Société Générale Sénégal : Dakar confirme son intention de rachat
Le Sénégal a bel et
bien l’intention d’acquérir la Société Générale Sénégal, filiale de la
banque française Société Générale. Hier, à l’Assemblée nationale, lors
d’un vote de lois sur le règlement bancaire et la microfinance, le
ministre des Finances et du Budget a été on ne peut plus clair à ce
sujet. « Une lettre a été adressée au groupe Société Générale de banques
pour faire valoir le droit de préemption de l’État du Sénégal, en cas de
velléité de cession de la banque », a déclaré Cheikh Diba cité par Sika
Finances.
L’information
a été révélée depuis novembre 2024 par le quotidien « Les Échos » qui
précisait que le montant estimé était de 260 millions d’euros, soit
environ 170 milliards F CFA.
Hier,
le député-maire de Malicounda, Maguette Sène, a regretté la domination
des étrangers dans ce secteur. « Le système bancaire sénégalais est
dominé par les capitaux étrangers. Il n’y a que des banques étrangères.
Cela démontre que c’est un système bancaire qui nous étrangle ».
L’ancien DG du Coud préconise même l’informel, c’est-à-dire la tontine
bien connue chez les femmes (et maintenant les hommes) pour échapper au
diktat des banques qui, selon lui, font trop de profit sans financer
l’économie.
Pourtant,
si l’on en croit le ministre Diba, le Sénégal est à un taux supérieur à
30 % en termes de financement de l’économie. Les crédits à l’économie,
ajoute-t-il, sont de l’ordre de 6 400 milliards F CFA. « Nous sommes
les premiers dans l’espace Uemoa. C’est une prouesse sur laquelle il ne
faut pas cracher », tempère-t-il. Il n’en estime pas moins qu’on peut
aller jusqu’à 70 % comme au Maroc et en îles Maurice.
Dirigé
par des souverainistes, le Sénégal aspire à avoir un meilleur contrôle
de son secteur bancaire, un domaine stratégique. Actuellement, le
secteur est dirigé par des étrangers comme la Cbao (Maroc), la Société
Générale Sénégal (France), Ecobank (panafricain)… La première banque
sénégalaise sur la liste (Bhs) apparaît à la 8e position. La Bnde, qui
devait être la banque motrice de l’économie, est hors du top 10 en 2022.
S’agissant
de la Société Générale Sénégal, elle représente 10 % de parts de marché
avec des actifs qui s’élèvent à 1 391 milliards F CFA. Depuis quelques
années, la société mère se désengage progressivement de l’Afrique. La
France étant en recul sur le continent, sur le plan économique, ses
banques perdent aussi du terrain. La Société Générale avait annoncé son
départ du Burkina Faso, du Mozambique, du Tchad, de la Mauritanie, du
Congo et de la Guinée Équatoriale. Elle prévoyait aussi de revoir sa
présence en Tunisie, au Ghana et au Cameroun.
Anticipant
sur la suite, le Bénin avait manifesté à la Société Générale son
intention d’acquérir sa filiale à Cotonou, en cas de départ. Dakar s’est
inspiré de cet exemple béninois pour faire valoir son droit de
préemption.
La
Société Générale, souligne Ecofin, détient 63,31 % du capital de sa
filiale sénégalaise contre 35,13 % des parts par des privés sénégalais
et le reste par la Société Générale de banques en Côte d’Ivoire.