Tchad: un commando armé attaque le palais présidentiel avant d’être maîtrisé
Un commando
lourdement armé a attaqué mercredi soir le palais présidentiel tchadien
dans la capitale N’Djamena avant d’être rapidement maitrisé par la garde
présidentielle, selon le gouvernement et des sources sécuritaires.
« La
situation est totalement maîtrisée. (…) Toute cette tentative de
déstabilisation a été éradiquée », a déclaré le ministre tchadien des
Affaires étrangères Abderaman Koulamallah dans une vidéo publié dans la
soirée sur Facebook.
Selon
plusieurs sources sécuritaires, le commando, lourdement armé, s’est
introduit dans le palais présidentiel, où il a été rapidement maîtrisé
par la garde présidentielle.
Le
ministre, qui s’exprimait arme à la ceinture et entouré de soldats
depuis le palais présidentiel, n’a pas donné plus de précisions sur les
auteurs et la nature de l’attaque, dans son message diffusé en direct et
destiné à rassurer la population.
Aucun bilan de cette attaque, apparemment lancée peu après 19H45 (18H45 GMT), n’était à ce stade donné par les autorités.
L’une
des sources sécuritaires a indiqué que les assaillants faisaient partie
du groupe jihadiste Boko Haram, que les forces de sécurité tchadienne
combattent dans la région du lac Tchad (ouest), frontalière du Cameroun,
du Nigeria et du Niger.
L’attaque
a eu lieu quelques heures après la visite à N’Djamena du ministre
chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, qui a eu plusieurs entretiens
avec des dirigeants tchadiens, dont un à la présidence avec le chef de
l’Etat Mahamat Idriss Déby Itno.
Des
tirs nourris ont été entendus pendant près d’une heure dans les
quartiers proches de la présidence, avant de cesser vers 20H50 (19H50
GMT), ont constaté des journalistes de l’AFP.
– Opération antijihadiste –
Toutes
les voies menant vers la présidence ont été rapidement fermées à la
circulation. Des chars ont été déployés dans les rues, dont l’un devant
le commissariat central, et des policiers en armes postés aux angles des
rues. Dans ces quartiers du centre de la capitale, les gens,
visiblement inquiets, se sont pressés de reprendre leur voiture ou moto
pour rentrer chez eux.
Le
Tchad a annoncé par surprise fin novembre dernier qu’il mettait fin à
l’accord militaire entre Paris et N’Djamena, actant la fin de soixante
ans de coopération militaire depuis la fin de la colonisation française.
Selon
le président Déby, ces accords étaient « complétement obsolètes », face
« aux réalités politiques et géostratégiques de notre temps ».
En
mai dernier se sont achevées à N’Djamena trois années de transition,
avec l’élection de Mahamat Idriss Déby, porté au pouvoir par une junte
militaire après la mort de son père Idriss Déby, tué par des rebelles au
front en 2021.
Menacé
par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l’appui de
l’armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019.
Ces
dernières semaines, le président tchadien a aussi plusieurs fois menacé
de quitter la force multinationale mixte (FMM) formée en 1994 avec le
Cameroun, le Niger et le Nigeria pour sécuriser la région du lac Tchad,
en dénonçant la passivité de ses alliés.
La
FMM était au départ une force de lutte contre la criminalité
transfrontalière principalement, mais son mandat a ensuite été élargi
pour inclure la lutte contre les jihadistes, dont les campagnes armées
se sont étendues de leur base nigériane aux trois pays voisins.
Fin
octobre, une attaque de Boko Haram contre une base militaire tchadienne
de la région du lac Tchad a fait quinze morts parmi les officiers,
selon les autorités tchadiennes.
En
riposte, le président Déby a « personnellement » lancé une opération
baptisée « Haskanite », qu’il a dirigée depuis la province du lac Tchad
pendant deux semaines début novembre.