Injonctions aux médias en ligne : L’APPEL tire sur le CNRA
L’Association des
éditeurs et professionnels de la presse en ligne (APPEL) a fustigé la
démarche adoptée par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel
(CNRA).
En
effet Babacar Diagne et Cie, à travers une note, ont rappelé aux
éditeurs, distributeurs et diffuseurs l’article 94 de la loi n°2017-27
du 13 juillet 2017 portant Code de la presse qui stipule que «
l’exercice de toute activité d’édition, de distribution et de diffusion
de services de communication audiovisuelle quelle que soit la
technologie utilisée, est subordonné à une autorisation délivrée par le
Ministre chargé de la Communication, après avis conforme de l’organe de
régulation, dans les conditions définies par le présent Code».
Une
procédure qui n’est pas du goût de ladite association dirigée par
Ibrahima Lissa Faye, qui estime que l’organe de régulation est « caduque
» et qu’il ne peut plus assurer la régulation d’un secteur où le
numérique a fini par s’imposer.
Voici l’intégralité de leur communiqué
«
L’APPEL invite à une mise à jour du CNRA d’abord L’Association des
éditeurs et professionnels de la presse en ligne (APPEL) a appris à
travers un communiqué que ‘’le Conseil national de Régulation de
l’Audiovisuel (CNRA) rappelle aux éditeurs, distributeurs et diffuseurs
que selon l’article 94 de la loi n°2017-27 du 13 juillet 2017 portant
Code de la presse’’. Elle est surprise que le CNRA attende maintenant
pour rappeler cette importante disposition. Et pourtant, il a eu le
temps d’organiser des concertations avec les radios et télévisions
traditionnelles en février 2021 jusqu’à signer des conventions et
cahiers de charges avec leurs directions.
Pourquoi
les éditeurs de la presse en ligne, notamment des WebTV et WebRadio
n’étaient pas conviés dans ces pourparlers ? APPEL a, toujours, eu cette
position de principe qui consiste à rappeler aux autorités compétentes
que le CNRA est caduque et qu’il ne peut plus assurer la régulation d’un
secteur où le numérique a fini par s’imposer. Elle la réitère et
demande ainsi à tous ses membres et acteurs de l’écosystème digital
média à ne pas donner suite à cette injonction du CNRA. L’article 94 du
Code de la presse parle de ‘’communication audiovisuelle quelle que soit
la technologie utilisée’’. Or, le CNRA est créé par la loi n° 2006-04
du 4 janvier 2006. A l’époque la presse en ligne était à ses
balbutiements et les médias sociaux pas encore aussi développés en
Afrique. Jusqu’à présent, ces textes n’ont pas fait l’objet de mise à
jour malgré les prescriptions du Code de la presse.
De
plus, cette disposition énonce, mais il n’y a aucun encadrement prévu
par les dispositions légales du CNRA qui précisent et fixent les
conditions ainsi que les modalités d’application. Au-delà des normes,
APPEL estime que ce communiqué de l’autorité de régulation devrait être
précédé par des discussions afin d’étudier avec les acteurs les pièces
et modalités de mise en œuvre de l’article 94 du Code. Le Code de la
presse qui est fortement en avance sur les textes du CNRA propose la
création d’un nouvel organe de régulation adapté au contexte et aux
enjeux de l’heure. L’avant-projet de loi instituant la Haute autorité de
régulation des communications audiovisuelles (HARCA) a été adopté par
consensus par les acteurs du secteur, le ministère de la communication,
des membres du CNRA qui ont tous convenu qu’il faut désormais une
régulation transversale, une autorité qui coiffe tous les types de
médias avec des prérogatives étendues qui permettent de mettre de
l’ordre durablement dans la profession.
Cette
conviction est davantage motivée par l’article 229 dudit Code qui
dispose : « le Conseil national de régulation de l’audiovisuel, organe
de régulation au moment de l’adoption du présent Code, poursuit sa
mission, jusqu’à l’installation du nouvel organe de régulation de la
chaîne de valeur audiovisuelle». Aussi, il serait surprenant que nos
entreprises de presse soient soumises à la fois aux dispositions qui
concernent la presse en ligne et à celles qui concernent la presse
audiovisuelle.
La
presse en ligne, faut-il le rappeler, agrège plusieurs contenus :
l’écrit, la photo et la vidéo. Et les autres supports utilisés
(Facebook, X, youtube) ne sont que des réseaux sociaux affiliés au
médias en ligne pour lui permettre de disséminer son contenu. D’où la
nécessité de mettre en place un régulateur qui comprenne les enjeux et
les spécificités de chaque type de média. Les éditeurs de la presse en
ligne souhaitent se conformer à la loi. Ils n’ont de cesse de le clamer.
Toutefois,
ils appellent les nouvelles autorités à rouvrir les discussions sur
l’avant-projet de la HARCA qui est au secrétariat général du
gouvernement pour opérer les mises à jour nécessaires. C’est le moment
d’engager ces travaux qui seront d’un grand apport dans la normalisation
du secteur des médias. Le Bureau exécutif national (BEN) de l’APPEL ».