L’Alliance des Etats du Sahel : Pour que la Cedeao cesse de se prendre pour Dieu le père
Le 16 septembre 2023
est pour certains une date historique. Qu’ils aient tort ou raison,
quelque chose d’assez inédit s’est produit ce jour-là. Assimi Goita, le
président de la Transition malienne a signé la Charte du Liptako-Gourma
avec ses frères d’armes du Burkina Faso (capitaine Ibrahim Traoré) et du
Niger (Abdourahmane Tiani).
Cet
acte créait de facto, l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Le but de
cette coalition, selon le colonel Goïta, est d’établir « une
architecture de défense collective et d’assistance mutuelle ».
« Toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs parties contractantes… »
La
Charte prévoit d’ailleurs en son article 6 que « toute atteinte à la
souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs parties
contractantes sera considérée comme une agression contre les autres
parties et engagera un devoir d’assistance et de secours de toutes les
parties, de manière individuelle ou collective, y compris l’emploi de la
force armée pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace
couvert par l’Alliance ».
Cette
disposition a permis de dissuader la Cedeao d’intervenir militairement
au Niger, estiment l’homme fort de Niamey Abdourahmane Tiani et le
Premier ministre malien Choguel Maiga.
Ce
dernier l’a encore fait savoir le samedi 25 novembre 2023, lors de la
cérémonie d’ouverture de la première rencontre ministérielle des pays
membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) à Bamako au Mali.
Cette
réunion a permis aux ministres de l’Économie de l’AES de mener des
réflexions sur le développement des échanges commerciaux, l’intégration
économique, la sécurité alimentaire, la transformation industrielle et
le financement au sein de l’Alliance.
Au
nombre des recommandations faites à l’issue des travaux, il y a la mise
en place d’un comité d’experts pour approfondir les réflexions sur une
véritable union économique et monétaire de l’AES. Les ministres ont
également suggéré la création d’un fonds de stabilisation et d’une
banque d’investissement de l’AES.
Une alternative à la BIDC
Quand
on sait que le Niger est durement frappé par les sanctions économiques
de la Cedeao, un Fonds de stabilisation, lui permettrait de se protéger
contre les baisses potentielles de revenus liées aux exportations de
matières premières. Par ailleurs, la mise en place d’une Banque
d’investissement, profitera aussi à Niamey et aux autres capitales de
l’Alliance.
Elle
va notamment permettre de financer les entreprises malienne, burkinabé
et nigérienne, et par ricochet, le développement de ces trois pays. Ce
serait déjà une alternative à la Banque d’investissement et de
développement de la Cedeao (BIDC).
Une compagnie aérienne commune ?
Il
est clair que les trois ministres de l’économie de l’AES sont décidés à
faire de cet espace une « zone de prospérité » comme l’indiquait le
Général Tiani lors de sa récente visite au Mali. Le média en ligne
« Sputnik », informe qu’ils ont même proposé la création d’une compagnie
aérienne commune et la réalisation des projets de centrale nucléaire
civile à vocation régionale.
Pour
rappel, le Burkina Faso, le Mali et le Niger comptent 80 millions
d’habitants sur une superficie de 2.800.000 km2. Le sous-sol de ces
trois pays regorge d’énormes ressources telles que le pétrole, le gaz,
l’or, l’uranium, le manganèse, le fer, le diamant et le charbon.