Me Amadou Sall : « Ousmane Sonko et Diomaye Faye veulent envoyer au cachot tous ceux qui parlent un langage différent »
Ancien
ministre de la Justice sous Abdoulaye Wade avant de rejoindre Macky
Sall durant son règne, Me El Hadji Amadou Sall est aujourd’hui l’avocat
de plusieurs dignitaires de l’ancien régime poursuivis par les nouvelles
autorités. Lors d’un entretien avec Jeune Afrique, la robe noire a
déploré une instrumentalisation de la justice sous le règne de Bassirou
Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko.
« Les
nouvelles autorités, lorsqu’elles étaient dans l’opposition,
maîtrisaient l’art de l’invective, de l’outrage, des excès et de la
violence, tant verbale que physique. Aujourd’hui, aucune critique n’est
permise. Elles cherchent à réduire au silence tous ceux qui parlent un
langage différent en les mettant au cachot. C’est devenu un substitut au
débat d’idées. Les avocats que nous sommes ne peuvent rester
indifférents à ces atteintes aux libertés publiques », dit-il.
Pour
preuve, il mentionne la levée de l’immunité parlementaire de son
client, Farba Ngom, suite au rapport de la Centif que personne n’a
consulté. « Le rapport de la Centif, c’est une véritable arlésienne.
Personne ne l’a consulté, pas même les députés qui ont voté la levée de
l’immunité de Farba Ngom. Les députés se sont contentés d’une lettre du
procureur financier, d’une lettre du procureur général et d’une lettre
du ministre de la Justice évoquant un rapport qui n’a jamais été
produit. Cela jette le discrédit sur cette décision et établit le
caractère exclusivement politique de la démarche du parquet et de la
chancellerie », argue l’ancien garde des Sceaux.
Me
El Hadji Amadou Sall a aussi annoncé avoir saisi la cour de justice de
la CEDEAO, suite à des interdictions de sortie du territoire de membres
de l’ancien régime. « Ce que je peux en dire avec certitude, c’est qu’il
s’est agi d’interdictions administratives, donc illégales puisqu’elles
n’ont jamais été ordonnées par une autorité judiciaire. Nous avons saisi
la Cour de justice de la Cedeao [Communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest] et attendons la décision sur le fond ».