Faut-il une défense aérienne en Belgique? “En cas d’attaque, nous ferions mieux de nous réfugier sous terre”

Faut-il une défense aérienne en Belgique? “En cas d’attaque, nous ferions mieux de nous réfugier sous terre”

Bart De Wever souhaite l’appui de la défense aérienne dans le port d’Anvers. Selon lui, les endroits stratégiques en Belgique ne sont pas assez protégés. Que propose le bourgmestre et formateur fédéral? Quels moyens financiers sont nécessaires? Mais surtout, quelle est la vulnérabilité de notre pays aujourd’hui si Poutine nous attaque? Cinq questions à l’ancien colonel Roger Housen.

Quelle est l’état des lieux aujourd’hui? Quel sont nos moyens de défense si notre pays devait subir une attaque?

Écrivez-le en majuscules: nous n’avons rien. Nous sommes totalement dépourvus de protection et nous sommes un oiseau pour le chat face à n’importe quelle menace. Je ne parle pas seulement du port d’Anvers. Si, par exemple, le terminal de gaz naturel de Zeebruges est attaqué, la moitié de la Côte s’envole en fumée. Des lieux comme les institutions européennes ou le siège de l’OTAN à Bruxelles ne sont pas protégés non plus. En cas d’attaque aujourd’hui, nous ferions mieux de nous réfugier sous terre.

Bart De Wever veut changer cela en acquérant des missiles Patriot. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un système antiaérien qui permet de protéger des objets terrestres – en l’occurrence un port ou une partie de celui-ci – contre des menaces aériennes telles que des drones de grande taille ou des missiles provenant d’un adversaire potentiel. Les missiles Patriot, en particulier, visent à intercepter et à détruire les menaces à une distance de 70 à 90 kilomètres. Il est également peu encombrant. Dans la zone portuaire d’Anvers, il peut être posé sur un morceau de béton, entre les bâtiments et les docks.

En cas d’attaque aujourd’hui, la Belgique serait complètement démunie. Un scénario dans lequel la Russie envoie un missile sur Bruxelles ou Anvers, est-ce crédible?

“La menace ne vient pas seulement de la Russie. Avec Alibaba, vous pouvez très facilement commander un drone ordinaire. En y collant quelques kilos d’explosifs, vous pouvez déjà provoquer une catastrophe gigantesque dans le port d’Anvers. La vigilance est donc de mise, non seulement à l’égard des Russes, mais aussi à l’égard des loups solitaires, des combattants de l’État islamique ou des personnes travaillant au nom de la Russie. À l’aide de drones et d’explosifs, ils peuvent déjà causer des dégâts considérables”.

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Klaas De Scheirder

© Klaas De Scheirder

Si nous achetons ces missiles, sommes-nous pourtant à l’abri?

Le système Patriot dont parle Bart De Wever est une mesure symbolique. Je ne dirai pas que c’est un gaspillage d’argent, mais il ne protège que contre les menaces à moyenne portée. Et c’est donc insuffisant. Avec ces missiles, par exemple, on ne peut rien faire contre les attaques de petits drones. Si nous voulons installer une véritable défense aérienne pour protéger les infrastructures sensibles, nous devons également acheter d’autres systèmes, comme des systèmes antiaériens qui protègent contre les menaces à basse altitude. Prenons l’exemple du système de défense aérienne israélien, le ‘Dôme de fer’, qui se compose de plusieurs couches de protection contre les missiles, les drones et les avions.

Que peut-on dire du coût? Est-ce finançable?

C’est une nécessité de protéger le port d’Anvers, qui est après tout le moteur économique de ce pays. Pour cela, nous avons besoin de trois à quatre lanceurs. Si l’on ajoute à cela les munitions et la formation du personnel, on arrive à un montant de 1,3 milliard d’euros. Mais jusqu’où voulons-nous aller? Si nous voulons aussi protéger les ports de Zeebruges et de Gand et les institutions européennes à Bruxelles, nous avons besoin d’autres systèmes, beaucoup plus onéreux. Un ‘dôme de fer belge’ coûterait des dizaines de milliards d’euros. Est-ce faisable budgétairement? C’est un choix politique.

Souare Mansour

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