Mali: la junte dissout l’association des étudiants du pays
La junte malienne a
annoncé mercredi la dissolution de l’Association des élèves et étudiants
du Mali (AEEM) qu’elle accuse d’être responsable de violences et
d’affrontements depuis plusieurs années dans le milieu scolaire, selon
un communiqué du Conseil des ministres consulté jeudi.
« Les
agissements en cause sèment des troubles au sein de l’espace scolaire
et universitaire et provoquent des perturbations des cours, des
assassinats, des meurtres et des destructions de biens publics et privés
par des manifestations violentes de rue et des ports illégaux d’armes »,
affirme le gouvernement.
Le
communiqué fait état d’affrontements armés « entre les différents clans
de ladite association » dont le dernier en date, le 28 février, a « causé
la mort d’un jeune étudiant (…) et plusieurs blessés graves ».
« Au regard de ces constats, l’Association des Élèves et Étudiants du Mali (AEEM) est dissoute ».
Au
Mali comme ailleurs, les organisations estudiantines sont souvent
considérées comme de potentiels foyers d’agitation politique. En 1991,
les étudiants avaient été à la pointe du combat pour la chute du général
Moussa Traoré, finalement renversé par un coup d’Etat mené par le
lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré.
Mercredi,
les Nations unies se sont dites « profondément préoccupées » par la
dissolution d’organisations de la société civile au Mali, et plus
largement par des « restrictions croissantes » aux droits humains et aux
libertés fondamentales.
Le
Haut-Commissariat aux droits de l’Homme mentionne notamment la
Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam
Mahmoud Dicko (CMAS), dont la dissolution a été annoncée le 6 mars, et
l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali.
L’imam
Mahmoud Dicko, une influente figure religieuse, est l’un des rares à
oser exprimer ouvertement ses désaccords avec les militaires au pouvoir
après en avoir été l’un des soutiens. Il est actuellement à l’étranger.
Le
Haut-Commissariat juge « essentiel » que les autorités protègent l’espace
civique et garantissent le plein respect des lois du Mali et qu’elles
se conforment à leurs obligations « en vertu du droit international et
régional en matière de droits humains ».
Le
Mali est en proie depuis 2012 à la propagation jihadiste et à une grave
crise non seulement sécuritaire, mais aussi politique et humanitaire.
Les
colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont opéré une
réorientation stratégique, rompu la vieille alliance avec l’ancienne
puissance dominante française et se sont tournés militairement et
politiquement vers la Russie.