Diomaye, Sanslimites et les potentielles recrues de la Rts
Pour ses 100 jours, le président Bassirou Diomaye a fait face à une partie de la presse nationale pour tirer un premier bilan de sa gouvernance. Pour l’essentiel, l’exercice a été plutôt bien réussi, même si ce n’est pas l’objet de ce présent papier. D’ailleurs, il n’y a que les politiciens (Apr, Bougane, Bocoum) qui ont eu une réaction négative à la suite de l’entretien.
Sur
le plan médiatique, il y a de quoi se réjouir de voir le chef de l’Etat
accorder sa première interview à la presse nationale. Il a même promis
que l’exercice va se renouveler de façon assez régulière. Espérons que
la promesse sera tenue, car des promesses de ce genre restées sans
suite, on en a connu avec le régime de Macky Sall.
On
a tendance à l’oublier, mais à ses débuts, Macky Sall avait accordé une
interview aux médias. Il avait choisi les patrons de presse. Ce qui
présageait déjà de ses relations avec ces derniers. Il s’était alors
engagé à faire face aux journalistes de son pays assez régulièrement.
Hélas, il n’a pas mis beaucoup de temps pour montrer son penchant pour
la presse étrangère, y compris sur des questions domestiques.
Cette
rencontre entre Diomaye Faye et la presse est donc un bon début, mais
le pari est loin d’être gagné. Espérons qu’il ne cédera pas aux sirènes
de la presse étrangère, celle parisienne en particulier. Ayons également
l’honnêteté de reconnaître qu’il ne peut pas ne pas parler à la presse
étrangère.
Il
reste tout de même deux paris à gagner. D’abord amener le président à
accorder une interview exclusive à un média, mais aussi le déplacer sur
le plateau d’une télévision pour un face à face avec un journaliste,
deux au maximum. Ce que nous constatons, c’est que nos présidents sont
prêts à faire face à un seul journaliste étranger, parfois sur le
plateau d’une télé ou le studio d’une radio. Mais lorsqu’il s’agit de la
presse nationale, ils pensent qu’il faut plusieurs journalistes en
face. De plus, aucun d’eux n’a jamais fait un déplacement sur un plateau
de télévision pour une interview. Il faut donc briser cette glace, cet
esprit de roi ou d’empereur de nos présidents.
Maintenant,
il faut aussi de la rigueur et de l’impartialité dans la sélection des
médias devant interviewer le président. Lors de la dernière interview de
Macky Sall, un groupe comme Gfm, a été zappé, malgré son poids et
Emédia était présent. Cette fois-ci, Emédia est zappé au profit de Gfm
et Walf fait son retour.
Pour
la presse en ligne, le choix de sans limites ne devrait pas poser de
problème pour un média qui compte plus d’un million d’abonnés.
Seulement, on a vu ce site faire deux gâteaux pour souhaiter joyeux
anniversaire à Ousmane Sonko, avec en plus des termes qui indiquent
l’affection. « Joyeux anniversaire à notre Premier ministre national… »,
lit-on sur l’un des gâteaux posé sous la table. Espérons que cette
webtv ne doit pas sa sélection uniquement à sa proximité avec le nouveau
régime.
Formater les futures agents de la Rts
D’ailleurs,
c’est dans ce même contexte qu’on apprend que Pape Alé Niang, le
nouveau DG de la Rts veut recruter au moins trois journalistes ou
chroniqueurs de Sanslimites parmi lesquels Pa Assane Seck. Des
confidences venues de la Rts indiquent même que Pape Alé veut que
l’émission Kinkéliba se fasse désormais en wolof. Ce qui n’agrée pas les
animateurs de l’émission. Lorsqu’on lui a fait comprendre que la
présentatrice ne parle pas wolof, il a répondu : je peux recruter
quelqu’un qui pourra le faire. Ce qui fait penser à ces potentielles
recrues devant venir de Sanslimites.
Comment
protéger alors la Rts contre un certain sensationnalisme des médias
privés, les webtv en particulier. Il ne faut surtout pas que la
télévision publique soit transformée en un dépotoir. Pas plus tard que
ce matin, j’ai entendu Pa Assane dire dans un média : ‘’kouma daggal,
dello naalako’’ (je rends la pareille à toute personne qui m’insulte).
En
fait, les internautes étant habitués à insulter ceux qui ont des
opinions contraires aux leurs, Pa Assane a cru bon de leur rendre, à
l’avance, toute insulte qu’ils seraient tentés de proférer à son
encontre. Voilà donc ce profil qu’on risque d’avoir à la Rts. C’est dire
que certaines futures recrues auront besoin d’un nouveau formatage
avant d’aller à l’antenne.