AIBD.sa : La vérité sacrifiée sur l’autel des règlements de compte, selon un ex Directeur de la Communication
Dans
une lettre ouverte cinglante, Malick Sy, ancien cadre de AIBD.sa,
dénonce une tentative de réécriture de l’histoire par le Directeur
Général actuel. Défenseur acharné de l’héritage de Doudou Ka, il oppose
“chiffres incontestables et faits concret aux accusations qu’il juge
“biaisées”.
Texte intégral :
PAR DEVOIR DE VÉRITÉ
Monsieur
le Directeur général, votre récente tentative d’établir un état des
lieux de AIBD.sa avait pour principal objectif, la dégradation de la
note de la gouvernance de vos différents prédécesseurs. Mais au final,
c’est la vérité que vous avez mis en faillite. Car la divulgation de
chiffres qui font état d’une dégradation financière dans la gestion de
l’entreprise aéroportuaire est à rebours de la réalité.
La
gravité et l’extrême personnalisation des accusations portées contre
vos prédécesseurs démontrent que vos révélations facétieuses relèvent
plus d’une stratégie de propagande que d’une réelle volonté d’éclairer
l’opinion.
Il
n’est absolument pas question, pour ma part, d’exonérer ceux qui ont
géré les deniers publics de leurs obligations devant le peuple et la
justice, de rendre compte de leurs actes de gestion.
Mais attention aux émotions partisanes qui peuvent pourrir le débat public et mener aux règlements de compte politique.
Monsieur
Cheikh Abiboulaye Dièye, justement pour avoir été salarié de l’Agence
des Aéroports du Sénégal pendant 10 ans, 3 ans à l’AIBD.sa et quatre ans
proche collaborateur de Monsieur le Ministre Doudou Ka, associé aux
grandes séquences de sa gouvernance à l’AIBD.sa, j’estime qu’il était de
mon devoir citoyen de rétablir la vérité en réfutant les attaques
contre son héritage à l’AIBD et dans le secteur du transport aérien.
Contrairement
à ce qui est suggéré dans votre présentation des faits, je dis bien que
personne de sensé ne peut mettre en cause le directeur général qu’il
était dans certaines dérives que vous pointez certainement à juste
raison.
Le
Directeur général Doudou Ka a pris les rênes de AIBD effectivement le
1er décembre 2020 avec un chiffre d’affaires disponible de 4 milliards
de francs CFA. Il en fera 22 mois plus tard, une des plus grandes
réussites entrepreneuriales publiques sénégalaises avant de passer les
commandes au directeur général Abdoulaye Dieye le 18 octobre 2022 avec
une trésorerie positive de 18 milliards de francs CFA.
L’entreprise
aéroportuaire AIBD.sa, inconnue du grand public jusqu’en 2021, avait
été portée au firmament des sociétés publiques sénégalaises avec un
bilan quasiment tout en superlatifs en octobre 2022 au départ du
Directeur Général Doudou KA.
Et
si le Sénégal accède un jour au statut de souveraineté aéroportuaire,
Doudou Ka peut en revendiquer une partie de la paternité. C’est lui qui a
proposé, défendu et permis grâce à une exceptionnelle ingénierie
financière, le remboursement intégral avant l’heure ou avant terme, de
l’encours de la dette de 129 milliards francs CFA qui devait courir
jusqu’en 2029. Il en avait fait une priorité stratégique qui a permis à
notre pays de recouvrer depuis 2022, sa souveraineté pleine et entière
sur son principal aéroport international.
Monsieur
le Directeur Général, vous ne pouvez pas faire un bilan objectif de la
gestion Aibd 2021-2022 et passer sous silence la fusion réussie avec
l’ex Agence des Aéroports du Sénégal. Une réussite sociale,
opérationnelle, technique et managériale historique saluée par toute la
plateforme aéroportuaire. Aucun licenciement n’a été opéré. Tous les
agents y compris les prestataires “fixes” ou “permanents” ont même été
intégrés dans la nouvelle structure AIBD.sa avec des contrats CDI.
Pour
rappel, au moment de la fusion, l’ADS comptait 474 agents salariés et
contractuels, l’AIBD 164. Après l’opération inédite de fusion des deux
entreprises de gestion aéroportuaire, le total des agents salariés et
contractuels a été ramené à 577 salariés, 98 contractuels.
La
performance est indiscutable. Tous ces chiffres figurent dans le
document officiel de passation de service entre MM. Doudou Ka et
Abdoulaye Dieye.
A
l’heure de vérité, si on ne peut s’incliner devant un tel bilan,
abstenons nous, d’accuser Monsieur Doudou Ka, d’avoir gonflé sans
justification opérationnelle ou sans couverture financière les effectifs
de Aibd.sa. Car c’est mettre davantage de kilomètres entre la vérité et
l’amalgame.
L’excellente
santé financière d’alors de l’entreprise AIBD.sa lui avait même permis
en 2022 d’octroyer un prêt de 25 milliards de francs à Air Sénégal pour
son développement dans le cadre du hub aérien et l’année suivante c’est à
dire en 2023, de prendre en charge les dettes de Air Sénégal vis à de
LAS et de 2AS pour plus de 20 milliards de francs.
