Mali: un bataillon hautement symbolique poussé à quitter son camp à Kidal
Un bataillon censé matérialiser la réconciliation, à nouveau révolue, entre acteurs armés dans le nord du Mali avec le soutien international a été poussé à quitter son camp mardi à Kidal, théâtre possible d’une confrontation militaire dans les prochaines semaines.
Le départ de ce bataillon a été rapporté par l’armée malienne, la rébellion qui vient de reprendre les armes contre l’armée et la mission de l’ONU Minusma.
Ce bataillon de l’armée
dite reconstituée intègre des éléments des forces qui se sont
combattues après le début de l’insurrection en 2012 jusqu’à un accord de
paix en 2015: soldats de l’armée, combattants de la rébellion
séparatiste à dominante touareg, hommes des groupes armés
pro-gouvernementaux.
Ce
bataillon manifestait l’effort de désarmement, démobilisation et
réinsertion (DDR) des anciens combattants, un des chapitres importants
de l’accord de paix.
L’arrivée
de quelques centaines de membres du bataillon reconstitué à Kidal en
février 2020, après des années d’absence de l’armée, avait été saluée
comme une avancée significative sur la voie de la paix dans un pays qui
reste en proie au jihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle.
Dans
les faits, Kidal, bastion de la rébellion séparatiste, est restée sous
le contrôle de cette dernière, malgré la présence d’un camp de l’armée
reconstituée et d’un autre de l’ONU.
Les
séparatistes viennent de reprendre les hostilités contre l’armée et
l’accord de 2015 est moribond. Une possible opération de l’armée se
profile à Kidal.
La
mission de l’ONU, poussée vers la sortie par la junte au pouvoir à
Bamako, doit libérer son camp à Kidal dans les prochaines semaines. La
rétrocession de ce camp pourrait donner lieu à des combats entre la
rébellion et l’armée pour le contrôle de l’emprise. Un important convoi
de l’armée s’est mis en branle la semaine passée en direction de Kidal,
dans la perspective de l’évacuation du camp onusien de Kidal et, plus au
nord, de ceux de Tessalit et d’Aguelhok.
La rébellion s’est livrée à des attaques contre la colonne, qui a progressé jusqu’à environ 110 km au sud de Kidal.
La
rébellion a indiqué dans un communiqué avoir « (encadré) le retrait
volontaire » du bataillon reconstitué, qui s’est déroulé « dans les
meilleures conditions en étroite collaboration avec la Minusma ».
Les éléments du bataillon reconstitué ont été accueillis au camp de la Minusma.
L’armée
a indiqué sur les réseaux sociaux que ce sont ses composantes et celles
des groupes pro-gouvernementaux au sein du bataillon reconstitué qui
ont quitté leur camp.
Il y avait 110 soldats de l’armée dans le bataillon, selon une source militaire.
Kidal
est un enjeu de souveraineté majeur, et son insoumission un vieux motif
d’irritation à Bamako, y compris pour la junte qui a pris le pouvoir
par la force en 2020. Les colonels ont fait du rétablissement du
contrôle de l’Etat sur tout le territoire un de leurs mantras.