L’Italie accueille un sommet pour l’Afrique pour y présenter son « new deal »
L’Italie accueille
lundi à Rome un sommet des dirigeants africains où la Première ministre
Giorgia Meloni doit dévoiler des accords énergétiques en échange d’une
coopération accrue en matière de migrations, une approche « d’égal à
égal » qui peine à convaincre ses détracteurs.
Enjeu
de cette conférence: le dévoilement du « plan Mattei », du nom d’Enrico
Mattei, fondateur de l’Eni (le géant énergétique public italien), qui,
dans les années 1950, préconisait un rapport de coopération avec les
pays africains, en les aidant à développer leurs ressources naturelles.
L’Italie,
qui préside cette année le G7, s’est engagée à faire du développement
de l’Afrique un thème central de son mandat, en partie pour accroître
son influence sur un continent où des puissances telles que la Chine, la
Russie, la Turquie, l’Inde et le Japon ont accru leur poids politique.
Des
représentants de plus de 25 pays sont attendus au Sénat, aux côtés des
représentants des agences des Nations unies, ainsi que d’institutions
internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque
mondiale et le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU.
Sont
notamment annoncés les présidents de la commission de l’Union
africaine, Moussa Faki Mahamat, de la Tunisie, Kais Saied, du Sénégal,
Macky Sall, mais aussi des Comores, de la République du Congo, de
l’Erythrée, du Ghana, du Kenya, de la Mauritanie, du Mozambique et du
Zimbabwe. D’autres, comme l’Algérie, le Tchad, l’Egypte et la RDC, ont
dépêché des ministres.
Ce
sommet se tient après le retrait de la Communauté économique des Etats
de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) du Burkina Faso, du Mali et du Niger,
où des militaires ont pris le pouvoir par la force.
Ces trois pays ne seront pas représentés au sommet de Rome, qui s’achèvera lundi soir.
Les
présidents des institutions européennes, Ursula von der Leyen
(Commission), Charles Michel (Conseil européen) et Roberta Metsola
(Parlement) sont également attendus.
Les
délégués ont commencé à arriver lundi matin, accueillis par le chef de
la diplomatie italienne, Antonio Tajani, puis par Giorgia Meloni, selon
des journalistes de l’AFP.
Rome
espère impliquer tous ces acteurs internationaux dans la mise en place
de son plan sur des axes de développement aussi variés que l’éducation,
les systèmes de santé ou l’eau.
Mais
des experts avancent que l’Italie pourrait avoir du mal à obtenir le
soutien de l’Union européenne qui a déjà présenté un plan d’aide à
l’Afrique de 150 milliards d’euros en 2022.
– Réadmission de migrants –
Arrivée
au pouvoir en 2022 sur un programme anti-migrants, la cheffe du
gouvernement italien espère faire de l’Italie un pont entre l’Europe et
l’Afrique, en assurant à la première de nouvelles voies
d’approvisionnement en ressources énergétiques et à la seconde des
investissements massifs.
Pour
le moment, le gouvernement italien, qui a réduit son aide bilatérale au
développement l’an dernier (hors Libye), a fléché 2,8 millions d’euros
par an entre 2024 et 2026 au titre du plan Mattei, dont on ne connaît
pas ni le montant ni les modalités.
En
réalité, selon le quotidien Corriere della Sera, Rome pourrait affecter
quatre milliards d’euros à ce plan au cours des cinq à sept prochaines
années, dans l’agro-industrie, le transport et les infrastructures – et
surtout l’énergie.
Mme
Meloni souhaite capitaliser sur la demande des autres pays européens
qui cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe à la suite de
l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février 2022.
La France et la Chine en 2021, puis la Russie en 2023, ont également organisé des sommets avec l’Afrique.
Une
quarantaine d’organisations de la société civile africaine ont dit
craindre que l’objectif de ce plan ne soit simplement « d’accroître
l’accès de l’Italie au gaz fossile africain au profit de l’Europe et de
renforcer le rôle des entreprises italiennes dans l’exploitation des
ressources naturelles et humaines de l’Afrique ».
A
l’échelle des migrations, le plan Mattei prévoit de s’attaquer aux
facteurs dits « incitatifs » et de persuader les pays d’origine de signer
des accords de réadmission pour les migrants déboutés.
Malgré
les engagements de la dirigeante italienne à stopper les bateaux en
provenance d’Afrique du Nord, les débarquements en Italie ont fortement
augmenté depuis son entrée en fonction, passant de quelque 105.000
migrants en 2022 à près de 158.000 en 2023.