De
sa position de Ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération,
Doudou Ka avait motivé son désaccord pour l’emprunt bancaire commercial
réalisé par AIBD.sa en début 2024 d’un montant de 197 milliards de
francs CFA. Il suffit d’avoir un peu de bon sens pour se demander
comment l’ancien Directeur Général Doudou KA peut avoir anticipé le
remboursement en 2022 d’une dette de 129 milliards qui courait jusqu’en
2029 pour approuver en 2024 une dette de 197 milliards dont l’échéance
est fixée en 2031. Il considérait cet emprunt comme une opération de
trésorerie en faveur exclusivement du Ministère des finances et du
Budget et non une transaction de « project finance » qui aurait permis
AIBD.sa, de structurer un emprunt long terme d’au minimum 400 milliards
sur une durée d’au moins 12 ans, en optimisant le potentiel élevé de la
RDIA. Sa proposition allait permettre d’obtenir un financement long
terme auprès des institutions financières de développement, pour une
durée minimale de 12 ans. AIBD.sa allait ainsi pouvoir rembourser toutes
ses dettes vis à vis de l’État, solder tous les travaux des projets
phares et prioritaires du hub aérien entamés en 2022 et assurer son
fonctionnement jusqu’à la finalisation des projets prioritaires et
urgents du hub aérien et leur exploitation à partir de 2027.
Cette solution de financement long terme est toujours envisageable et reste réalisable.
Aujourd’hui,
nos autorités aéroportuaires devraient plus se concentrer sur la
renégociation du prêt signé en 2024 et initier de nouvelles ingénieries
financières indispensables qui permettront de soulager l’État et le
budget national qui ont d’autres priorités sociales.
Pour
préparer notre pays aux performances économiques de demain et bâtir un
nouveau destin pour le ciel sénégalais, Doudou Ka avait initié avec
l’approbation des autorités d’alors un relifting à grande échelle de la
plateforme aéroportuaire nationale en entamant la construction du centre
de maintenance aéronautique (MRO) à AIBD, le premier en Afrique de
l’Ouest, la reconstruction de l’aéroport de Ziguinchor. La
reconstruction du salon d’honneur de l’aéroport AIBD, la reconstruction
du pavillon présidentiel de Yoff. Idem pour ceux de Kolda, Matam et
Linguere. Il a supervisé la finalisation des travaux et la réception de
l’Aeroport International Ousmane Masseck Ndiaye de Saint Louis sans
oublier la reconstruction de l’aéroport de la base aérienne de Thies qui
accueille l’Académie Internationale des Métiers de l’Aviation Civile
(AIMAC). Cette école d’élite est la pépinière des futurs cadors de
l’aéronautique civile sénégalaise. C’est un enjeu d’avenir car
désormais, nos élèves pilotes comme ceux qui sont sortis récemment
n’auront plus besoin d’aller se former à l’étranger. N’est-ce pas en
directe ligne avec votre politique de souveraineté nationale.
C’est
une école unique dans la sous région et un grand pas vers la
souveraineté aéronautique du Sénégal. Le démarrage d’un campus à Thiès
moderne pouvant accueillir 600 élèves a été lancé par Doudou KA en 2022.
Sans parler de son apport qui a été décisif dans l’achat de 17 aéronefs
et hélicoptères qui ont été livrés à l’armée de l’air sous sa
gouvernance. Ils servent aujourd’hui à la formation des pensionnaires de
l’AIMAC.
Aujourd’hui,
la priorité devrait être la finalisation de ce grand projet structurant
qui pourra apporter un chiffre d’affaires supplémentaires de plus de 30
milliards francs à AIBD.sa.
Toutes
ces performances opérationnelles et financières ont été obtenues grâce à
une ingénierie financière publique et une architecture administrative
et technique avec la mutualisation avec l’armée, Anacim, AIBD.sa et
d’Air Sénégal.sa avec la signature de différentes conventions de
maîtrises d’ouvrages déléguées pour optimiser les interventions de
chaque acteur.
Pour
rappel historique, c’est aussi sous le magistère de Doudou Ka que le
défi de la reconnexion de la Casamance à l’Europe a été engagé. Au bout
d’une opération commando dans des délais qui confinent au miracle (75
jours), il a tenu le pari de la rénovation et de la mise en exploitation
de l’aéroport de Cap Skirring. L’atterrissage, le dimanche 5 décembre
2021 d’un vol en provenance d’Europe marquera la fin de deux ans
d’absence de tout trafic aérien international en Casamance.
L’ancien
Directeur Général avant d’être ministre des Transports aériens a
enclenché la réécriture de l’histoire du système aéroportuaire
sénégalais en engageant sa transformation systémique. Grand serviteur de
l’état, il n’a eu qu’un seul but dans l’exercice de ses fonctions
publiques: servir avec excellence et responsabilité.
Le
démantèlement de Aibd.sa avec le licenciement de quelques 500 agents
risque de créer une insécurité sociale d’autant plus que plus de 60% des
salariés d’AIBD sont jeunes.
Les
impulsions revanchardes qui aboutissent souvent au règlement de compte
politique obstruent les chemins de la cohésion et de la croissance
économique et ne permettent pas de fédérer les énergies constructives
pour un Sénégal uni et prospère.
Malick Sy Ancien Directeur du Pôle Communication de AIBD.sa