Boxe: Imane Khelif sacrée championne olympique
Malgré les polémiques qui ont rythmé ses JO, la
boxeuse algérienne Imane Khelif est devenue championne olympique
vendredi à Paris, portée en triomphe dans un stade de Roland-Garros en
fête.
« J’ai
fait l’objet d’attaques et d’une campagne féroce, et c’est la plus
belle réponse que l’on puisse donner. La réponse a toujours été sur le
ring », a-t-elle lancé après sa victoire en finale des -66 kg. « Je suis
une femme forte avec des pouvoirs spéciaux. Depuis le ring, j’ai envoyé
un message à ceux qui étaient contre moi. »
Victorieuse
aux points et à l’unanimité des juges de la Chinoise Yang Liu,
championne du monde en titre, elle apporte à l’Algérie son deuxième
titre des JO de Paris après l’or de Kaylia Nemour en gymnastique.
« Je
suis très heureuse », a-t-elle réagi. « Depuis huit ans, c’est mon rêve
et je suis maintenant médaillée d’or. J’ai travaillé pendant huit ans,
je n’ai pas dormi, j’ai été fatiguée pendant huit ans. Maintenant, je
suis championne olympique! »
« Je
tiens à remercier toutes les personnes qui sont venues me soutenir.
Tous les gens d’Algérie et tous les gens de ma base. J’ai aussi reçu des
messages de tous les pays du monde », a-t-elle ajouté.
Trois
ans après sa présence aux Jeux de Tokyo, où sa participation n’avait
suscité aucune polémique, Khelif s’est retrouvée malgré elle à Paris au
centre d’une controverse sur le genre menée par les milieux
conservateurs sur fond de différend entre le CIO et la Fédération
internationale de boxe.
La
polémique trouve son origine dans son exclusion des Championnats du
monde à New Delhi en mars 2023. Selon la Fédération internationale de
boxe (IBA), elle avait échoué à un test destiné à établir son genre.
L’IBA, instance non-reconnue par le monde olympique, a refusé de
préciser quel type de test avait été pratiqué.
Pour
le CIO, son éligibilité ne fait aucun doute: elle peut participer aux
Jeux dans le tournoi féminin. Mais l’exclusion de New Delhi a refait
surface quand son adversaire au premier tour, l’Italienne Angela Carini,
a abandonné dès la première minute de leur combat.
Sur
les réseaux sociaux, la boxeuse a alors été victime d’une campagne de
haine et de désinformation, empreinte de racisme, la présentant comme un
« homme combattant des femmes ».
– « Héroïne de l’Algérie » –
A
l’annonce de sa victoire finale, la boxeuse a sauté de joie avant de
saluer son adversaire et d’être portée en triomphe par son entraîneur
dans une arène en liesse.
Son
entrée sur le célèbre court Philippe-Chatrier, plus habitué à
accueillir des joutes tennistiques, avait déjà été acclamée dans un
vacarme retentissant.
Des
cris « Imane, Imane » ont ponctué les trois rounds du combat, au cours
duquel l’Algérienne s’est montrée plus relâchée et tranchante.
Les attaques qu’elle a subies ainsi que sa victoire ont également fait d’elle une héroïne dans son pays.
Issue
d’une famille modeste de la région semi-désertique de Tiaret, Khelif a
expliqué avoir dû se battre pour que sa famille, en particulier son
père, accepte sa pratique de la boxe.
Mais
celui-ci est devenu depuis l’un de ses plus grands fans comme tout les
habitants de Biban Mesbah, son village natal, qui ont suivi le combat
sur un écran géant. A un correspondant de l’AFP, ce soudeur sans emploi
de 49 ans a confié sa fierté pour sa fille, « un exemple de femme
algérienne, une des héroïnes de l’Algérie ».
Pour son entraîneur Mohamed Chaoua, « toutes ces polémiques lui donnent de la force pour avancer ».