Soutenance de thèse : Cheikh Oumar Diagne et le Ceds ignorent le ministre Abdourahmane Diouf
Cheikh Oumar Diagne,
ministre conseiller, Directeur des moyens généraux à la présidence de la
République a soutenu sa thèse hier jeudi 10 octobre 2024. Les travaux
portent sur le thème : ‘’Perspectives des monnaies souveraines face aux
dynamiques géopolitique d’intégration et aux systèmes monétaires privés :
le cas de la zone franc d’Afrique de l’ouest ». Le jury a eu comme
président le Pr Babacar Guèye, agrégé en droit à l’Ucad.
Jusqu’ici, rien d’anormal ; il ne restait que les félicitations. Toutefois, la soutenance a été organisée par le Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques (Ceds), un établissement privé.
Pourtant,
le 5 septembre dernier, Amadou Abdoul Sow, ancien Directeur général de
l’enseignement supérieur remplacé au dernier conseil des ministres avait
sorti un communiqué pour rappeler que les études doctorales se font
‘’exclusivement au sein des écoles doctorales’’. Or, à ce jour, aucun
établissement privé d’enseignement supérieur ne dispose d’une école
doctorale agréée. Autrement dit, précisait-il, « aucun EPES n’est
habilité à dérouler des programmes de doctorat, encore moins à délivrer
des diplômes de doctorat ».
Cheikh
Oumar Diagne, ministre conseiller à la présidence ne peut pas ignorer
cette directive du ministre de l’enseignement supérieur, pas plus que
cet établissement censé connaître les règles en vigueur dans le milieu.
La question se pose alors de savoir pourquoi Diagne et le Ceds ont fait
fi du rappel du ministre Abdourahmane Diouf pour organiser cette thèse.
Dans
le jury, on retrouve l’économiste Mounirou Ndiaye qui a vivement salué
l’accueil chaleureux que Cheikh Oumar Diagne lui a réservé à la
présidence à sa prise de fonction en tant que Chef du Bureau de Suivi et
d’Évaluation des Politiques et Programmes.
Avant
Cheikh Oumar Diagne, Aïda Mbodji a soutenu sa thèse dans ce même
établissement le jeudi 13 août 2020. Quelques jours plus tard, le 19
août, le ministère sort un communiqué pour rappeler que les écoles
privées ne sont pas autorisées à dérouler des études doctorales.
Difficile de ne pas faire le lien entre cette soutenance de Mbodji et la
sortie de la tutelle.
Avant
Aïda Mbodji, il y avait Haruna Musa, conseiller à l’ambassade du
Nigéria à Dakar. Le point commun de ces trois docteurs est qu’ils sont
tous des personnalités. D’ailleurs, sur la couverture de la thèse, là où
la tradition universitaire ne met que le nom de l’étudiant, le Ceds
mentionne des fonctions éphémères ou passées. Par exemple, pour Cheikh
Oumar Diagne, après le nom, il est mis ‘’Directeur des moyens généraux à
la présidence de la République’’. Pour Aïda Mbodji aussi, c’est
‘’député à l’Assemblée nationale, ancienne ministre d’Etat ». On dirait
que le marketing cherche à intégrer les traditions universitaires.