Effacement fiscal non effectif : Les patrons de presse ont voulu anticiper

Effacement fiscal non effectif : Les patrons de presse ont voulu anticiper

La joie des patrons de presse a été de courte durée. Après avoir promis un effacement fiscal de 40 milliards au bénéfice des médias, Macky Sall est parti sans rien acter. Hier, le groupe D-média a été le premier à crier au harcèlement. « Depuis quelques jours, le Groupe Dmedia fait l’objet d’un harcèlement de la part des nouvelles autorités. Le dossier fiscal de Dmedia, bien que pendant devant la justice, a été rouvert par les services fiscaux réclamant sous huitaine le paiement de plus de 2 milliards sur la base d’une taxation d’office que la direction conteste par voie judiciaire ».

Après Bougane, c’est le tour de la patronne de 7 tv Maïmouna Ndour Faye qui affirme qu’elle a failli s’évanouir suite à une correspondance du Fisc. « Si le président avait pris toutes les dispositions en prenant le décret pour l’envoyer au ministère des finances afin que la dette soit effacée, Bassirou n’y pourrait rien », se lamente-t-elle. « C’est très regrettable. Toute la presse est aujourd’hui menacée, parce qu’il n’a pas pris un acte normatif. Un homme d’Etat comme lui ne doit pas faire des promesses qu’il ne tient pas », renchérit le président de Cedps, Mamadou Ibra Kane.
En réalité, le patronat de presse a su très tôt que Macky Sall n’avait pas matérialisé sa promesse. Le Cedps a d’ailleurs voulu anticiper pour éviter la situation d’aujourd’hui. « Nous savions que cette situation allait se présenter. C’est pourquoi nous avons introduit une demande d’audience depuis le 1er mai. Jusqu’à aujourd’hui, 29 mai, nous n’avons reçu aucune réponse. Le président n’a même pas eu la courtoisie de nous répondre », se désole le président du Cedps, Mamadou Ibra Kane, par ailleurs patron du groupe Africom, éditeur des quotidiens sportifs Stade et Sunu Lamb.
Le patronat voulait ainsi ‘’exposer’’ à Diomaye « la situation très critique des médias », espérant qu’il serait sensible au plaidoyer. Non seulement, le chef de l’Etat n’a pas donné une suite favorable, mais son discours en tant que candidat n’est pas du genre à rassurer les patrons de presse. « L’éponge fiscale accordée à la presse est une fausse solution aux problèmes car cela encourage les mêmes méthodes. Les patrons de presse ne doivent pas opter pour la facilité. Une infraction reste une infraction…On ne peut pas continuer à éponger la dette fiscale de la presse. C’est un encouragement de la fraude fiscale », objectait le candidat Diomaye qui pensait qu’il fallait des solutions à la fois légales et pérennes.
Pour Mamadou Ibra Kane, cette réaction de Diomaye Faye prouve la méconnaissance du secteur par l’actuel chef de l’Etat. « Il a une vision très étroite des médias. Il avait parlé en tant qu’opposant. Aujourd’hui, il doit enlever ses habits d’opposant et réfléchir pour l’intérêt du Sénégal », lui conseille-t-il. Le patron du Cedps regrette que tous les chefs d’Etat depuis Wade, en passant par Macky aient eu une vision étroite des médias qui fait que la presse est souvent vue comme un opposant. « Nos gouvernants ne comprennent pas le rôle des médias. Or, sans un accompagnement de la presse (vulgarisation de la vision et des programmes), aucun changement systémique n’est possible », prévient-il.
Ainsi, il invite les nouvelles autorités à rendre le secteur viable. Et pour cela, il propose une batterie de mesures comme l’adoption d’une fiscalité spécifique pour les médias, l’adoption de la loi sur l’accès à l’information, la révision du code de la presse, l’adoption de la loi sur la publicité ou encore un fonds de dotation financière et une bonification du taux de crédit qui passerait des 12 à 13% en vigueur à 5% comme dans le logement social ou l’élevage.   

Souare Mansour

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