« Moody’s abaisse la note du Sénégal à B3 : Une dette publique alarmante de près de 100% du PIB »
Le géant de la notation financière Moody’s a
annoncé ce mercredi 21 février 2025 la dégradation de la note
souveraine du Sénégal, passant de B1 à B3, assortie d’une perspective
négative. Cette décision fait suite à la révélation d’une situation
financière nettement plus préoccupante que précédemment estimée.
Selon
un rapport de la Cour des Comptes sénégalaise publié le 12 février, la
dette publique du pays s’élève à 99,7% du PIB pour l’année 2023, soit
environ 25 points de pourcentage de plus que les chiffres officiels
antérieurs. Les projections pour 2024 sont encore plus inquiétantes,
avec une dette estimée à 107% du PIB.
« Les
conclusions de la Cour des Comptes révèlent des faiblesses
significatives dans la gestion budgétaire et la transparence des comptes
publics sous l’administration précédente », souligne Mickael Gondrand,
analyste chez Moody’s. Le rapport met en lumière des dépenses hors
budget importantes et des avances du Trésor non régularisées.
Le
gouvernement sénégalais fait face à des besoins de financement
considérables, estimés à environ 20% du PIB pour 2025. La situation est
d’autant plus délicate que les garanties de dette, évaluées à 11% du
PIB, sont quatre fois supérieures aux montants précédemment déclarés.
Pour
redresser la situation, les autorités sénégalaises visent une réduction
ambitieuse du déficit budgétaire à 7,1% du PIB cette année, avec un
objectif de 3% d’ici 2027. Toutefois, Moody’s reste prudent quant à la
capacité du pays à atteindre ces objectifs, notamment en l’absence d’un
accord avec le FMI, actuellement en négociation.
Les
indicateurs économiques fondamentaux du Sénégal restent néanmoins
positifs, avec une croissance de 4,6% en 2023 et une inflation maîtrisée
à 0,8%. Le pays bénéficie également de son appartenance à l’Union
Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), qui constitue un
soutien essentiel pour contenir les risques liés à sa dette en devises
étrangères.
La
perspective négative reflète les risques de détérioration
supplémentaire de la trajectoire fiscale et de la liquidité
gouvernementale. Une amélioration de la note semble peu probable à court
terme, tandis qu’une nouvelle dégradation pourrait survenir si le
Sénégal rencontrait des difficultés à satisfaire ses besoins de
financement ou si sa situation d’endettement continuait de se dégrader.
Cette
révision à la baisse intervient dans un contexte régional déjà tendu et
pourrait compliquer l’accès du Sénégal aux marchés financiers
internationaux, rendant crucial l’obtention d’un soutien du FMI dans les
prochains mois.