Quel avenir pour l’Arizona? La presse partage ses appréhensions

Quel avenir pour l’Arizona? La presse partage ses appréhensions

Au lendemain de l’annonce d’un accord de gouvernement fédéral, les éditorialistes francophones ont partagé samedi leurs appréhensions. Parmi les plus récurrentes : l’arrivée de Bart De Wever (N-VA) à la tête du pays et la mise en place d’un énième gouvernement “en ordre dispersé”.

La Belgique ne peut se payer le luxe d’une Vivaldi bis, qui “ne fut qu’une longue foire d’empoigne, très peu productive, très peu efficace”, a commenté Paul Gérard dans L’Echo. “Or, ce qu’on a vu ces derniers mois lors de la longue genèse de ce gouvernement De Wever Ier n’est pas très rassurant pour la suite du voyage. Les tiraillements entre composantes de droite et de gauche ont été incessants” a-t-il poursuivi.

S’agit-il d’un accord “à l’usure” plutôt qu’un accord de conviction autour d’un véritable projet de gouvernement, s’interroge quant à lui Romain Goffinet pour les éditions Sudinfo. “Cette attente interminable a mis au jour des relations compliquées entre les différents partenaires, faites de rapports de force, de coups de pression, de chamailleries. Dans quelle mesure cet attelage tiendra-t-il face aux tensions internes et aux prochaines crises ?”

Béatrice Delvaux du quotidien Le Soir se demande, elle aussi, si la longueur des négociations garantit un équilibre gauche-droite du programme ou si, au contraire, celle-ci est révélatrice de la grande fragilité d’une coalition qui pourrait exploser au vu de l’antagonisme des personnalités qui la composent.

L’éditorialiste se demande par ailleurs quel Bart De Wever va endosser le rôle de Premier ministre. “Cet homme au destin incroyable a changé de peau en fonction de ses objectifs. Flamingant, représentant du patronat flamand, conservateur, et aujourd’hui homme d’État ? Si oui, de quel État? Tous devraient garder à l’esprit que l’ennemi des démocrates partout, en Europe et dans le monde, est plus que jamais l’extrême droite.”

À La Libre, Dorian de Meeûs abonde dans le même sens. “L’homme a mué, évolué, indéniablement”, a-t-il écrit. “MR et Engagés devront être particulièrement prudents pour protéger les intérêts des francophones, qu’ils vivent dans des communes à facilités, à Bruxelles ou même en Wallonie. La N-VA ne leur veut pas que du bien… Et le fantôme communautaire rôde encore.”

Du côté de la DH, Alexis Carantonis attend que ce prochain gouvernement démontre sa cohésion parce qu’”en huit mois, on a juste vu l’inverse”, a-t-il relevé. “En vérité, l’Arizona touchera peu au mammouth étatique et aux épaules ‘les plus larges’, préférant réaliser ses économies sur les travailleurs et retraités. À ce train, une colère noire pourrait vite chasser la fumée blanche. La gauche et les syndicats ne manqueront pas de l’embraser.”

“Tout n’est pas gagné pour l’imperator. C’est que le chemin jusqu’à Rome reste long. Et semé d’embûches”, a enfin partagé Romain Veys de L’Avenir. “Tirer les leçons de ce récent passé est une nécessité si Bart De Wever ambitionne de conduire ses légions à Rome sans rébellion, sans conjuration.”

En Flandre aussi, les éditorialistes s’interrogent sur la position de Bart De Wever, entre nationalisme flamand et désormais responsable belge. “Car on ne peut pas à la fois sauver la patrie et essayer de convaincre les gens que ce pays n’a pas d’avenir”, note Marnix Int Panis de la Gazet van Antwerpen. “Pour la première fois, il y aura au 16 rue de la Loi quelqu’un qui ne croit pas en la Belgique”, relève Isolde Van den Eynde pour Het Laatste Nieuws. “L’idée: mieux vaut un flamand aux commandes que pas de flamand aux commandes.” Du côté du Standaard, on souligne l’ironie : Bart De Wever sauvant le pays à l’approche de son bicentenaire.

Souare Mansour

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Si vous souhaitez recevoir votre revue de presse par email chaque matin, abonnez ici !