou Diomaye Faye
Cela fait un an, jour pour jour, que les Sénégalais ont élu Bassirou Diomaye Faye à la tête de la magistrature suprême. En l’espace de douze mois, le cinquième président de la République a pris des décisions marquantes qui témoignent d’une rupture avec l’ancien régime. Seneweb revient sur les dix mesures les plus significatives de cette première année.
Les
décisions de Bassirou Diomaye Faye, marquant une rupture avec les
pratiques du régime précédent dès son accession au pouvoir, s’inscrivent
dans un projet de transformation profonde des institutions et des
relations internationales du Sénégal. Ces mesures, tant sur le plan
intérieur qu’extérieur, reflètent sa volonté de redéfinir la
souveraineté du pays, de renforcer la justice et d’assainir la gestion
des ressources publiques. Voici un retour détaillé sur ces actions
phares.
1. Fermeture des bases militaires étrangères
Parmi les actes les plus symboliques de la rupture avec les pratiques du régime de Macky Sall figure la fin de la présence militaire étrangère. Le président a annoncé, le 28 novembre, lors d’entretiens avec des médias français, que Paris devrait fermer ses bases militaires au Sénégal, estimant que leur présence était incompatible avec la souveraineté sénégalaise.
Lors
de son discours à la nation du 31 décembre, il a réaffirmé sa position
en déclarant : « La fin de toutes les présences militaires étrangères au
Sénégal interviendra dès 2025. » Ce message fort traduit sa volonté de
rétablir une pleine souveraineté, sans ingérence extérieure dans les
affaires militaires et sécuritaires du pays.
La
France a, depuis, annoncé, début 2025, la restitution de plusieurs
installations utilisées par son armée à Dakar, précisant que le
licenciement du personnel sénégalais serait effectif « au 1er juillet
2025 ».
2. Suspension des lotissements sur le littoral et dans certaines zones sensibles
Dès
son installation, le président Bassirou Diomaye Faye a mis l’accent sur
la régulation de la spéculation foncière. Lors d’une visite surprise à
Mbour 4, à la périphérie de Thiès, il a pris la mesure de la situation
foncière locale et décidé de suspendre tous les projets de lotissements
sur le domaine maritime national ainsi que dans certaines zones
stratégiques du pays. Cette décision vise à lutter contre l’accaparement
des terres, à préserver les espaces sensibles et à limiter la
spéculation foncière qui menace à la fois les zones économiques et
écologiques.
Fin janvier 2025, l’État a procédé à une levée partielle de cette suspension.
3. Suppression du HCCT et du CESE
Les
deux institutions, souvent critiquées pour leur inefficacité, ont été
dissoutes par le président Faye. Cette mesure vise à alléger le paysage
institutionnel et à réorienter les ressources vers des institutions
jugées plus essentielles. Les économies générées par cette dissolution,
estimées à près de 77 milliards de FCFA sur cinq ans (7,5 milliards par
an pour le HCCT et 7,8 milliards pour le CESE), seront réinvesties dans
le secteur de l’éducation, notamment pour financer un plan d’urgence
visant à combler le déficit de personnel enseignant.
4. Dissolution de l’Assemblée nationale
Dès
les premiers mois de son mandat, Bassirou Diomaye Faye a pris la
décision de dissoudre l’Assemblée nationale, cherchant ainsi à remettre
en question sa composition, souvent perçue comme déconnectée des
attentes de la population. En organisant des élections législatives
anticipées, il a voulu renouveler la classe politique, renforcer la
légitimité de l’Assemblée et restaurer la confiance des citoyens dans
leurs institutions. Cette dissolution a également permis de mettre en
place un Parlement largement dominé par sa majorité, en phase avec les
réformes qu’il souhaite engager.
5. Réactivation de la Haute Cour de Justice (HCJ)
La
réactivation de la Haute Cour de Justice, tombée en désuétude depuis
2014, constitue un acte significatif visant à renforcer l’État de droit
et à lutter contre l’impunité. La HCJ, chargée de juger les membres du
gouvernement et les hauts responsables, devient un instrument essentiel
pour garantir la conformité des actes gouvernementaux avec la
Constitution et les lois sénégalaises. Cette décision répond à une
demande croissante de justice face aux pratiques de corruption et de
mauvaise gestion.
6. Activation du Pool judiciaire financier (PJF)
La
mise en place du Pool judiciaire financier, créé par une loi adoptée en
2023 pour remplacer la Cour de répression de l’enrichissement illicite
(CREI), marque un tournant dans la lutte contre la criminalité
économique et financière. Ce mécanisme, destiné à traiter les
infractions financières, vise à renforcer la transparence et à garantir
que les responsables publics rendent des comptes sur leur gestion des
fonds publics. Depuis sa création, cet organe a déjà saisi 2,5 milliards
de FCFA, traité 91 dossiers et arrêté 162 personnes, selon le procureur
financier, El Hadj Alioune Abdoulaye Sylla.
7. Suspension des accords de pêche avec l’Union européenne
Le
président Faye a suspendu les accords de pêche avec l’Union européenne,
qu’il jugeait déséquilibrés et défavorables aux intérêts du Sénégal.
Cette décision marque un tournant dans les relations commerciales entre
les deux parties et vise à mieux protéger les ressources halieutiques du
pays. Elle entend également favoriser une pêche plus durable, au
bénéfice des communautés locales.
8. Abrogation des décrets de Macky Sall
Après
son élection, Bassirou Diomaye Faye a abrogé 13 décrets signés par son
prédécesseur, Macky Sall, concernant des nominations à la Cour suprême
et dans l’administration centrale. Cette décision a rendu caduques
toutes les mesures prises par le précédent gouvernement dans ces
domaines. De plus, il a abrogé un décret octroyant des salaires élevés
aux anciens ministres, dont les montants variaient entre 1,5 et 2,8
millions de FCFA.
9. Publication de tous les rapports d’enquête
Sous
le signe de la transparence, Bassirou Diomaye Faye a demandé à la Cour
des comptes, à l’Office national de lutte contre la corruption (OFNAC)
et à l’Inspection générale d’État (IGE) de publier leurs rapports
d’enquête réalisés entre 2019 et 2024. Cette publication vise à garantir
une gestion transparente des fonds publics et à répondre aux
préoccupations des citoyens concernant la gestion des finances
publiques. Le rapport de la Cour des comptes sur la dette publique,
confirmant les accusations de falsification des données économiques,
continue de susciter de vives réactions.
10. Renégociation des contrats pétroliers et gaziers
Le président Faye a également lancé la renégociation des contrats d’exploitation du pétrole et du gaz, jugés « très défavorables » pour le Sénégal. Après l’annonce d’un audit du secteur extractif en avril, il a mis en place une commission chargée d’examiner les contrats signés par le Sénégal pour s’assurer que les entreprises respectent leurs engagements. « Si les parties étrangères n’ont pas respecté leurs engagements, nous reviendrons à un contrat plus équitable », a-t-il déclaré. La commission devrait remettre son rapport très prochainement.