Branchement clandestin d’internet sur le réseau de la Sonatel : Le commerçant proposait des abonnements wifi à 2 000 F CFA/mois
Alboury
Diome, commerçant, domicilié au quartier Ben Tally, est envoyé en
prison par le tribunal des flagrants délits de Dakar. Il est condamné à
trois mois de prison ferme pour des faits d’installation frauduleuse de
liaison de communication. Il a fait des branchements anarchiques sur le
réseau de la Sonatel pour procéder à des abonnements à l’Internet pour 2
000 F CFA par mois.
Il
est présenté comme un génie en télécommunications. Le jeune Alboury
Diome a réussi à monter un réseau de wifi qu’il a raccordé aux
installations de la Sonatel. Ensuite, il a délivré des abonnements aux
populations de Ben Tally et environ moyennant la somme de 2 000 F CFA
par mois.
Démasqué par les services de la Sonatel, il a été condamné à trois mois ferme par le tribunal des flagrants délits de Dakar.
Sur les faits
Le
1er août 2024, la Sonatel avait porté plainte à la Section de
recherches de la gendarmerie de Colobane contre Alboury Diome, résidant
à Niary Tally. L’opérateur téléphonique accuse ce dernier d’avoir
fourni une connexion Internet rémunérée à ses voisins en procédant à
des branchements frauduleux à partir des installations de la Sonatel.
Ensuite, le 5 août 2024, l’administration chargée des ventes, de la
communication et du marketing de la Sonatel a été informée par la
DFC/CRA à la suite d’une inspection portant sur des branchements
Internet clandestins au marché Mbabasse de Ben Tally.
Cette
enquête a aussi permis d’identifier Alboury Diome comme étant un
récidiviste bien connu dans ce domaine. Sa ligne a d’ailleurs été
détectée et résiliée à plusieurs reprises. Son mode opératoire consiste à
souscrire à des lignes ADSL ou fibre à très haut débit afin de procéder
à l’installation de lignes Internet depuis le modem fourni par la
Sonatel. Et pour étendre son réseau, Alboury utilise les poteaux de la
Sonatel et de la Senelec. Il a raccorde dans l’installation un switch ou
commutateur réseau, permettant ainsi d’élargir les liaisons et
d’étendre la couverture du réseau.
C’est
grâce à cette méthode qu’il a mis en place des points d’accès wifi
sécurisés par mot de passe dans les maisons raccordées de manière
clandestine. Ensuite, il donne des codes d’accès à ses abonnés qui lui
versent 2 000 F CFA.
Confirmant
les termes de la plainte lors de l’enquête préliminaire, le
représentant de la Sonatel a déclaré que les branchements clandestins
fait par mis en cause impact sur la quantité du réseau de l’Internet
dans le secteur. C’est sur ces entrefaites qu’Alboury Diome a été arrêté
le 27 août 2024 pour le délit d’escroquerie portant sur des
branchements frauduleux à partir des installations de la Sonatel.
Interrogé,
il a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il a avoué avoir
commercialisé l’Internet dans le marché en utilisant son abonnement
Sonatel.
Au
terme de sa garde à vue, Alboury Diome a été conduit le 29 août 2024,
devant le procureur de la République près du tribunal de Dakar. Il a été
placé sous mandat de dépôt pour le délit d’installation frauduleuse de
liaisons de communication.
Le procès
L’affaire
a été jugée ce matin à la barre du tribunal des flagrants délits.
Commerçant de son état, Alboury Diome a reconnu les faits. Il a expliqué
au juge comment il a réussi à monter son réseau Internet. Il a déclaré
que l’idée vient d’un ami de nationalité togolaise, dénommé Abdou Raouf,
qu’il a connu sur les réseaux sociaux. Lequel lui a enseigné la
technique. Ensuite, il s’est procuré une fibre Internet pro max auprès
de la Sonatel. Lors de sa demande d’abonnement, le prévenu dit avoir
précisé que l’Internet est à usage commercial. Il a ainsi fourni son
registre de commerce et son ninea d’entreprise.
Séance
tenante, un modem a été installé dans son magasin situé au marché
Mbabasse. L’Internet a été facturé à 50 000 F CFA le mois. Cependant,
pour fournir l’accès à d’autres particuliers, Alboury Diome dit avoir
acheté des appareils de répétiteur sur le site Jumia. Et à partir d’un
autre appareil, il peut coder son réseau. Ses abonnés versent la somme
de 2 000 F CFA mensuellement.
Interpellé
sur le nombre de ses clients, A. Diome a été incapable de les estimer.
Pour se tirer d’affaire, le prévenu déclare qu’il ne savait pas que ses
installations auraient une incidence sur le réseau. Car, dit-il, la
Sonatel n’a pas précisé dans le contrat qu’il n’avait le droit de
commercialiser l’Internet dans le marché. Il a pris l’engagement de
débrancher ses câbles.
La Sonatel réclame 32 millions F CFA
À
la barre, la Sonatel a été représentée par le juriste Armand Antoine
Faye. Il est revenu sur le préjudice que les activités illicites
d’Alboury Diome ont fait subir à la Sonatel. Il a affirmé que le prévenu
s’est abonné à la formule Pro réservée aux entreprises. Mais il n’avait
pas le droit de commercialiser l’Internet. Par contre, il a souligné
que la Sonatel n’a pas une formule à 50 000 F CFA par mois.
Pour
les intérêts de l’opérateur téléphonique, Me Sayba Danfakha a réclamé
la somme de 32 millions F CFA pour toute cause et préjudice confondus.
Dans sa plaidoirie, l’avocat a révélé que plus d’une année, le prévenu
recevait la somme de 4 millions F CFA par mois, venant de 2 000 abonnés
dans le secteur. Or, il n’avait nullement le droit de commercialiser
l’Internet. La robe noire est d’avis que le délit d’installation
frauduleuse est constant. Le procureur de la République a requis
l’application de la loi pénale.
Maitre
Tidiane Diallo de la défense a estimé que le contrat de la Sonatel est
imaginaire. L’avocat a sollicité une application bienveillante de la
loi. Pour la défense, le prévenu est de bonne foi. Il ignorait qu’il
n’avait pas le droit de commercialiser l’Internet.
Alboury
Diome a été condamné à trois mois de prison. Il doit verser la somme de
3 millions F CFA à la Sonatel à titre de dommages et intérêts.