Marchés publics dans le secteur du BTP – Abdel Kader Ndiaye plaide pour la préférence nationale

Marchés publics dans le secteur du BTP – Abdel Kader Ndiaye plaide pour la préférence nationale

Le président du Syndicat National du Bâtiment et des Travaux Publics (SNBTP), Abdel Kader Ndiaye, plaidé pour l’octroi de marchés de Btp aux entreprises nationales en lieu et place des étrangers, qui ne sont pas plus compétents que les nationaux dans ce domaine. Il s’exprimait ce mardi à l’assemblée générale dudit syndicat dont le thème est : « Partenariat public privé, la préférence nationale en action ».

Le président a axé la première trame de son propos sur le bilan à l’actif de notre organisation même s’il reste à le  parfaire, de nombreux acquis peuvent être cités depuis sa création, il y a un quart de siècle.

Pour un bref rappel historique, la vie du syndicat a connu des mutations profondes caractérisées par des combats épiques qui ont été menés pour : l’émergence et le développement d’entreprises nationales en mesure d’absorber la demande de services de notre filière ; la promotion de la bonne gouvernance dans la commande publique marquée par l’adoption d’un nouveau code des marchés en 2007, qui a permis l’amorce de l’amélioration des procédures en matière de passation et d’exécution de la commande publique (codes objet des décrets 2007-547 à 2021-2023) ; l’amélioration du cadre juridique et institutionnel du partenariat public et privé avec les textes de lois (lois 2004-13, 2014-09 à 2021-23 relatifs aux contrats CET à PPP) ; l’élargissement du secteur privé à la représentation dans les structures de régulation ; la modification des cahiers de charges des grands donneurs d’ordre des secteurs public et privé pour éliminer les barrières d’entrée à l’encontre des entreprises sénégalaises ; la défense et l’assistance de nos membres en difficultés dans le cadre des recours juridictionnels et non juridictionnels ; la formation des jeunes aux métiers du BTP, leur insertion et leur accompagnement dans le monde du travail à travers nos entreprises et organismes partenaires ; la création d’un centre de formation du BTP (CSF-BTP à Diamniadio) ; l’appui au recouvrement des créances dues à nos entreprises auprès des grands donneurs d’ordres public et privé ; la promotion des services de conseils auprès des institutions consulaires et gouvernementales ; la représentation de notre secteur aux niveaux national et international ainsi que l’animation de la coopération internationale technique et économique ; la participation et l’animation des organes d’arbitrage, de conciliation, de médiation et de dialogue social ; les services d’assistance divers rendus à nos membres ;

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Quant à la deuxième trame concernant l’état réel du secteur, convenons ensemble que le BTP occupe une part importante dans l’économie nationale. Ainsi, depuis plusieurs années, il fait partie des locomotives de l’économie sénégalaise et son développement reste fortement arrimé à la croissance globale de notre économie.

Rien que la branche construction représentait 3% du PIB en 2018 et 12,3 % de la valeur ajoutée du secteur secondaire : il reste un secteur incontournable et son influence s’explique par les nombreux liens avec d’autres secteurs économiques connexes  à qui il offre de fortes consommations, particulièrement l’industrie.

L’Etat avec l’aide de ses partenaires au développement, constitue son plus gros client à travers ses grands donneurs d’ordre (agences) et acheteurs publiques qui absorbent plus de 50% de la commande publique.

Mais il faut avouer que cette embellie ne profite pas aux entreprises sénégalaises, et surtout à la pme / BTP.

Pour comprendre, je vous révèle que la part de marché cumulée moyenne des entreprises étrangères dans les marchés et immatriculés entre 2019 et 2021 équivaut ou  dépasse le budget national, en valeur.

Comme nous le constatons ensemble, les freins au développement des entreprises sénégalaises du secteur, et surtout de la pme restent liés aux conditions d’éligibilité et au système d’allotissement de la commande publique, surtout en matière de grands travaux.

Ce sont les raisons qui expliquent l’affaissement de  nos entreprises et les difficultés de développement du secteur privé malgré l’affichage des taux de croissance moyenne de 6,6%  publiés sur la période 2014-2018 et des taux de croissance respectifs du PIB réel estimés à 5,1% en 2020 et 6,1 % en 2021 ( source GOU / MEF).

Il est à préciser que le volume d’investissement cumulé de 9.685,7 milliards dans cette période a peu profité à l’entreprise sénégalaise.

