Aide à la presse : L’ancien ministre Moussa Bocar Thiam réagit et accuse les nouveaux dirigeants (communiqué)
La publication des chiffres de l’aide à la presse a provoqué de nombreux commentaires. Ancien ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Moussa Bocar Thiam accuse les nouveaux gouvernants de vouloir discréditer la presse. Voici son communiqué reçu à Seneweb.
« ARRETEZ DE STIGMATISER LA PRESSE SENEGALAISE ET RESPECTEZ LES ENGAGEMENTS DE L’ETAT !
Les
sorties malheureuses et dangereuses de mon successeur n’augurent rien
de rassurant pour les acteurs du secteur de la communication en raison
de la rupture d’une longue tradition de dialogue et de courtoisie entre
l’autorité de tutelle et la presse. La volonté de discréditer notre
presse et de manipuler tant l’opinion que les employés du secteur,
justifient les affirmations mensongères du Ministre qui gagnerait à me
consulter avant de s’exprimer dans un langage approximatif indigne d’une
autorité en charge de la divulgation des politiques publiques du fameux
PROJET IMAGINAIRE. 1- La vérité des chiffres sur la dette fiscale des
entreprises de presse Les entreprises de presse comme des milliers
d’entreprises établies au Sénégal dans tous les secteurs d’activités ont
des contentieux fiscaux qui s’épongent de manière dynamique par des
échanges et des séances de travail avec les services fiscaux.
Donc
il n’y a rien d’alarmant qu’une entreprise de presse ait des dettes
fiscales. En 2023, la dette fiscale de la presse publique et privée
était de 10 337 595 510 fcfa en droits simples et 2 900 000 fcfa de
pénalités. Les dettes fiscales du secteur public sont ainsi réparties :
La RTS (4 554 625 781 fcfa), l’Agence de presse Sénégalaise (256 747 664
fcfa), le Soleil (215 838 695 fcfa) sans compter la TDS (600 000 000
fcfa).
Donc
50% de la dette fiscale est du chef des entreprises publiques qui ne
subissent aucune pression de l’administration, donc pourquoi s’acharner
sur les entreprises de presse privée ?
En
réalité, il faudra distinguer les dettes purement fiscales des dettes
liées aux redevances de fréquences dues à l’ARTP par les médias. Cette
dette est de 25 milliards et concerne les médias publics et privés. Elle
est même indue puisque l’ARTP, avec l’avènement de la TNT a libéré ces
fréquences et les a revendues aux opérateurs dans le cadre de la 5G
(Orange à 34 milliards, FREE à 13,5 milliards et Expresso à 6
milliards). Cette dette est d’autant plus injustement réclamée à la
presse privée que par lettre n°00619 PR/MSG/sp du 20 mars 2024 Monsieur
le Président de la République Macky Sall a donné instruction au Ministre
des Finances et du Budget d’effacer les dettes fiscales et les arriérés
de paiement des redevances de fréquences des entreprises de presse dus
AVANT LE 31 DECEMBRE 2023.
Donc,
Monsieur le Ministre, l’Etat est une continuité et à défaut
d’instructions ECRITES contraires, votre collègue des Finances doit
exécuter cette décision présidentielle et arrêtez de tourmenter ces
braves chefs d’entreprises de presse qui perçoivent des subventions
insignifiantes dans un pays sérieux qui souhaite que la presse soit
autonome et prospère. 2- Le Fonds d’appui et de développement de la
presse est une aumône Ce fonds, jadis appelé aide à la presse, ne
devrait pas changer de dénomination : C’est une AIDE, à l’instar de
l’aide versée aux étudiants en début d’année.
Dire
que sur 1 900 000 000 fcfa, les 800 000 000 fcfa ont servi à d’autres
structures qui ne sont pas des entreprises de presse relève de la
volonté de faire naître une suspicion de détournement de deniers
publics. Un Ministre, avant de s’adresser à la nation doit lire les
textes. L’article 46 du code de la Presse précise que le Fonds d’Appui
et de Développement de la Presse (FADP) a pour mission : – de soutenir
l’entreprise de presse en matière d’investissement (financement de
projets de développement ou de modernisation des entreprises de presse) ;
– de servir de garantie pour les pre?ts bancaires ; – de soutenir toute
initiative en faveur du multimédia ; – de verser une subvention directe
à l’Agence de presse sénégalaise en contrepartie du service fourni aux
autres médias ; – de contribuer au bon fonctionnement de l’organe
d’autorégulation ; – d’aider les entreprises de presse à consolider les
emplois ; – d’appuyer la formation continue des journalistes et
techniciens des médias – d’aider les radios associatives ou
communautaires (à but non lucratif).
Donc,
il est clair que les fonds peuvent valablement servir au CESTI, à
l’organisation des assises des médias, à la convention des jeunes
reporters etc… De la grande entreprise de presse comme GFM ou Dmédia à
la radio communautaire, cet aumône ne représente que 0, 01% de leurs
charges alors que le secteur compte plus de 3 000 emplois pour des
milliards de chiffre d’affaires.
Si
la stigmatisation est le PROJET, l’Etat doit publier la liste des
bénéficiaires du fonds de solidarité aux artistes, du fonds dédié à la
microfinance, du fonds de solidarité nationale, du fonds politique de la
Présidence de la République etc.
Donc arrêtez de stigmatiser la presse sénégalaise !
A vous les acteurs des médias, il vous appartient de veiller à vos acquis et de refuser que le PROJET vous divise, car le boycott de la journée sans presse par le groupe Walfadjri confirme que malheureusement certains journalistes du PROJET ont subitement oublié votre solidarité à leur égard. »