Relations France – Afrique : « Le vrai agenda est économique » (ministre français des Armées)
« L’influence française
en Afrique » ne se résume pas aux bases militaires qu’elle est en train
de rétrocéder aux pays où elles sont situées, a plaidé mercredi le
ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, sur les médias
CNews/Europe 1.
« L’influence
française en Afrique, elle n’est pas que militaire, si elle se résume à
une base, très franchement, c’est complètement une vision du XIX?
siècle. Le vrai agenda, il est à mon avis économique », a-t-il affirmé,
interrogé sur les récents propos du président français Emmanuel Macron
qui ont déclenché une polémique en Afrique et en France.
« Quelle
est notre bonne présence en Afrique? Le président Macron y a répondu en
disant on a des bases, on y est resté parfois trop longtemps et nous
nous sommes substitués à des dirigeants politiques dans la lutte contre
le terrorisme, croyant bien faire en faisant le travail à leur place », a
affirmé le ministre.
Lundi,
Emmanuel Macron a déclaré devant les ambassadeurs français que la
France avait eu « raison » d’intervenir militairement au Sahel « contre le
terrorisme depuis 2013 », mais que les dirigeants africains avaient
« oublié de (nous) dire merci » et qu' »aucun d’entre eux » ne gèrerait un
pays souverain sans cette intervention.
Le
président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno notamment a fait part de
son « indignation » face à des propos qui « frisent le mépris envers
l’Afrique et les Africains ».
Paris
a quitté à ce stade une de ses trois emprises militaires au Tchad, les
deux autres devant suivre dans les prochaines semaines.
« La
base au Tchad, c’est 300 millions d’euros par an pour le contribuable
français, donc ça mérite à mon avis un débat aussi entre les forces
politiques » françaises, a plaidé Sébastien Lecornu, rappelant que la
France avait déjà « quitté » le Tchad à quatre reprises au cours des
dernières « quatre décennies ou cinq décennies ».
« La
vraie question, c’est: et si demain, après être parti un nouveau régime
nous demande d’y retourner, qu’est-ce qu’il faudra faire? Eh bien, je
n’ai pas la réponse à cette question », a-t-il poursuivi.