«Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie» : Emmanuel Macron pointe de nouveau Benjamin Netanyahou
«Je
ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la
barbarie», a déclaré ce jeudi à Paris Emmanuel Macron, s’en prenant de
nouveau à Benjamin Netanyahou, qui affirme défendre la civilisation
judéo-chrétienne dans le combat israélien à Gaza ou au Liban. Le torchon
semble brûler entre les deux hommes.
Une
prise de parole cinglante. Lors de la conférence internationale de
soutien à la population et à la souveraineté du Liban qui se tenait à
Paris jeudi 24 octobre, Emmanuel Macron a réagi aux propos tenus par
Benjamin Netanyahou la veille, lors de l’interview exclusive du Premier
ministre israélien diffusée sur CNEWS.
«On
parle beaucoup ces derniers jours de « guerre de civilisation qu’il faut
défendre ». Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant
soi-même la barbarie. Je suis sûr d’une chose, c’est que la possibilité
d’une civilisation se joue au Liban», a martelé le chef de l’État
français.
Une
réaction aux déclarations de Benjamin Netanyahou tenues sur CNEWS
mercredi 23 octobre. Ce dernier a exprimé sa déception quant à la
position de la France dans la guerre au Proche-Orient. «J’ai parlé avec
Emmanuel Macron, et j’ai été extrêmement déçu», déplorait-il face à
Laurence Ferrari. «Il nous a soutenus au début de la guerre mais, petit à
petit, j’ai vu qu’il changeait de position et qu’il prenait des
positions qui sont contre nos intérêts communs. Il a mis un embargo sur
Israël alors que l’Iran n’a pas fait un embargo sur le Hezbollah ou sur
le Hamas.»
«Une blessure» pour les Français juifsLes
propos d’Emmanuel Macron ont fait l’objet de nombreuses critiques. Le
Conseil national des institutions juives de France (Crif), présidé par
Yonathan Arbi, a partagé un communiqué sur X pour dénoncer les propos du
président. «Outrance et gâchis. Jamais dans l’Histoire une démocratie
n’a accusé une autre démocratie de « semer la barbarie ». Jamais en France
un président de la République n’a eu de tels mots envers nos alliés,
quels que soient les désaccords et les divergences. Pour les Français
juifs, ces mots sont ressentis comme une blessure».
Caroline Yadan, députée du parti présidentiel qui représente la 8e circonscription des Français de l’étranger, dont fait partie Israël, a également condamné les déclarations d’Emmanuel Macron.
«Non,
Israël ne sème pas « la barbarie ». La barbarie, c’est celle que les
Israéliens subissent depuis le 7-Octobre. La barbarie, monsieur le
président, ce n’est pas une réponse militaire, si brutale et meurtrière
soit-elle, à ces crimes cruels et racistes».
Les hostilités sont déclaréesLes
relations entre Paris et Israël ne sont pas au beau fixe. Deux jours
avant les commémorations du 7-Octobre, en clôture d’un sommet de la
francophonie à Paris, Emmanuel Macron se prononçait en faveur de l’arrêt
des livraisons d’armes aux Israéliens. Il affirmait notamment que «la
priorité» était à «une solution politique». Des propos qui avaient été
qualifiés de véritable «honte» par Benjamin Netanyahou.
En
Conseil des ministres mardi 15 octobre, le chef de l’État français
provoquait de nouveau l’indignation du Premier ministre israélien en
insistant sur le rôle de l’ONU dans la création de l’État d’Israël.
«Monsieur Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une
décision de l’ONU», aurait lancé le président français dans le huis
clos du Conseil des ministres, selon des propos rapportés par des
participants, alors que les Casques bleus de l’ONU étaient visés au
Liban par des tirs de l’armée israélienne.
Jeudi 17 octobre, Emmanuel Macron a déploré que ses déclarations avaient été «déformées».
Mais
la phrase du chef de l’État français avait vivement fait réagir
Benjamin Netanyahou. «Ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a établi
l’État d’Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre
d’indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup
étaient des survivants de l’Holocauste, notamment du régime de Vichy en
France», réagissait alors le Premier ministre israélien dans un
communiqué.