Assimi Goita – Mahmoud Dicko : La peur est dans quel camp ?
En exil en Algérie depuis fin décembre 2023, pour des raisons de santé, l’influent imam malien Mahmoud Dicko devait rentrer au pays, le vendredi 14 février dernier. Mais son avion n’a jamais atterri sur tarmac de l’aéroport de Bamako, ce jour là.
On
a appris plus tard qu’il a reporté son retour. Dans certains médias
arabes on justifie cette décision par la nécessité pour le religieux de
faire des examens médicaux et traitements complémentaires.
« Cette décision vise à éviter toute confrontation avec nos forces de l’ordre, déployées pour… »
Au Mali, les soutiens de l’influent imam parlent plutôt de maintien de la stabilité politique du pays pour justifier le report.
« La Commission de soutien de l’Imam Mahmoud Dicko , en réponse aux sollicitations de plusieurs personnalités appelant au report du retour du leader, Cheick Imam Dicko , prévue initialement ce 14 février, et à cause du dispositif militaire déployé pour des fins que nous ignorons , a décidé en toute responsabilité et en mettant en avant l’unité nationale et l’intérêt supérieur de notre peuple d’ajourner ce retour. Cette décision vise à éviter toute confrontation avec nos forces de l’ordre, déployées pour empêcher une arrivée mal perçue » renseigne le communiqué des lieutenants du religieux.
En effet, dans la soirée du jeudi 13 février dernier, la junte au pouvoir a déployé un imposant dispositif sécuritaire à l’aéroport de Bamako et sur les axes stratégiques menant au centre-ville.
Une forte capacité de mobilisation
On
parle de plus de 1200 éléments des force de l’ordre mobilisés. Des
sources sécuritaires ont indiqué que le but de ces mesures est d’éviter
tout incident dans la capitale.
Le leader religieux fait-il peur à Assimi Goita ?
Il
est vrai que l’imam Dicko à une capacité de mobilisation très forte. On
ne rappellera pas son rôle dans la chute du régime du feu président
Ibrahim Boubacar Keita (IBK). C’est peut-être la facilité de l’imam à
rassembler des foules qui inquiète les militaires au pouvoir à Bamako,
eux qui le considèrent comme un « personnage hostile ». Ils n’ont
d’ailleurs pas apprécié de le voir au Palais de la présidence algérienne
fin décembre 2023.
Il n’est pas impossible qu’on l’arrête
Si
on peut suggérer que M. Goita craint le religieux, on peut également se
demander si Mahmoud Dicko n’a également pas peur du régime militaire.
Il
n’est pas impossible que les généraux au pouvoir à Bamako l’arrêtent
s’il foule le sol malien. Rappelons quand même que la Coordination des
Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS)
a déjà été dissoute.
Il
n’a donc pas bonne presse auprès de la junte. Le dispositif sécuritaire
déployé à l’aéroport de Bamako dès la soirée du jeudi dernier, l’a
peut-être inquiété. Il vaut mieux être un homme libre en Algérie, qu’un
prisonnier au Mali.