Après l’allocution « très sombre » de Macron, les Français anxieux
« Angoisse » et
« inquiétude » dominent chez les Français questionnés par l’AFP au
lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron, même si certains
reconnaissent un discours « nécessaire » alors que le président a appelé
au « courage » face à un « monde de dangers ».
« Quand
j’ai entendu ça, je me suis dit: ça y est, il va y avoir des ruptures
de pâtes et de papier hygiénique dans les magasins, les gens vont faire
des provisions », redoute Mickaël, directeur commercial de 50 ans qui ne
souhaite pas donner son nom, interrogé à Strasbourg.
« Autant
au niveau social qu’économique, qu’est ce que ça va engendrer ? »,
s’interroge-t-il. « Il faut se serrer la ceinture ? A quel niveau ? ». Il
se demande surtout d’où proviendra l’argent nécessaire aux
« investissements supplémentaires » dans la défense que le président de la
République a promis de réaliser sans augmenter les impôts.
« Financer
l’armement, certes il y en a besoin. Mais on est déjà déficitaire, donc
ça veut dire quoi ? Demain on n’a plus de sécurité sociale ? Plus
d’accompagnement chômage ? Les interrogations sont là et ça m’inquiète »,
conclut-il.
Le
président « était très sombre, mais en même temps il essayait de ne pas
l’être trop », analyse Marylise Ducros, retraitée marseillaise de 76 ans.
« Il a fait appel au patriotisme des Français. Il a très peu parlé de
(Donald) Trump, ce qui est très étonnant, mais je pense que c’était une
tactique parce qu’il ne voulait pas le froisser ».
Face
au discours de mobilisation du chef de l’Etat, qui a vanté « la force
d’âme » de la Nation et appelé ses compatriotes à « l’engagement », Martha
Lehmann, étudiante en langues de 19 ans, dit craindre le retour d’une
forme de service militaire obligatoire. « Pour moi ça voudrait dire qu’on
prépare la guerre, ça me fait peur », confie-t-elle.
– « On part à la catastrophe » –« Peut-être
qu’il faut le faire », poursuit-elle, « mais c’est effrayant. Poutine, on
ne sait pas jusqu’où il peut aller, on ne connaît pas ses limites. »
Pour
Lucas, lycéen de 18 ans qui sort tout juste d’un bac blanc, « la
jeunesse n’a pas trop conscience qu’on est à un basculement ». Face aux
« craintes » des Ukrainiens, il juge « normal qu’on se mobilise tous ».
« Mais ça dépend à quelle échelle », tempère-t-il.
Leurs
aînés, eux, évaluent plus sévèrement la prise de parole d’Emmanuel
Macron. « Si on suit son discours, on part à la catastrophe, parce que
les autres pays ne sont pas tous d’accord pour faire la guerre », estime
Jacques Degant, retraité de 74 ans.
– « Dignité et humanité » –« Je
ne vois pas pourquoi on mettrait le pays en guerre », prolonge Magalie
Feretti, infirmière libérale de 41 ans, qui évoque même une possible
« troisième guerre mondiale ». « Je pense qu’on en a assez fait pour
l’Ukraine. On n’arrête pas de nous taxer pour envoyer de l’argent à
l’Ukraine, alors que les Français sont en train de dépérir ».
D’autres
évitent de mélanger la politique nationale avec les affaires
étrangères. « Contrairement aux énormes fautes qu'(Emmanuel Macron) a
faites en politique intérieure, sur le plan international, je pense
qu’il assure avec beaucoup de dignité et d’humanité pour l’Ukraine »,
estime René Daummoir, retraité de 72 ans.
« Ce
discours est nécessaire » et il arrive « au bon moment, parce que ça fait
suite à cette séquence assez incroyable à la Maison blanche il y a
moins d’une semaine » et la spectaculaire passe d’armes entre Donald
Trump et Volodymyr Zelensky, abonde Miguel Galant, avocat de 27 ans.
Ils
sont nombreux néanmoins à s’interroger sur la capacité des Européens à
assumer un leadership face aux autres grandes puissances.
« Aujourd’hui
en Europe, personne ne fait suffisamment le poids. Macron, (Ursula) von
der Leyen, c’est du pipeau », tranche Johnny Geng, retraité
strasbourgeois de 71 ans. « L’heure est grave, Trump nous rit au nez. On a
perdu beaucoup de temps, on n’a pas pris les bonnes décisions. Moi je
ne vois pas la vie en rose, c’est la vérité. »