« Coup d’Etat » déjoué au Bénin: deux proches du président envoyés en prison dans l’attente de leur procès
Deux figures du pouvoir
béninois arrêtées la semaine dernière pour soupçon de projet de « coup
d’Etat » ont été placées mardi soir sous mandat de dépôt et seront
emprisonnés dans l’attente de leur procès, a déclaré à l’AFP l’un de
leurs avocats.
Olivier
Boko, homme d’affaires influent et ami intime du président béninois
Patrice Talon, et Oswald Homéky, ancien ministre, « ont été tous les deux
placés sous mandat de dépôt », a expliqué à l’AFP Ayodélé Ahounou, l’un
de leurs avocats, joint par téléphone mardi soir.
« Ils vont être envoyés à la prison de Cotonou », a-t-il précisé, dans l’attente de leur procès.
La
semaine dernière, MM. Boko et Homéky ont été arrêtés pour des soupçons
de projet de « coup d’Etat » dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest aux
13 millions d’habitants.
Selon
le procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du
terrorisme au Bénin (CRIET), ils auraient voulu à cette fin remettre de
l’argent au commandant de la Garde républicaine, Djimon Dieudonné
Tévoédjrè.
Ce dernier avait aussi été arrêté la semaine dernière, mais il a depuis été relâché et les poursuites contre lui abandonnées.
Selon
des sources judiciaires, « ils sont poursuivis pour les charges
suivantes: corruption d’agent public, blanchiment de capitaux, complot
contre l’autorité de l’État ».
En
plus de MM. Boko et Homéky, trois autres personnes ont également été
inculpées dans cette affaire: l’une d’entre elle a aussi été placée sous
mandat de dépôt et les deux autres sont poursuivies mais ont pu
regagner leur domicile.
Cette
affaire suscite un fort émoi au Bénin de par le profil des deux
principaux intéressés, considérés comme des proches du président Patrice
Talon.
Olivier
Boko, 60 ans, patron du groupe Denrées et fournitures alimentaires
(DFA), est un ami de Patrice Talon depuis une vingtaine d’années.
Souvent présenté comme le « bras droit » du président, il n’a jamais eu de
fonction officielle dans l’organigramme présidentiel.
Ces
derniers mois, il a néanmoins commencé à afficher ses propres ambitions
politiques, laissant penser qu’il se porterait candidat à la
magistrature suprême en 2026, ce qui aurait déplu à Patrice Talon.
Il était soutenu dans cette démarche par l’ancien ministre des sports, Oswald Homéky.
Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat, le maximum autorisé par la Constitution.
Le
président Talon est régulièrement accusé par ses détracteurs d’avoir
opéré un virage autoritaire dans ce pays autrefois salué pour le
dynamisme de sa démocratie.