Ce qui explique les difficultés de développement de notre secteur face en partie à des politiques qui ont généré une croissance extravertie (recueillir les témoignages directs d’entreprises.

Il faut aussi oser avouer que notre filière se caractérise par de nombreuses faiblesses, en l’occurrence : un cadre institutionnel désorganisé avec l’absence de dispositif de qualification et de classification des entreprises ; la prolifération d’organisations professionnelles ; la diversité des corps de métiers (bâtiments et travaux publics) ; une pléthore d’entreprises non qualifiées et de faibles capacités, caractérisée par des insuffisances en matière de formation ; un déficit de financement de l’activité remarquable par les difficultés d’accès au crédit et sa cherté ; les créances non recouvrées et les longs délais de paiement soulevés par les acteurs de tous sous secteurs confondus. Cependant cette plainte reste en contradiction avec les statistiques officielles publiées qui affichent le respect des délais contractuels de paiement par les autorités contractantes.

Face à cette réalité et ce diagnostic partagé leur attitude, dit-il, restera positive. Elle récuse le mur de lamentations pour s’ériger en force de propositions car le temps n’est plus aujourd’hui aux lamentations, plutôt à l’action.

Le thème de notre assemblée générale d’aujourd’hui porte sur « le partenariat public privé, la préférence nationale, en action ».

Ce choix constitue pour nous un prétexte pour prendre part activement aux débats de l’heure, à travers une démarche participative et un esprit de concertation, de dialogue serein et constructif.

En outre, il nous offre également l’opportunité de contribuer  positivement  à la réflexion sur les grands défis de notre développement, par la pertinence de notre force de proposition, que nous avons préférée au mur de lamentations.

Dans cette approche, troisième trame de notre communication, nos réflexions et orientations vont ouvrir la porte à notre imminent conférencier, le Pr Meissa Babou que le modérateur aura la charge de présenter avec brio.

A cet effet, pour amorcer la réflexion, nous pouvons affirmer que notre conception sur le partenariat repose sur les orientations ci-après : définir le statut de l’entreprise nationale, la première grande orientation, surtout de son contexte de promotion du contenu local ; relancer l’économie relance post covid en investissant effectivement dans le produire local, construire local et consommer local afin de promouvoir un véritable développement endogène ; donner la priorité à la formation à l’emploi des jeunes et des femmes : notre slogan :un jeune, un métier, un emploi; orienter l’économie vers la diversification et éviter l’emprise d’une économie de rente malgré notre nouveau statut de pays pétrolier et gazier ; relancer notre BTP avec le programme des 100.000 logements (une opportunité) en facilitant l’accès au foncier aux constructeurs et aux promoteurs.

Déjà un acte gouvernemental a été posé et qu’il faut saluer, en l’occurrence, la décision affectant le site de Mbour 4 aux promoteurs ; engager et valider en urgence les réformes foncières, d’une part en réservant exclusivement la terre aux nationaux, comme le font bon nombre de pays  et d’autre part en résolvant les difficultés réels d’accès au foncier économique ; proposer un pacte national sur l’utilisation de nos ressources qui va garantir que les richesses de notre pays profitent effectivement à nos entreprises et à nos ménages ; dans les domaines d’intervention où la compétence nationale est avérée, le recours à une compétence extérieure est à exclure ; rétablir le déséquilibre qu’il y a en matière de parts de marché en mettant en avant la préférence nationale et en réservant les ressources budgétaires aux entreprises communautaires, surtout à la pme, véritable moteur de la croissance endogène ;

Pour terminer, il a souligné que pendant ces dernières décennies l’entreprise communautaire a été laissée en rade par les politiques publiques qui l’ont noyée dans des situations critiques.

A ce sujet, il a affirmé que la souveraineté politique repose sur le socle de la souveraineté économique, qui ne saurait être sans un secteur privé national fort et soutenu dans son rôle fondamental de moteur et de fer de lance de notre développement économique et social. Il est heureux de constater et de saluer la prise de conscience de nos gouvernants qui inscrivent le développement du secteur privé national en priorité absolue dans les nouvelles politiques publiques.

Après ce pas décisif, il reste à mettre en œuvre cet engagement et ils seront à leurs cotés pour l’accomplissement, l’accompagnement et la concrétisation rassure-t-il.

Souare Mansour

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